Se remettre en mouvement après le covid
Suite à une atteinte, même grave, au coronavirus, il convient de reprendre une activité physique afin de reconstituer sa masse musculaire, récupérer une condition acceptable et retrouver une vie normale.
Dans le cadre du covid, il y a un consensus selon lequel la réadaptation doit commencer dans le mois qui suit la phase aiguë de la maladie pour qu’elle soit la plus efficace possible , souligne Marc Francaux, professeur en physiologie de l’exercice à l’UCLouvain. Bien sûr, elle varie selon la gravité de l’affection et des séquelles, et doit se faire de manière progressive. »
Les infections asymptomatiques et légères
« Les infections au coronavirus sont catégorisées selon le degré d’atteinte du patient, les patients asymptomatiques ne doivent pas interrompre leur activité physique mais ils doivent la pratiquer seuls et en plein air. Ceux qui présentent une légère forme de covid (petit rhume, grippe légère, toux faible), peuvent s’y remettre une semaine après la disparition des symptômes. «
Les infections aiguës légères à modérées
La situation est plus compliquée chez les patients qui présentent, entres autres symptômes, une fièvre et une toux importantes, des douleurs thoraciques, des difficultés respiratoires, des maux de tête, de la fatigue et un essoufflement. « Ces patients n’ont pas été hospitalisés mais sont restés au lit une à deux semaines. Alors qu’on peut espérer qu’ils retrouveront rapidement leur capacité respiratoire normale et que la fonction cardiaque ne sera pas affectée, un certain nombre d’entre eux décrit une très grande fatigue, de la faiblesse, une perte d’appétit, etc. Malgré cela, il est recommandé de reprendre une activité physique après la disparition des symptômes et de la fièvre . »
Car même si le patient n’a plus autant de force qu’avant la maladie, il doit solliciter son système de manière suffisamment importante pour obtenir un effet. « Le vélo d’appartement, la course à pied, la marche rapide (en côte) sont de bons moyens. Combiner des exercices d’endurance et de renforcement musculaire est plus profitable à l’organisme, surtout après une fonte musculaire . »
Les formes sévères et aiguës
Les formes sévères du covid sont caractérisées par une détresse respiratoire qui est généralement l’indicateur d’hospitalisation. Des patients ayant eu une forme sévère ou aiguë de covid ont toutefois pu reprendre une activité physique. Voilà une excellente nouvelle! « Après leur passage en soins intensifs, les patients, qui ont souvent subi une fonte musculaire importante, voire développé une neuropathie, doivent être encadrés par une équipe médicale qui va les guider dans leur réadaptation et la reprise d’exercices. Des systèmes de rééducation sont mis au point en fonction des séquelles du patient et de sa vitesse de récupération. »
Lentement, mais sûrement: Marcel Javaux, 65 ans, y arrive!
Marcel Javaux, l’arbitre bien connu qui a officié en première division belge de football, et sa femme Josette, ont tous les deux été hospitalisés en mars 2020, à dix jours d’intervalle, suite à une infection au coronavirus.
« Nous avons été mis tous les deux sous assistance respiratoire et ma femme a dû rester quelques jours aux soins intensifs, raconte l’ancien arbitre. De retour à la maison, nous étions extrêmement faibles et n’avions pas récupéré notre capacité respiratoire. J’avais perdu dix kilos en dix jours !
Environ deux semaines après mon retour, je me suis mis à trottiner très légèrement. C’était très pénible mais je savais que rester dans le fauteuil ne m’aiderait pas à aller mieux. Il a fallu deux à trois mois pour que je puisse parcourir deux kilomètres à pied. Chaque jour, j’essayais d’en faire un peu plus. À un moment, mon organisme n’a plus voulu. Mon médecin m’a dit que j’en faisais trop, que je me faisais plus de tort que de bien. J’ai dû me calmer sinon je n’en sortais pas.
Mon état s’est progressivement amélioré. Fin juillet, j’ai commencé à me promener à vélo à assistance électrique et en octobre, je faisais des sorties de 50-60 km. Mouliner avec les jambes est un très bon exercice cardio. Je n’ai pas encore tout à fait récupéré au niveau respiratoire. Je peux être très en forme pendant trois jours, surtout après avoir fait du vélo. Certains jours, je suis incapable de monter sur mon vélo car je suis vidé et j’ai des difficultés respiratoires.
Ma femme, qui a eu une broncho-pneumonie il y cinq ans, a gardé, suite au covid, plus de séquelles respiratoires que moi. Je lui ai offert un tapis de marche qui lui permet de faire quotidiennement environ 2 km et elle se sent nettement mieux, même au niveau respiratoire. Je suis son coach . »
La réadaptation au Centre Charleroi Sport Santé
« De nombreuses personnes ayant eu le covid sont en rééducation , raconte le Dr Séverine Macq, responsable du Centre Charleroi Sport Santé. Nous recevons principalement des personnes qui ont eu des complications et/ou gardent des séquelles suite à une hospitalisation due à une infection aiguë sévère, et celles qui présentent un covid long avec dyspnée et fatigue . »
La prise en charge se passe très bien. « Les patients qui reviennent des soins intensifs ont parfois besoin d’une prise en charge diététique et d’une aide psychologique, par exemple, s’ils présentent un amaigrissement lié à une perte de masse musculaire importante ou si le retour à la vie active s’avère difficile.
En quinze jours de soins intensifs, un patient perd en moyenne 10 à 12 kg. Nous pratiquons toujours une ergo-spirométrie pour évaluer les capacités cardio-respiratoires et métaboliques à l’effort, le but étant de permettre un réentraînement personnalisé et un renforcement musculaire adapté afin d’aider les patients à retrouver leur condition physique . »
D’une manière générale, Séverine Macq conseille de reprendre les activités habituelles, d’avant covid. « Chacun doit reprendre à son rythme, progressivement, en restant à l’écoute de son organisme. La marche, le vélo, le renforcement musculaire à l’aide de séances de kiné, de coaching personnalisé ou encore de séances d’exercices en ligne sont idéaux pour une reprise de l’activité physique. Si au bout de six semaines, des symptômes persistent, mieux vaut consulter son médecin qui dirigera le patient vers des examens complémentaires ou vers un centre de réadaptation ou encore vers un kinésithérapeute . »
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