Gérer son hypertension, c’est possible!
Facteur de risque cardiovasculaire, l’hypertension artérielle touche une personne sur quatre. Une prise en charge personnalisée permet de la garder sous contrôle.
Tueur silencieux, l’hypertension artérielle évolue généralement à bas bruit sans causer de symptômes. Aux côtés d’autres facteurs de risque comme l’excès de cholestérol, l’obésité ou le diabète, elle augmente pourtant le risque de maladies cardiovasculaires comme l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral. « Environ 25% d’hypertendus s’ignorent », rappelle le Pr Jean-Marie Krzesinski, chef du service de néphrologie au CHU de Liège. Dès 40-45 ans, il est conseillé de se faire dépister, a fortiori si on présente d’autres facteurs de risque cardiovasculaire et/ou s’il existe des hypertensions dans la famille car la maladie est en partie déterminée par des facteurs génétiques.
Un diagnostic pas si simple
Prendre sa tension n’est pas si simple! La pression artérielle est en effet variable selon les périodes, le moment de la journée, les émotions... « Si certains patients peuvent être considérés à tort comme hypertendus, à l’inverse, certaines personnes ont des valeurs « normales hautes » mais couplées à des symptômes d’hypertension comme une petite insuffisance rénale ou un essoufflement lié à une l’hypertrophie ventriculaire gauche... Il peut alors s’agir d’une hypertension masquée, qui survient la nuit et ne se manifeste pas à la consultation. »
« Le caractère permanent de l’hypertension doit être validé soit par une auto-mesure de la tension à domicile, soit par une mesure sur 24 heures », insiste le Pr Jean-Marie Krzesinski. Certains médecins généralistes ou spécialistes proposent le prêt d’un appareil d’auto-mesure. La tension doit être mesurée deux fois le matin au moment du petit-déjeuner et deux fois le soir au moment du repas pendant une semaine. Les mesures des six derniers jours sont ensuite additionnées et divisées afin de réaliser une moyenne.
Lutter contre l’hypertension au quotidien
- Limitez le sel (6 grammes par jour maximum): il se cache dans les plats préparés, les charcuteries, les biscuits apéritifs...
- Mettez le potassium à l’honneur grâce aux lentilles, bananes, pommes de terre, persil, chocolat noir...
- Limitez l’alcool: pas plus d’un verre par jour pour les femmes et deux verres pour les hommes.
- Bougez (marche, vélo, jardinage...) au moins 20 à 30 minutes par jour.
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Quand Traiter?
On parle habituellement d’hypertension quand les valeurs de tension artérielle dépassent 140/90 mmHg, soit une tension artérielle systolique (quand le coeur se contracte) de 140 mmHg et une pression artérielle diastolique (quand le coeur de relâche) de 90 mmHg. Néanmoins, l’idéal est de viser des valeurs plus basses, autour de 120/80 mmHg. Les chiffres seuls ne suffisent pas à évaluer le risque d’un patient ni la nécessité d’un traitement.
« Pour les personnes qui se trouvent juste au-dessus de l’idéal, par exemple à 135/85, on peut commencer par évaluer l’effet de mesures hygiéno-diététiques », précise le spécialiste. Une meilleure gestion du stress, la reprise d’un exercice physique régulier, la limitation de la consommation de sel, l’augmentation de l’apport en fruits et légumes peuvent en effet permettre de faire baisser les valeurs d’un cran. « Si ces mesures ne suffisent pas, il faut évaluer le risque de maintenir ces valeurs sans recours à un traitement. Pour cela, il faut prendre en compte d’autres paramètres tels que l’âge, le tabagisme, la présence de cholestérol ou de diabète... »
Pour les personnes qui se trouvent plus nettement au-dessus des valeurs recommandées, un traitement médicamenteux devra être initié. Il faudra parfois associer plusieurs molécules afin d’atteindre des valeurs optimales. « Un médicament diminue de 10 mm la pression systolique et de 5mm la diastolique. Si on a des valeurs de 160/100, il faut donc descendre d’un côté de 20 et de l’autre de 10, donc dans l’idéal, il faut déjà deux médicaments. Mais si on est à 150/95, un seul médicament peut suffire », détaille le Pr Jean-Marie Krzesinski.
Les molécules généralement utilisées sont les inhibiteurs du système rénine angiotensine auxquelles on associe soit des diurétiques, soit des antagonistes calciques. « Après quinze jours-trois semaines, s’il n’y pas effets secondaires, on augmentera éventuellement la dose afin d’arriver au meilleur résultat possible. Si le patient est hypertendu depuis longtemps, il faut qu’il s’habitue à ce que sa tension soit plus basse. Chez les personnes plus âgées, on devra par exemple vérifier la tension en position debout pour s’assurer qu’il n’y a pas de risque d’hypotension lors des changements de position. Le but est de normaliser tout à fait la tension en trois ou quatre mois. »
Pour être efficace dans le temps, il importe surtout que le traitement soit pris avec la plus grande régularité et au moment de la journée le plus indiqué. « Il y a désormais beaucoup de travaux sur la chronopharmacologie qui montrent qu’il est important de choisir le moment où le patient prend son traitement – soir ou matin – en fonction de la manière dont il métabolise la molécule. Avant, on avait tendance à prendre tous les médicaments le matin pour ne pas les oublier, mais aujourd’hui, on essaie de personnaliser davantage. » Combattre l’hypertension est devenu une question... de précision.
En pratique
- Quel appareil choisir?
« Je déconseille les achats en grande surface car ces appareils ne sont pas certifiés », indique le Pr Jean-Marie Krzesinski, chef du service de néphrologie au CHU de Liège. Évitez également les appareils qui prennent la mesure au niveau du poignet car ils sont moins fiables. « On les préconise uniquement chez les personnes qui ont un surpoids important et pour qui les brassards standards ne sont pas adaptés. »
- Comment prendre sa tension?
La tension doit être prise dans des conditions de calme, en position assise, le dos bien appuyé contre un dossier, toujours à la même heure. « Si vous possédez un appareil, vous pouvez mesurer votre tension par exemple une semaine par mois, en prendre note, et amenez ces valeurs à votre médecin lors de vos consultations. » Certains appareils connectés permettent aussi, via des applications dédiées, d’archiver les mesures sur son smartphone et/ou de les communiquer directement à son médecin.
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