Les solutions contre les ballonnements
Lors de la digestion, le corps humain produit naturellement des gaz. Chez certains, ils provoquent des ballonnements aussi gênants qu’inconfortables.
Les ballonnements, qu’ils soient associés ou non à des flatulences, des gargouillements ou même à un ventre gonflé, sont un phénomène très courant. Les causes sous-jacentes sont diverses et permettent de déterminer la meilleure façon de prévenir ou de traiter ces troubles. Le Pr Heiko De Schepper (UZ Antwerpen) nous propose ses solutions.
D’où viennent les gaz à l’origine des ballonnements ?
Lorsque nous mangeons, les intestins ne se contentent pas d’absorber les nutriments. Ce qui reste des aliments est décomposé par les bactéries intestinales et ce processus libère des gaz. La composition des bactéries intestinales, combinée à ce que vous mangez et à la manière dont vous le digérez, détermine la quantité de gaz et leur odeur. Une partie de ces gaz se dissout naturellement dans le corps, tandis que le reste est évacué par les flatulences que nous émettons.
L’air que nous avalons en mangeant peut également être à l’origine de gaz. Parfois, les ballonnements s’accompagnent de flatulences, de douleurs abdominales ou de crampes. Dans la plupart des cas, les ballonnements ne sont pas très préoccupants, mais il y a des exceptions. (voir encadré)
L’alimentation est-elle souvent à l’origine du problème ?
Certains aliments sont connus pour favoriser les gaz. Les oignons, les haricots, l’ail et le lait de vache, par exemple. De nombreux glucides sont connus pour produire ces effets, en particulier les FODMAP, un terme qui désigne les sucres difficiles à digérer présents dans un vaste groupe d’aliments tels que les produits céréaliers et laitiers, les légumineuses et un grand nombre de fruits et de légumes. Comme ils pénètrent dans le gros intestin sans être digérés, les bactéries intestinales peuvent produire beaucoup de gaz lorsqu’elles les transforment.
Si vous consommez plus de FODMAP que ce que vos intestins peuvent supporter, vous risquez de développer des symptômes. Les personnes souffrant du syndrome du côlon irritable (SCI) réagissent plus rapidement à ce phénomène et ressentent les ballonnements de l’intestin comme beaucoup plus douloureux. Le traitement du syndrome du côlon irritable commence ainsi souvent par l’élimination des FODMAP afin de vérifier ce que vous pouvez tolérer.
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Les gaz peuvent-ils indiquer une intolérance alimentaire ?
Si ces ballonnements surviennent systématiquement lorsque vous consommez certains aliments, ils peuvent être liés à une intolérance alimentaire. Certaines substances ne pouvant être digérées normalement se retrouvent au contact des bactéries intestinales où elles fermentent et produisent des gaz. Un exemple bien connu est l’intolérance au lactose : l’organisme ne digère pas les produits laitiers et réagit à ceux-ci, entraînant ballonnements et douleurs. Vous pouvez y remédier en limitant votre consommation de produits laitiers ou en utilisant des alternatives. Dans le cas de la maladie cœliaque ou de l’intolérance au gluten, ces symptômes se manifestent également au contact du gluten, mais la raison sous-jacente est différente de celle d’une intolérance classique. En effet, la maladie cœliaque est une maladie auto-immune : le corps crée une inflammation inutile qui endommage la paroi intestinale et rend l’absorption des aliments plus difficile. Vous pourrez y remédier en supprimant le gluten de votre alimentation.
Certains types de bactéries intestinales produisent-ils plus de gaz et peut-on y faire quelque chose ?
Il existe de nombreuses indications que certaines bactéries intestinales produisent plus de gaz que d’autres, mais pour l’instant, on ne sait pas exactement quels types sont les plus souhaitables ni comment faire en sorte que les bactéries intestinales produisent moins de gaz. La chose la plus importante que vous puissiez faire pour votre microbiome est d’adopter un mode de vie sain. C’est beaucoup plus efficace que de prendre des pro- ou prébiotiques ou des compléments de toutes sortes. En mangeant des aliments aussi variés que possible, en limitant les glucides rapides et les graisses saturées, et en ne fumant pas, vous pouvez orienter la composition de votre microbiome et ressentir moins de symptômes.
Des compléments alimentaires ou des médicaments peuvent-ils empêcher les gaz ?
Parmi tout l’arsenal de compléments utilisés contre les ballonnements, presque rien n’a été scientifiquement prouvé. En cas de symptômes récurrents ou persistants, on utilise parfois des médicaments tels que la siméticone, qui combat l’accumulation de bulles de gaz. Cela fonctionne, mais il est plus efficace à long terme de modifier ses habitudes alimentaires sous la supervision d’un diététicien.
Vos habitudes alimentaires et votre façon de manger sont-elles déterminantes ?
