L'hôtel de ville surmonté de son beffroi.

Une journée d’été à Termonde

Termonde regroupe tous les classiques d’une ville flamande d’art et d’histoire... Les flots de touristes en moins. La destination idéale pour une petite sortie estivale?

Conseiller Termonde pour une excursion d’un jour en plein été, c’est presque à coup sûr faire face à une certaine incrédulité. Historiquement située dans la sphère d’influence d’Anvers, mais moins courue que Malines ou Lierre, la ville est rarement citée comme une destination immanquable. « Et pourtant tout ce que vous retrouvez d’emblématique dans les grandes villes de Flandre existe ici, corrige Chantal Louwagie, guide à la ville. Du béguinage aux grands maîtres flamands, en passant par la halle aux draps et le beffroi, tout est ici concentré sur une petite zone. L’avantage, c’est que vous pouvez en faire le tour en quelques heures, tout en évitant la cohue. » En y ajoutant les alentours, il y a là amplement de quoi se mitonner une petite journée combinant culture et promenades en pleine nature. Besoin d’être convaincu? Voici une suggestion de programme, à adapter selon vos envies!

LE MATIN: DÉCOUVERTE DE LA VILLE

S’il existe un élément qui donne systématiquement du charme (et un peu de fraîcheur) à une ville, c’est bien le passage d’un cours d’eau. Sur ce point, Termonde est plutôt bien lotie: traversée par la vieille Dendre, adossée à l’Escaut, elle est encore encerclée d’une partie de sa ceinture fortifiée, créant ci et là quantité de petits étangs bucoliques. Où qu’on soit, l’eau n’est donc jamais loin!

Dans l’histoire de la ville, la présence du fleuve fut autant une bénédiction qu’une malédiction: située à la limite de l’influence des marées, permettant de remonter facilement le courant, Termonde était autrefois en connexion directe avec Anvers, à une époque où les routes étaient peu commodes. De quoi assurer sa prospérité commerciale! Mais aussi lui donner une importance hautement stratégique... Cité de casernes, solidement fortifiée, Termonde a longtemps été toute désignée pour d’épiques batailles. La dernière remonte à 1914: abritant l’un des derniers ponts sur l’Escaut avant Anvers, où s’était réfugiée une grande partie de l’Armée belge, la ville est copieusement bombardée, avant d’être incendiée par les troupes allemandes. Un épisode douloureux qui se lit encore sur les façades: s’il n’est pas désagréable d’arpenter les rues, n’espérez pas trouver ici une belle unité architecturale, les styles se juxtaposant au petit bonheur la chance. Heureusement, la plupart des bâtiments emblématiques ont été préservés ou restaurés à l’identique.

La ville est traversée de part en part par la vieille Dendre
La ville est traversée de part en part par la vieille Dendre

C’est le cas des anciennes halles aux draps, devenues hôtel de ville et surmontées, comme souvent, d’un beffroi. N’hésitez pas à en pousser les lourdes portes: ses couloirs abritent de superbes tableaux de l’École de Termonde (oui, oui, la cité possède son propre courant pictural! ), un mouvement impressionniste découlant de l’école de Barbizon et dont Franz Courtens était le chef de file. Avec leurs teintes bleu-gris caractéristiques, les oeuvres dégagent un parfum de douce mélancolie. Autant dire que le contraste est grand quand, par après, on pénètre dans Notre-Dame, la principale église de la ville! Ne vous fiez pas à ses façades gothiques, son très riche intérieur est une débauche baroque, aux décors parfois extravagants, et dont certains auteurs ne vous sont sûrement pas inconnus... « Tous les grands artistes, ou presque, qui ont orné les églises d’Anvers à l’époque se retrouvent ici, souligne Chantal Louwagie. On y retrouve notamment deux toiles d’Antoine Van Dyck. L’adoration des Bergers est l’une des rares peintures du maître flamand à être encore dans son emplacement d’origine, celui pour lequel elle avait été commandée... » Mais les pièces maîtresses des lieux sont incontestablement les fonts baptismaux romans, véritables chefs-d’oeuvre du XIe siècle, comparables à ceux de la cathédrale de Winchester, en Angleterre. Tous deux sont d’ailleurs réalisés en pierre de Tournai.

Histoire d’éviter l’indigestion culturelle, que diriez-vous d’un peu de répit? Direction le béguinage. Autrefois entouré d’eau, il constituait une véritable île dans la ville. Et encore aujourd’hui, on dirait que c’est le cas, tant il y règne une atmosphère de sérénité. Prenez le temps de vous y poser un instant: les lieux sont restés dans leur jus, affichant une douce décrépitude authentique. Il est possible, dans le cadre d’une visite guidée, de visiter une maison de béguine toujours équipée de son mobilier d’époque.

Le béguinage, havre de paix.
Le béguinage, havre de paix.

Sacré Bayard

Très populaire dans nos contrées, le mythe des quatre fils Aymon et du Cheval Bayard se retrouve dans quantité de folklores. Mais pour les habitants de Termonde, il n’y a aucun doute: les fils Aymon sont originaires d’ici! Et c’est aussi ici, à l’embouchure de la Dendre, que le Cheval Bayard a été noyé, des meules de pierre attachées au cou. Cette légende a donné naissance à un grand Ommegang, dans lequel le géant du Cheval Bayard (Ros Beiaard) joue le premier rôle. Particularité: l’événement n’a lieu que tous les dix ans. Il faudra attendre 2030 pour la prochaine édition.

LE MIDI: UNE PAUSE AU SOLEIL

La grand-place de Termonde est toute indiquée pour une pause de midi. À la belle saison, ses larges volumes, inspirés de la Piazza Del Campo de Sienne, se couvrent de terrasses. Profitez-en pour découvrir la bière du pays, la Vicaris. On vous conseille leur tripel/gueuze, un mélange de deux styles détonnant, combinant complexité et acidité ou, s’il fait vraiment très chaud, la « Lino », brassée à partir de lin et bien plus fraîche en bouche.

La forme de la Grand'Place s'inspire de Sienne.
La forme de la Grand’Place s’inspire de Sienne.

L’APRÈS-MIDI: DÉCOUVERTE DE L’ARRIÈRE-PAYS

Après s’être sustenté, quoi de mieux qu’une petite balade digestive? Qu’il s’agisse des rives de la Dendre ou de celles de l’Escaut, tout est aménagé pour le plus grand bonheur des cyclistes. Vers Anvers, les méandres du fleuve se font sauvages en traversant le futur parc naturel de la vallée de l’Escaut. Les berges sont couvertes de roseaux, surplombant polders et étangs bordés de saules pleureurs. Et puisqu’il vaut toujours mieux avoir une destination en ligne de mire, sachez que les digues abritent de charmants villages où les estaminets ne manquent pas: Vlassenbroek, perdue au milieu des marécages, et Baasroode, où il est possible de traverser les flots en bac et de visiter d’anciens chantiers navals. Vers le sud-ouest, les paysages qu’offrent la Dendre ne sont pas non plus sans poésie, menant jusqu’à Mespelare, où se cache « l’église médiévale la mieux préservée de Flandre ».

Bon à savoir: s’il vous est impossible de vous déplacer à vélo, il reste envisageable de se balader à pied à partir du centre-ville, le long des rivières ou à proximité des anciens bastions, transformés zones naturelles humides, où batifolent foulques et grenouilles. Et pour ceux qui préfèrent voyager assis, un train à vapeur relie Baasroode à Puurs à travers la campagne durant toute la belle saison.

Les berges de l'Escaut à Vlassenbroek.
Les berges de l’Escaut à Vlassenbroek.

LE SOIR: IT’S JAZZ TIME!

Qui aurait cru que l’un des clubs de jazz les plus réputés de Belgique se trouvait ici, sous les voûtes d’une vieille casemate des fortifications? Le Honky Tonk Jazz Club a pourtant vu défiler un nombre impressionnant de grosses pointures et propose encore aujourd’hui des concerts les samedis soir. De quoi terminer la journée en beauté, non?

Les anciennes fortifications.
Les anciennes fortifications.

Plus d’infos: www.toerismedendermonde.be

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