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Pourquoi ne parle-t-on pas des symptômes de la ménopause au travail?

Birgitte Nyborg, la Première ministre danoise de la série à succès Borgen, a probablement été la première femme de pouvoir à révéler à la télévision à quel point les bouffées de chaleur et les sautes d’humeur l’affectaient dans son travail. Aujourd’hui, plus de la moitié des femmes souffrant des symptômes de la ménopause en font l’expérience au travail, mais il est souvent très tabou d’en parler à l’employeur.

Une nouvelle étude menée par l’Université de Gand et le prestataire de services RH Securex auprès de plus de 2400 employées a examiné la manière dont les femmes vivent leur ménopause. Près d’une femme sur trois était ménopausée au moment de l’enquête et environ 87% d’entre elles souffraient ou avaient souffert dans le passé de symptômes liés à la ménopause tels que des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, de l’insomnie ou des sautes d’humeur. Comme lors de précédentes études hollandaises, plus d’une femme sur deux souffrant de ces symptômes en pâtit également dans le cadre de son travail. Ces femmes ont également besoin d’un temps de récupération plus long après une journée de travail, ce qui signifie qu’elles ont besoin de plus de temps pour s’en remettre physiquement et mentalement, et qu’elles sont plus exposées au risque d’épuisement professionnel. Plus remarquable encore : à peine 8% (!) d’entre elles savent que la ménopause est un sujet qui peut être abordé au travail, tandis qu’un quart d’entre elles savent pertinemment qu’elles ne doivent pas en parler avec leurs supérieurs. Environ 7 femmes sur 10 ne savent même pas si la ménopause est un sujet de discussion (ou pas).

Honte et vulnérabilité

« Toutefois, le fait de pouvoir en parler avec son employeur et ses collègues ou son équipe peut déjà faire beaucoup pour le bien-être au travail », explique la psychologue Sofie Lameire, experte en bien-être psychosocial au travail chez Securex. « De nombreuses recherches (internationales) ne se sont pas encore intéressées à l’impact de cette phase importante de la vie sur le lieu de travail. C’est frappant quand on sait que 4 employées sur 10 dans notre pays ont aujourd’hui 45 ans ou plus. Elles font donc partie du groupe qui traverse la (péri)ménopause. Souvent, la phase qui précède la ménopause reste la plus difficile, car c’est à ce moment-là que les hormones féminines fluctuent le plus ».

Les raisons pour lesquelles de nombreuses femmes dissimulent aujourd’hui leurs symptômes sont variées. « La honte et la peur de la stigmatisation jouent certainement un rôle, mais le manque d’informations sur le sujet repousse également le moment à partir duquel on peut (et on ose!) en parler. Les femmes elles-mêmes, leurs employeurs et leurs collègues ignorent encore beaucoup de choses sur les symptômes possibles de la ménopause. Presque tout le monde connaît les bouffées de chaleur, mais la fatigue, l’anxiété, la dépression ou les sautes d’humeur peuvent également se manifester. Le stress augmente également les symptômes de la ménopause car le corps est temporairement moins capable de faire face à la perte d’oestrogènes. Enfin, certaines femmes éprouvent aussi des difficultés à évoquer cette vulnérabilité avec un supérieur hiérarchique masculin ou craignent d’être mises de côté pour des missions intéressantes. »

Solutions

Avec cette nouvelle étude sur l’impact des symptômes de la ménopause au travail, les spécialistes espèrent sensibiliser et apporter des solutions. « Celles-ci existent. Si une femme bénéficie d’un suivi médical adéquat pendant la ménopause, presque tous les symptômes peuvent être traités et la qualité de vie peut être maintenue, même sur le lieu de travail », affirme le professeur Herman Depypere (UGent), expert en ménopause. « En outre, l’étude montre que les femmes ménopausées sans réels symptômes obtiennent les meilleurs résultats en termes de besoins de rétablissement et d’épuisement professionnel. En d’autres termes, en y portant une certaine attention et en suivant un traitement approprié, la ménopause ne doit pas avoir d’impact négatif sur votre travail. »

Réglage de la température

Même sur le lieu de travail, des discussions plus approfondies peuvent donner l’impulsion à l’instauration de politiques plus favorables aux personnes ménopausées. « Parmi les mesures concrètes qui peuvent faire la différence, citons le réglage de la température (pas trop chaude!), l’accès à la lumière naturelle, mais aussi, en concertation avec l’employeur, la recherche d’un régime de travail flexible ou d’un ajustement temporaire de l’horaire de travail. Il est également nécessaire de mettre en place une psycho-éducation afin d’améliorer les connaissances de tous les employés et employeurs sur ce que la ménopause implique et peut déclencher. Une initiative sur ce sujet à l’hôpital universitaire d’Amsterdam a déjà donné de bons résultats », déclare Sofie Lameire.

Humour

Dans notre pays, il n’existe pas de politiques sur le lieu de travail conçues pour soutenir les employés qui éprouvent des symptômes de la ménopause, et encore moins de politique pour favoriser la prise de conscience de la ménopause dans les entreprises ou les institutions gouvernementales. Les femmes qui disposent d’une grande autonomie dans la planification de leur travail ressentent moins de gêne que celles qui travaillent, par exemple, en équipe et qui ne disposent que d’une faible marge de manoeuvre. « Sensibiliser aux symptômes est déjà un premier pas. Tout le monde sur le lieu de travail a quelque chose à y gagner. Par exemple, l’étude nous apprend que les femmes qui peuvent parler ouvertement de leurs symptômes de ménopause au travail se rétablissent plus facilement et risquent moins d’abandonner leur travail pour cause d’épuisement professionnel. Le simple fait de pouvoir dire honnêtement : « Je ne vais pas très bien aujourd’hui parce que je n’ai pas dormi ou que j’ai des bouffées de chaleur » fait déjà une énorme différence pour les femmes. L’humour est également un excellent allié, mais il faut pour cela un minimum d’indulgence et de sympathie. Ce sentiment de sécurité psychologique sur le lieu de travail – qu’il s’agisse de symptômes liés à la ménopause ou d’autres problèmes (de santé) – est un indicateur important du bien-être mental ».

Pouvoir

Le fait de prêter attention aux symptômes ne signifie pas que la ménopause est synonyme de morosité. Les femmes peuvent en tirer leur force: des nombreux changements qui surviennent au cours de cette phase naissent de nouvelles perspectives de vie. « Les femmes sont généralement plus conscientes d’elles-mêmes, plus préoccupées par ce qu’elles considèrent comme important que par les attentes de leur entourage, et peuvent donc prendre les devants, faire des propositions et être plus énergiques », conclut Mme Lameire.

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