Vers un dépistage personnalisé du cancer du sein
Dans notre pays, toutes les femmes âgées de 50 à 69 ans reçoivent tous les deux ans une invitation au dépistage du cancer du sein. Mais tout le monde ne court pas le même risque. Notamment les femmes avec un tissu mammaire dense, qui sont souvent dépistées plus tardivement. D’où l’intérêt grandissant pour une approche plus personnalisée.
L’utilité de ce dépistage général du cancer du sein fait l’objet d’un débat international depuis un certain temps. De plus en plus d’experts semblent en effet séduits par une approche sur mesure, en raison des nombreux avantages mis en avant dans de récentes études. Pour évaluer l’importance des différents facteurs de risque du cancer du sein, une équipe de médecins espagnols et norvégiens a mené une étude sur quelque 57.000 patientes examinées dans quatre régions de la Norvège, dans le cadre d’un dépistage du cancer du sein.
Ce dépistage national de la population norvégienne est quelque peu similaire à l’approche adoptée dans notre pays. Les chercheurs ont analysé divers paramètres tels que la densité des tissus de la glande mammaire, les antécédents familiaux de cancer du sein, l’âge de la ménopause, l’IMC, etc. Sur la base des informations relatives à ces paramètres, ils ont déterminé le risque absolu de cancer du sein auquel une personne était exposée. Dans ce modèle, la densité du tissu de la glande mammaire, en particulier, s’est avérée être le facteur de risque relatif le plus important (+71%), suivie par des antécédents personnels de maladie bénigne des seins. À l’inverse, les chercheurs ont également noté que l’activité physique avait un impact bénéfique très important. Ceux qui étaient actifs pendant plus de quatre heures par semaine pouvaient voir leur risque de cancer réduit d’environ 35%. Les chercheurs norvégiens et espagnols estiment que leur modèle de dépistage se prête à un dépistage plus personnalisé, les femmes devant suivre plus ou moins d’examens en fonction de leur profil de risque.
Étude internationale
Dans notre pays également, certains centres participent depuis deux ans à une étude internationale sur le dépistage personnalisé du cancer du sein. Le dépistage actuel de la population est loin de toucher toutes les femmes du groupe cible. En Flandre, 1 femme sur 2 bénéficie d’un dépistage régulier dans le cadre ou en dehors du programme de dépistage de la population. En Wallonie et à Bruxelles, les chiffres sont beaucoup plus bas. Outre la fréquence et la régularité, le dépistage lui-même pourrait être plus précis pour détecter davantage de tumeurs à un stade précoce.
« Nous évoluons certainement vers un dépistage plus sélectif en fonction du profil de risque », déclare le Dr Véronique Le Ray de la Fondation contre le cancer. « Une étude internationale à grande échelle, mypebs.eu, est actuellement en cours à ce sujet, impliquant quelque 85.000 femmes de 6 pays de l’UE âgées de 40 à 70 ans. 10 000 femmes belges sont également concernées. Cette étude, qui durera quatre ans, comparera le dépistage standard – qui consiste à prendre deux clichés mammographiques des seins de chaque femme – avec une approche plus personnalisée, adaptée à votre profil de risque. Pour ce faire, ce deuxième groupe sera soumis à une évaluation supplémentaire des risques et à un test salivaire, après quoi les femmes seront réparties en quatre groupes allant d’un risque faible à un risque très élevé. » En fonction de cela, elles subissent différents types de dépistage et la fréquence est également adaptée. Par exemple, les femmes à très haut risque se verront prescrire une mammographie et une IRM chaque année, tandis que le groupe à plus faible risque ne subira qu’une mammographie tous les 4 ans.
Connaître la densité mammaire
Outre les facteurs de risque classiques du cancer du sein, comme les antécédents familiaux ou la ménopause précoce, un nouveau facteur important apparaît, comme le souligne l’étude norvégienne et espagnole : la densité du tissu de la glande mammaire.
« Environ 15% des femmes ont un tissu mammaire dense. Cela complique non seulement la détection de tumeurs potentielles par mammographie, mais augmente également le risque de développement de la tumeur. Pour ces femmes, la mammographie standard ne suffit pas. La Société européenne d’imagerie mammaire recommande donc vivement le dépistage des femmes âgées de 50 à 70 ans présentant un tissu mammaire extra-dense tous les 2 à 4 ans par IRM avec contraste. Cette méthode est plus coûteuse mais elle est rentable car elle permet de détecter davantage de tumeurs précoces. »
En outre, cette organisation européenne demande également que les femmes soient mieux informées sur la densité de leurs seins et sur les options de dépistage telles que l’IRM et la mammographie. De manière à les aider à adopter la meilleure façon de se faire dépister.
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