Coxyde : descendez la Côte à vélo !
À la belle saison, tous les dimanches, Coxyde organise des safaris-vélo. L’occasion de découvrir son arrière-pays dans une ambiance bon enfant !
Un guide a dit un jour que la meilleure façon de découvrir une région était de le faire à vélo : pédaler permet de couvrir une grande superficie, sans pour autant « se couper » des environnements traversés. Si l’affirmation mérite évidemment quelques nuances (tout le monde n’a pas les mollets de Wout Van Aert et rouler à Bruxelles n’a par exemple rien de très folichon), elle est tout à fait vraie en ce qui concerne la Côte belge. Mouliner du pédalier permet de s’éloigner un peu du sempiternel cordon de plages et de digues, pour découvrir un tout autre visage du littoral.
Coxyde/Oostduinkerke organise d’ailleurs depuis l’an passé des safaris-vélo chaque été. Le concept ? Évidemment, ici, pas de fauves ni de pachydermes à l’horizon – même s’il n’est pas impossible de croiser la frimousse d’un phoque ou d’un shetland. L’idée est de s’offrir une balade guidée décontractée, sur une vingtaine de kilomètres, oscillant entre nature et patrimoine. Par rapport à une promenade balisée, le « safari » offre une certaine souplesse et un charme bien à lui : si l’itinéraire global est bien défini, le guide n’hésitera pas à y apporter une petite variante suivant les intérêts de son public ou les périodes de floraison, surtout si vous avez la chance d’être en petit comité. Tantôt, il s’agira d’aller observer les pétales bleu intense du panicaut des dunes, de goûter les baies orange de l’argousier, tantôt de faire un arrêt dans un estaminet typique ou un paisible cimetière militaire britannique de 14-18, insoupçonné car en retrait de la chaussée… Le tout, parsemé de petites anecdotes dispensées ci et là, que ne remplaceront jamais les applications ou les guides papier.
Le canal Furnes-Nieuport.
La Vanneuvillehuis, devenue musée consacré à Walter Vilain.
360° sur les dunes
La promenade débute au centre d’éducation à la nature du Duinenhuis. Un bâtiment typique des années 30, perdu au milieu des dunes. Ancien sanatorium pour enfants, le lieu est désormais devenu un passage obligé pour les nombreuses classes de mer organisées dans la région. En cette saison, le risque est plus ou moins nul d’être englouti sous des cohortes bousculantes de bambins hurlants (on a beau les aimer, en groupe, ils sont redoutables !) : profitez-en pour grimper jusqu’au toit-terrasse, offrant un panorama à couper le souffle sur les dunes herbeuses environnantes. On a déjà vu pire, comme entrée en la matière.
Mouliner du pédalier permet de s’éloigner un peu du sempiternel cordon de plages et de digues, pour découvrir une autre facette du littoral.
Autant enchérir directement avec l’un de nos coups de cœur de cette promenade. En quelques coups de pédales, nous voilà arrivés à l’église Notre-Dame-des-Dunes, aussi connue sous le nom de « la cathédrale de lumière ». Une expérience en soi, presque mystique, surtout si le soleil est de la partie. « De l’extérieur, le bâtiment a été conçu pour avoir la forme d’un coquillage, explique mon guide Rudy. Mais c’est à l’intérieur qu’elle est surtout intéressante. » Poussez la porte : depuis les immenses vitraux s’écoulent quantité de points de lumière colorée, offrant un parfait contrepoint à la sobriété aérienne des murs de béton. L’atmosphère s’en ressent, c’est beau, calme, apaisant.
La cabane du pêcheur
Autour de l’église subsistent l’une ou l’autre vieille maison de pêcheur. De petite bâtisses courtaudes, ramassées pour offrir peu de prises au vent, et finalement éloignées du bord de mer. C’est que, pour subsister, la plupart des pêcheurs de jadis ne pouvaient se contenter de lancer leurs filets : il leur fallait aussi cultiver un petit lopin de terre une fois rentrés au port. Pour la petite histoire, l’auteur de la BD « Gil et Jo » (« Jommeke » en version originale) a passé une partie de son enfance dans une de ces maisons, classée pour l’occasion.
Il est désormais temps de s’enfoncer à l’intérieur des terres, en prenant la direction de Coxyde dorp, le village historique de Coxyde, situé quelques kilomètres en retrait des flots. Il est séparé de Coxyde-les-bains par la petite réserve naturelle de Noordduinen, où la végétation est régulée par des ânes en semi-liberté. Les lieux abritent également, caché derrière les dunes, la Vanneuvillehuis, un petit musée consacré au peintre abstrait Walter Vilain (1938-2018). Si vous pensiez avoir fait tour des artistes liés à Coxyde, Georges Grard et Paul Delvaux en tête, voilà de quoi relancer quelque peu la machine !
Autour de la Duinenhuis.
Des œuvres d’art égaient le golf ter Hille.
Un cimetière britannique de 14-18, bien caché aux abords de Coxyde.
Le long du canal
Tandis que la côte s’éloigne, l’ambiance de station balnéaire s’estompe peu à peu, au profit de paysages plus bucoliques. Le quartier du Wulpen est traversé par un canal arboré reliant Furnes à Nieuport, qu’il est d’ailleurs possible de parcourir en petit bateau électrique. Pour louer son embarcation, il suffit de passer la porte d’un petit estaminet à l’allure rustique, en bord d’écluse : « De wielrijdersrust ». « Le repos du cycliste », ça ne s’invente pas, est d’ailleurs le spot idéal pour poser pied à terre et prendre un verre. Peut-être y croiserez-vous, avec un peu de chance, une figure bien connue de la scène musicale belge : Ozark Henri a son studio juste en face…
Après une quinzaine de kilomètres avalés sans réel effort, la boucle est presque bouclée. Il est temps de revenir vers le bord de mer, via le Hannecartbos, un petit bois créé de toute pièce au siècle dernier pour devenir réserve de chasse. L’idée n’était alors pas de créer un biotope de valeur : seules des espèces à croissance rapide ont été plantées. Récupéré par la ville et transformé en réserve naturelle, le bois accueille désormais de nouvelles essences, bordées de prés dunaires dans lesquels paissent des poneys shetland. Il s’agit là de la dernière étape avant le point culminant de la promenade, au sens littéral : avec ses 33 mètres d’altitude, le Hoge Blekker est la plus haute dune de toute la côte belge. On remerciera au passage le vélo électrique, qui nous aura bien aidé à grimper cette ultime montée ! La seule, pour être tout à fait honnête… ●
Infos : https://www.duinenhuiskoksijde.be/nl/fietssafari. Activité proposée tous les dimanches d’été. Pour un descriptif détaillé et l’adresse des lieux mentionnés dans l’article : www.visitkoksijde.be
Golf et plus si affinités
À proximité du canal Furnes-Nieuport, le golf ter Hille offre quelques belles particularités : conçu pour avoir un impact écologique favorable, avec une gestion raisonnée de l’eau, de la végétation et de nombreux nichoirs à oiseaux, il a surtout pour ambition de rendre ce sport plus accessible à tous, le long de deux parcours émaillés d’œuvres d’art, autour d’une ferme dont l’origine remonte au XIIIe siècle. Si le safari-vélo ne fait que longer les lieux, n’hésitez pas à y faire un tour par la suite, pour jouer ou prendre un verre : l’ambiance s’y veut résolument décontractée (évitez quand même la combinaison tongs-short de plage) et des initiations sont proposées aux néophytes.
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