Aspirer un peu d’air en mangeant est inévitable, mais certaines personnes en absorbent trop. On parle alors d’aérophagie, une véritable maladie. En prenant son temps pour manger, en mâchant suffisamment, en limitant les boissons gazeuses et en ne parlant pas (trop) pendant le repas, on peut déjà réduire fortement la quantité d’air aspirée. Le chewing-gum, sans sucre, est plus à même de contrer les gaz, car il stimule la motilité de l’intestin et active le système gastro-intestinal.
Si vous prenez l’habitude de retenir des gaz, votre corps désapprendra que c’est la façon normale de les évacuer.
Les promenades après le repas sont-elles bénéfiques pour éviter les ballonnements ?
Marcher ou faire de l’exercice active le système gastro-intestinal et crée plus de mouvement dans les intestins, poussant les gaz de manière plus fluide vers la sortie. Et comme vous êtes en plein-air, vous êtes donc moins gêné de lâcher un vent. Plus vous retenez vos gaz, plus vous vous sentirez ballonné. Si cela devient une habitude, votre corps désapprendra que c’est la façon normale de les évacuer. Vous aurez alors du mal à détendre votre corps, à vous soulager aux toilettes et à contrôler correctement votre plancher pelvien. Mais se retenir de temps en temps lorsque la situation l’exige n’est bien sûr pas dramatique. Certains craignent d’accumuler les déchets et de s’empoisonner, mais cela n’a aucun fondement.
Quel est le rôle de la constipation ?
Si vous souffrez régulièrement de constipation, cela favorise certainement les gaz et les ballonnements. Plus les selles s’accumulent, plus elles sont fermentées par les bactéries intestinales, ce qui entraîne des gaz supplémentaires qui ne sont pas éliminés. La qualité du transit intestinal influe également sur les flatulences. Vous pouvez les prévenir en veillant à un apport suffisant en fibres et en buvant suffisamment d’eau (1,5 à 2 litres). Un verre d’eau tiède au petit-déjeuner est un premier geste pour stimuler votre transit intestinal.
Les échanges cerveau-intestin sont nombreux en cas de stress. Celui-ci peut-il également donner des ballonnements ?
Le stress est à l’origine de toutes sortes de troubles intestinaux. Tout le monde a probablement déjà eu les intestins noués ou des nausées juste avant un examen ou un entretien d’embauche. Chez les personnes souffrant du syndrome du côlon irritable, de la maladie de Crohn ou de la colite ulcéreuse (inflammation du côlon avec formation d’ulcères), le stress peut encore accroître la sensibilité intestinale. Par ailleurs, nous savons également que le stress chronique peut entraîner une surcharge des muscles comme le diaphragme, qui se situe entre le thorax et l’abdomen. Chez de nombreuses personnes se plaignant de ballonnements, le diaphragme est étiré presque continuellement. Cela pousse le contenu de l’abdomen vers l’avant, provoquant ainsi des ballonnements sans pour autant parler d’une accumulation de gaz. Comme ce muscle se contracte inconsciemment, on ne le remarque généralement pas. La thérapie respiratoire permet de résoudre ce problème en pratiquant la respiration abdominale pour ramener le muscle du diaphragme au repos. D’ailleurs, d’autres méthodes de relaxation telles que le yoga, la psychothérapie, etc. sont également utilisées pour assurer un meilleur fonctionnement des intestins et éviter qu’ils ne deviennent hypersensibles.
Pourquoi avons-nous souvent des ballonnements quand nous sommes en avion ?
Lorsqu’un avion s’élève dans les airs et que la pression de la cabine diminue, la quantité de gaz se dilate. Il en va de même pour les emballages en plastique, par exemple. Cependant, je pense que ce sont surtout d’autres facteurs qui jouent un rôle. La constipation du voyageur due à un stress passager, aux toilettes pas toujours disponibles, aux nombreuses attentes et au fait de manger à d’autres moments est probablement une cause plus importante. De plus, vous restez longtemps immobile sur un siège exigu, entouré d’inconnus. Ce n’est pas vraiment l’environnement idéal pour expulser des gaz. Vous pouvez y remédier dans une certaine mesure en évitant les aliments qui vous donnent des gaz la veille et le jour de votre départ et en vous hydratant suffisamment (eau, pas de café ni d’alcool). Si possible, essayez de faire un peu d’exercice pendant le vol. La respiration abdominale peut également aider à détendre les intestins.
Quand faut-il consulter un médecin?
• Si les ballonnements s’accompagnent de douleurs et que le gonflement augmente jour après jour au lieu de fluctuer. Cela peut être un signe d’obstruction intestinale.
• Si vous maigrissez sans cause identifiable.
• En cas de sang dans les selles.
• Si vous souffrez de ballonnements pendant une durée supérieure à quelques semaines.
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