Pont du Musée © Archives photographiques namuroises

Grâce à ces photos, plongez dans l’intimité bourgeoise du Namur de l’entre-deux-guerres !

Redécouvertes en 2022, plus de 300 photographies illustrent le quotidien d’une famille bourgeoise de Namur entre 1928 et 1935. Elles font aujourd’hui l’objet d’une exposition, « Beaux dimanches namurois », aux Archives de l’Etat à Namur.

L’histoire de l’exposition « Beaux dimanches namurois », visible jusqu’au 23 août prochain aux Archives de l’Etat à Namur, est belle. Presque digne d’un roman. Elle débute durant l’été 2022, lorsqu’un homme apporte à la rédaction du journal local l’Avenir une vieille caisse en bois, emplie de plusieurs centaines de diapositives sur plaques de verre. Pour être plus précis, des diapos stéréoscopiques qui, au moyen d’un appareil adapté, permettent de voir les clichés en 3D. Cette personne ne sait pratiquement rien de ces photos, qu’elle a récupérées chez sa grand-mère, si ce n’est qu’elles datent des années 30 et que la plupart ont pour cadre la région de Namur. Elles sont alors confiées à l’asbl Archives photographiques namuroises, pour être scannées et mises en valeur.

C’est que les clichés montrent un certain savoir-faire : bien cadrés, correctement exposés et composés, ils s’avèrent agréables à l’œil et riches en informations. On y devine des promenades dominicales, des balades à vélo, des événements festifs, des scènes ménagères… C’est tout le quotidien d’une famille bourgeoise du Namur de l’entre-deux-guerres qui refait surface. Des instantanés d’autant plus intéressants qu’ils ne documentent pas la grande Histoire, mais l’intimité, le banal, toutes ces choses si communes qu’on en conserve habituellement peu de traces. Reste à retrouver le nom de cette famille, puisqu’il ne s’agit pas des ancêtres du déposant. Or, les indices s’avèrent bien maigres : tout au plus quelques prénoms griffonnés ci et là, ainsi que l’un ou l’autre lieux récurrents.

Le compositeur oublié

« Pour essayer de déterminer de qui il s’agit, il va falloir faire des recoupements à partir de ces prénoms et des maisons régulièrement visibles sur les photos », explique Jean-François Pacco, de l’asbl Archives photographiques namuroises. Bingo : de fils en aiguilles, des registres de naissance aux articles de journaux, les recherches remettent au jour un certain Eugène Guillaume, aujourd’hui oublié, mais autrefois compositeur célèbre, professeur au Conservatoire de Bruxelles, dont les œuvres sont à l’époque régulièrement diffusées en radio. La plupart des clichés sont présumés de sa main ou de celle de l’un de ses proches. L’enquête, de longue haleine, se poursuit durant des mois. Les lieux, les personnages sont petit à petit identifiés… et quelques petites énigmes restent encore à éclaircir.

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Le jeu en valait en tout cas la chandelle, offrant un nouveau regard sur un âge disparu, condensé dans l’exposition. « Les photos de Namur et de ses environs affichent une ville bourgeoise, dans une période de sérénité finalement assez peu photographiée », poursuit Jean-François Pacco. Bien avant l’apparition des banlieues, le passage de la ville à la campagne est alors brusque et très perceptible, tandis que sur les routes, les voitures sont encore rares. Un véritable éloge de la quiétude et d’une certaine lenteur ! Les diapos permettent en outre de se rendre compte que de nombreux quartiers du centre-ville n’ont pratiquement pas changé en un siècle, au contraire des villages environnants.

Comment on vivait

Au-delà des lieux, les photos fournissent surtout quantité d’informations sur de nombreux aspects de la vie quotidienne, mettant en scène une famille raisonnablement aisée dans l’air de son temps, que ce soit via son habillement – les étudiants ne sortent jamais sans leur casquette ou leur calotte, ni les femmes sans leur chapeau cloche – ou ses activités – les promenades à bicyclette ou les parties de tennis, qui se démocratisent alors quelque peu. L’aspect très clanique des familles d’alors est aussi bien perceptible : les loisirs se vivent avant tout entre cousins, avec les oncles, les tantes… En arrière-plan, les plaques de verre affichent des scènes aujourd’hui disparues : chevaux de halage, marchés aux bestiaux, régates nautiques…

L’exposition permet enfin de découvrir l’une ou l’autre scène d’intérieur. A défaut d’être toujours très belles – il n’était alors pas facile de prendre des photos à l’intérieur des maisons, traditionnellement assez sombre, d’où leur rareté – ces clichés permettent de se transporter au plus près de l’intimité de la famille Guillaume et de leurs proches. Eugène lui-même n’hésite pas à se mettre en scène, avec femme et enfants, mangeant sa soupe, jouant avec son canari ou écoutant la TSF, parfois même en pyjama ou en tenue d’intérieur.

Autant de tranches de vie qui, l’espace d’une petite heure et d’une centaine de clichés, transportent le visiteur au temps des « Beaux dimanches namurois ». Allez-y : le voyage s’avère plaisant.

Plus d’infos : Beaux dimanches namurois, Archives de l’État, 41 boulevard Cauchy. Du 17 mai au 23 août.

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