Aliments enrichis, le meilleur dans votre assiette
Margarines aux phytostérols, yaourts aux probiotiques, céréales avec enrichies en vitamines et minéraux: les aliments fonctionnels ont envahi les supermarchés. Que valent-ils vraiment?
Il y a les aliments plaisir mais sans grand intérêt nutritionnel, les aliments bons pour la santé et puis les aliments «très» bons pour la santé, qui contiennent des nutriments capables d’influencer certains paramètres spécifiques. Il peut s’agir d’aliments naturels contenant certaines molécules actives ou d’aliments industriels artificiellement enrichis en composés appelés nutraceutiques ou nutriceutiques. «Je préfère le terme d’aliments fonctionnels à celui d’alicaments qui peut prêter à confusion, précise Aude Dillis, diététicienne et maître assistante à la Haute école Lucia de Brouckère. Même fonctionnel, un aliment ne va pas guérir. Les maladies ont des causes multifactorielles: l’alimentation peut être une aide quand on est malade mais elle ne va pas enrayer la maladie. C’est d’ailleurs pour cette raison que la législation encadre de manière très précise la formulation des allégations de santé. L’industrie peut avancer qu’un produit est «bon pour la santé osseuse» mais pas qu’il «prévient l’ostéoporose». »
Pas indispensables
Pour la spécialiste, lorsque l’alimentation est très équilibrée, on peut aisément se passer de produits «enrichis». «Il existe de nombreux aliments riches en nutriments, naturellement. Mais dans les faits, on sait que de nombreux Belges n’ont pas une alimentation parfaitement équilibrée et n’en consomment donc pas assez.» Certains aliments enrichis fonctionnels peuvent donc présenter un intérêt, même si celui-ci demeure limité. «Le revers de la médaille, c’est que pour stabiliser un nutriment, il faut souvent ajouter un additif donc ça reste des produits transformés, commente Aude Dillis. Sans compter le paradoxe qu’aujourd’hui, des céréales petit-déjeuner pleines de sucres sont enrichies en X vitamines et X minéraux... Le consommateur ne sait donc plus toujours comment se positionner.»
Equilibrer son alimentation
Pour bénéficier au maximum des effets santé des aliments, il est conseillé de suivre en priorité les recommandations du Conseil Supérieur de la Santé: une consommation quotidienne de 125 g de produits céréaliers complets, de 250 g de fruits, de 300 g de légumes et de 15 à 25 g de fruits à coque ou de graines (sans enrobage, sel ou sucre ajoutés), mais aussi une consommation au moins une fois par semaine de légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots blancs...). De quoi avoir suffisamment d’apports en nutriments essentiels et notamment en fibres, dont on sait qu’elles contribuent à une meilleure flore intestinale «et donc à un meilleur système immunitaire», précise Aude Dillis.
L’intestin contient en effet quelque 70 % de nos cellules immunes (anticorps). Or les infections, le stress, une maladie chronique, la prise d’antibiotiques ou une alimentation déséquilibrée peuvent mettre à mal ce réservoir de défenses naturelles! D’où le succès des yaourts et produits laitiers à boire enrichis en probiotiques, des micro-organismes qui favorisent la croissance des bonnes bactéries dans la flore intestinale. «Je conseille parfois les produits de type Yakult, mais davantage pour des raisons de confort digestif, en particulier chez les personnes qui ont des problèmes de constipation», précise encore Aude Dillis. Rappelons que dans tous les cas, les probiotiques sont incapables de coloniser l’intestin, c’est-à-dire de s’y installer. Ils cessent donc d’être présents dans notre corps dès qu’on arrête de les prendre...
Les phytostérols
Les produits enrichis en phytostérols comme la margarine, la vinaigrette ou les yaourts anticholestérol ont envahi les rayons des supermarchés depuis les années 90. De par leur structure très similaire au cholestérol alimentaire, ces composants d’origine végétale ont en effet la capacité de prendre la place du cholestérol dans l’intestin et d’entraver ainsi son absorption par l’organisme. Mais selon les dernières données de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), ces produits n’ont qu’une efficacité limitée... Certes, les phytostérols contribuent à baisser la teneur du sang en lipoprotéines LDL (le «mauvais cholestérol») mais l’Anses souligne que ces résultats sont modestes (taux diminué d’environ 10%), limités dans le temps et très variables d’un sujet à l’autre. Surtout, aucune étude n’a permis de démontrer que la consommation de ces produits induisait une baisse des maladies ou de la mortalité cardiovasculaires. Il n’est d’ailleurs pas exclu que ces produits puissent avoir l’effet inverse chez certaines personnes. Ces produits sont par ailleurs contre-indiqués chez les femmes enceintes, allaitantes et les enfants.
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