Le dépistage du cancer du col de l’utérus va bientôt changer
À partir du 1er janvier, les femmes âgées de 30 à 64 ans ne seront plus invitées que tous les cinq ans pour le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. Cela s’explique par le remplacement de l’examen cytologique (frottis) par un test détectant la présence du virus HPV, principal facteur responsable de ce cancer.
Jusqu’à présent, il était recommandé à cette tranche d’âge d’effectuer un frottis entièrement remboursé tous les trois ans, avec une invitation envoyée si la démarche n’était pas initiée spontanément. Cette modification repose sur de nouvelles preuves scientifiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE), le dépistage de l’HPV (papillomavirus) est plus efficace et économique que la cytologie utilisée jusqu’ici. Toutefois, pour les femmes âgées de 25 à 29 ans, le test cytologique triennal reste en vigueur.
Changement au niveau des laboratoires
Pour les femmes, peu de choses changent en pratique, car le prélèvement nécessaire pour le test HPV est identique à celui du frottis cytologique: le gynécologue ou le médecin généraliste recueille des cellules et du mucus à la surface du col de l’utérus. La principale différence réside dans l’intervalle entre les tests, qui passe à cinq ans.
« La grande nouveauté se situe dans les laboratoires, où les cellules prélevées sont désormais analysées par un test PCR pour détecter le virus HPV, au lieu de rechercher la présence de cellules précancéreuses anormales », explique le Dr Patrick Martens, directeur du Centre de dépistage du cancer.
Une méthode plus sensible
D’après plusieurs analyses, le test HPV est plus précis et sensible, ce qui réduit considérablement les faux négatifs. Il détecte directement l’ADN du virus HPV, principale cause du cancer du col de l’utérus. À l’inverse, l’examen cytologique cherche les cellules précancéreuses au microscope, mais peut donner un faux négatif si les cellules irritées ne sont pas présentes dans l’échantillon.
De plus, le test HPV identifie la cause de l’irritation cellulaire et permet une intervention à un stade plus précoce. Cela justifie l’extension à cinq ans entre deux tests successifs.
Suivi différencié
Le suivi après un test HPV positif devient également plus standardisé. Si les types 16 ou 18 du HPV, à très haut risque, sont détectés, la femme est directement orientée vers une colposcopie. Cet examen permet d’observer les tissus du col de l’utérus à l’aide d’un microscope et de traiter les anomalies localement.
Pour d’autres types à haut risque, un examen cytologique sera réalisé à partir du même échantillon. Si ce test est normal, un nouveau dépistage HPV sera effectué un an plus tard pour vérifier si l’infection persiste.
La prise en charge des lésions précancéreuses reste très efficace et entraîne peu d’effets secondaires. Dans les cas les plus graves, le tissu lésé est excisé, ce qui garantit une guérison complète. À des stades plus avancés, les traitements sont bien plus lourds et les chances de survie diminuent.
Résultats accessibles
Le Centre de dépistage du cancer, qui organise ce programme, transmettra systématiquement les résultats au médecin généraliste. D’ici 2025, il sera aussi possible de consulter ces données directement sur masanté.be.
En Wallonie et ailleurs
En Wallonie et à Bruxelles, un frottis et un test HPV seront remboursés tous les cinq ans. Cependant, il n’y aura pas d’invitation individuelle ni de transmission systématique des résultats. La sensibilisation sera menée via les médecins.
En Flandre, par contre toutes les femmes recevront désormais une invitation par courrier pour réaliser un test HPV, chez leur généraliste ou leur gynécologue. Une étude est également en cours sur l’utilisation de tests d’auto-prélèvement ou d’urine pour dépister l’HPV, des méthodes similaires aux tests de dépistage du cancer colorectal.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici