Le cancer de l’endomètre se guérit bien!
Le cancer de l’endomètre est le plus fréquent des cancers gynécologiques. Il apparaît le plus souvent chez les femmes ménopausées et âgées. Facilement repérable par des pertes de sang vaginales, son pronostic est très bon.
L’endomètre est la muqueuse qui recouvre l’intérieur de l’utérus. « Au cours de la vie reproductrice d’une femme, cette paroi utérine s’épaissit chaque mois, sous l’influence des hormones, pour accueillir une grossesse, explique le docteur Mathieu Luyckx, gynéco-oncologue aux Cliniques Universitaires Saint-Luc. En l’absence de grossesse, la couche superficielle de l’endomètre s’élimine via les règles et la muqueuse utérine s’amincit .
Après la ménopause, l’endomètre reste totalement au repos. On dit qu’il est atrophique. Chez certaines femmes, des cellules recommencent à se développer et, avec le temps, vont se dérégler jusqu’à devenir des cellules tumorales. D’abord localisées à l’intérieur de l’utérus, ces cellules vont petit à petit infiltrer le muscle utérin si on ne les stoppe pas, avec le risque potentiel d’envahir les ganglions et, à un stade plus avancé de la maladie, de générer des métastases . »
DANS LES PAYS RICHES
Premier des cancers gynécologiques, le cancer de l’endomètre survient majoritairement chez les femmes âgées de 60 ans et plus. « Il est de plus en plus fréquent dans les pays industrialisés. D’une part, parce que l’espérance de vie y est la plus élevée. D’autre part, car ce type de cancer est favorisé par deux pathologies en augmentation dans nos contrées: l’obésité et le syndrome métabolique, caractérisé par de l’hypertension artérielle, de l’hyperglycémie, un excès de graisse corporelle autour de la taille et un taux trop élevé de mauvais cholestérol. »
Il n’est jamais normal de se remettre à saigner après la ménopause..
Il est par ailleurs primordial de savoir qu’un traitement hormonal mal pris à la ménopause sur une très longue période peut provoquer un cancer de l’endomètre! « Pour pallier les effets indésirables de la ménopause, on prescrit à certaines patientes des oestrogènes et, en parallèle, de la progestérone afin de freiner la croissance de la muqueuse utérine, le but final étant de protéger l’utérus contre le développement d’une tumeur cancéreuse. Un déséquilibre lors de la prise du traitement ou l’absence de progestérone peuvent être responsables, à très long terme, du cancer de l’endomètre. Mais un tel cas de figure reste anecdotique car la plupart des patientes prennent correctement leur traitement qui est alors sans risque. » Par contre, souligne le Dr Luyckx, alors qu’elle est souvent décriée, la pilule contraceptive protège du cancer endométrial.
UN DIAGNOSTIC PAR BIOPSIE
Le diagnostic du cancer de l’endomètre se fait au moyen d’une biopsie. « L’utérus étant accessible par voie gynécologique, le prélèvement est aisé. Une hystéroscopie permet de visualiser l’intérieur de l’utérus afin de faire un petit prélèvement de la muqueuse utérine. Celui-ci peut également être effectué sous contrôle échographique, voire à l’aveugle en consultation mais le risque de faux négatif est alors plus élevé. »
L’ABLATION DE L’UTÉRUS
La base du traitement est l’ablation de l’utérus avec retrait de un ou plusieurs ganglions. « En fonction du risque d’atteinte ganglionnaire, on enlève soit uniquement le premier ganglion de la chaîne (le ganglion sentinelle) soit tous les ganglions lymphatiques de drainage de l’utérus. La chirurgie est réalisée préférentiellement par laparoscopie. Après la chirurgie, un traitement par radiothérapie peut être proposé pour diminuer le risque de récidive locale. La chimiothérapie est réservée aux patientes à très haut risque, soit en raison de l’agressivité intrinsèque de la tumeur, soit parce que des ganglions sont atteints. »
UN TAUX DE GUÉRISON ÉLEVÉ
Fort heureusement, le cancer de l’endomètre se développe doucement. « C’est une des raisons qui explique son très bon taux de guérison, plus de 80%, le meilleur parmi les cancers gynécologiques. » L’autre raison, c’est l’apparition rapide des symptômes, facilement identifiables puisqu’ils se manifestent par des pertes de sang vaginales inhabituelles.
« Il n’est jamais normal qu’une femme se remette à perdre du sang une fois ménopausée! Le fait de consulter son gynécologue dès les premières pertes de sang va permettre de diagnostiquer, le plus souvent, un cancer de l’endomètre à un stade précoce de la maladie, voire parfois même précancéreux. Voilà pourquoi les patientes qui consultent dès qu’elles saignent, guérissent très vite . »
Le syndrome de Lynch et la chirurgie prophylactique
Le syndrome de Lynch est une maladie génétique très rare qui fait parler de lui car il favorise l’apparition du cancer du côlon, de l’endomètre et, beaucoup plus rarement, de certains cancers de l’ovaire.
« Lorsqu’une patiente est testée positive au syndrome de Lynch, une surveillance de l’utérus commence à partir de 35 ans par échographie , précise Mathieu Luyckx, gynéco-oncologue. Dès l’âge de 40 ans, une hystéroscopie annuelle lui est proposée. On recommande la chirurgie prophylactique, à savoir l’ablation de l’utérus et des ovaires, à la femme ménopausée. Elle est également proposée aux patientes plus jeunes n’ayant plus de désir de grossesse, idéalement autour de 40 ans, car on sait que les cancers favorisés par des anomalies génétiques apparaissent plus tôt dans la population générale . »
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