500.000 Belges en incapacité de travail de longue durée!
Les causes sont multiples : report du départ à la retraite, stress, poids des charges ménagères, mais aussi ces maladies qui touchent en particulier certains ouvriers.
Comme les politiques de l’emploi ont restreint les possibilités de sortie anticipée du marché du travail, la population des salariés est de plus en plus âgée. Mais comme statistiquement la santé se détériore avec l’âge, le nombre de maladies explose. Et la politique de réintégration n’y change rien. Près d’un demi-million de Belges se trouvent désormais en incapacité de travail de longue durée. Et les entrées dans le système (+ 150 % en trois ans) continuent d’augmenter malgré la politique de réintégration.
C’est la Banque Nationale de Belgique qui a scanné, parmi les phénomènes les plus marquants de l’évolution récente du marché du travail belge, la croissance ininterrompue du nombre de personnes en incapacité de travail depuis au moins un an. Cette progression a dépassé 150 % entre 2000 et 2022. Au sein du seul régime salarié, quelque 285.000 femmes et 187.000 hommes étaient dans cette situation à la fin de l’année 2022.
Comment expliquer ces chiffres?
« En partie par des facteurs sociétaux, avance la Revue économique de la Banque Nationale. Bien que le niveau de santé moyen de la population s’améliore, le vieillissement de la population active conduit à une hausse du nombre d’entrants dans le système d’assurance maladie-invalidité. Du fait de l’évolution démographique et des politiques de l’emploi ayant restreint les possibilités de sortie anticipée du marché du travail, la population des salariés est de plus en plus âgée. Or, les indicateurs montrent de manière unanime que la santé se détériore avec l’âge. »
Le poids des charges ménagères
« La féminisation du marché du travail et le relèvement de l’âge de la pension des femmes au niveau de l’âge d’accès à la retraite des hommes ont aussi contribué à la progression du nombre de personnes en incapacité de travail, ajoute la BNB. Pour les femmes, la prévalence de problèmes de santé chroniques est plus élevée et la santé perçue moins bonne, en particulier durant la vie active. Ces constatations pourraient aussi en partie tenir au poids des charges ménagères qu’elles assument dans leur foyer. »
Quid de la réintégration ?
Les mesures d’aide à la réintégration sur le marché du travail sont certes de plus en plus utilisées. La formule la plus prisée est celle de la reprise partielle du travail, permettant une conciliation entre emploi et allocation réduite. Le salarié peut faire appel à un médecin du travail pour évaluer les possibilités de reprise partielle ou complète ainsi que l’adaptabilité de son poste. Cette assistance peut se matérialiser par une visite informelle préalable à la reprise ou par un processus plus structuré, le trajet de réintégration. Parallèlement, les services publics de l’emploi et leurs partenaires offrent des accompagnements et des formations aux individus qui ne peuvent ou ne souhaitent plus retourner chez leur employeur.
Mais la réintégration n’est pas suffisante pour accélérer les sorties du système d’assurance. La Belgique obtient des résultats particulièrement médiocres en termes d’inclusion sur le marché du travail des personnes malades de longue durée.
Comment l’expliquer ?
Selon la BNB, la décision de recourir à « des mesures de réintégration est souvent prise à un stade tardif, lorsque les chances de réinsertion professionnelle sont moindres. Qui plus est, après une absence prolongée pour cause de maladie, nombreux sont ceux qui choisissent de se diriger vers un nouvel employeur ou un nouveau métier, ou qui sont contraints de le faire. L’accompagnement et la formation proposés à cette fin par les services de l’emploi et leurs partenaires sont peu utilisés. » Il faudrait donc agir beaucoup plus tôt.
Les ouvriers plus touchés
Selon la BNB, « les tendances démographiques n’expliquent que partiellement la hausse récente des cas de maladie de longue durée. Les ouvriers sont plus susceptibles de tomber en incapacité que les employés. Cette probabilité d’absence est surtout élevée dans les entreprises qui ressortissent aux commissions paritaires des ouvriers : industrie, logistique et le transport, nettoyage, l’aide aux personnes, etc. Au sein du groupe des personnes en maladie de longue durée, ce sont ainsi les problèmes de santé mentale et les troubles musculo-squelettiques qui sont les plus représentés, avec 37 et 32 % respectivement. Pour la période 2016 à 2019, c’est l’augmentation des burn-out et des problèmes dus au stress, et dans une moindre mesure des troubles dépressifs, qui explique l’accroissement des personnes en incapacité de travail liée à la santé mentale. »
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