Alzheimer : remonter la cascade pathologique
Cela fait vingt-cinq ans que la Fondation Recherche Alzheimer collecte des fonds pour soutenir la recherche dans les universités belges. Sur quoi se concentre-elle actuellement ?
Les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer apparaissent souvent de nombreuses années après les premiers signes au niveau cérébral. » Il est probable que des modifications au niveau du fonctionnement cognitif soient présentes bien avant l’apparition des dépôts de protéines anormales qui apparaissent eux-mêmes bien avant les premiers troubles « , analyse le Pr Jean-Noël Octave de l’UCLouvain.
Une évolution à bas bruit
Longtemps considérée comme une maladie de la » personne âgée « , la maladie d’Alzheimer pourrait en réalité se développer dès le milieu de l’âge adulte mais de manière silencieuse. » Aujourd’hui, la recherche s’oriente donc vers la phase préclinique. Nous cherchons à identifier des biomarqueurs spécifiques déjà présents lors de cette phase « , précise le Pr Eric Salmon de l’ULiège. La maladie d’Alzheimer résulte en effet d’une véritable » cascade » pathologique qui fait intervenir à la fois des facteurs génétiques, biochimiques, vasculaires, inflammatoires, métaboliques ...
La maladie d’alzheimer se développerait bien avant l’apparition des premiers troubles
» On sait par exemple que le syndrome métabolique est un facteur de risque pour ces maladies, mais aussi qu’une insulino-résistance est souvent observée chez les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer « , explique le Pr Jean-Noël Octave. Les recherches s’orientent également vers l’identification de facteurs génétiques.
» Les avancées techniques permettent aujourd’hui de réaliser rapidement et à moindre coût le séquençage de l’entièreté du génome « , rappelle le Pr Laurence Ris de l’Umons.
Pas de pilule miracle
L’objectif est donc d’identifier quels sont les facteurs qui interviennent en premier lieu car les médicaments actuellement disponibles n’ont montré qu’une efficacité très limitée : » Les laboratoires recherchent aujourd’hui de nouvelles cibles thérapeutiques « , poursuit le Pr Laurence Ris. Néanmoins, pour le Pr Jean-Noël Octave, il serait vain d’espérer » une pilule miracle » : » Je crois qu’aujourd’hui, il faut de toute manière miser sur des approches multidisciplinaires « . Et promouvoir notamment le développement et la préservation d’une bonne » réserve cognitive « , soit l’ensemble des compétences cérébrales accumulées au cours de la vie via les études, le travail mais aussi le sport, la pratique artistique, les contacts sociaux.
» L’activité physique et intellectuelle tout comme les interactions sociales ont un rôle protecteur « , rappelle le Pr Salmon. Voici un axe sur lequel chacun peut déjà agir.
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