Le sauna, vraiment bon pour la santé ?
Relaxant, le sauna est également réputé pour ses propriétés thérapeutiques. Mais possède-t-il autant de vertus qu’on veut bien le prétendre et, surtout, est-il vraiment sans danger pour la santé ? Nous avons posé la question à une série de spécialistes.
Après vous être déshabillé et avoir pris une douche, vous vous allongez sur une serviette dans la cabine de sauna. Il ne vous reste plus qu’à transpirer et à vous relaxer. Lorsque la chaleur devient inconfortable, vous prenez une douche glacée pour vous rafraîchir et vous tonifier... Un programme bien tentant, mais ce passage plus ou moins brutal du très chaud au (très) froid qui constitue le principe de base du sauna est-il vraiment bon pour la santé ?
L’avis du cardiologue
» Le sauna n’est pas dangereux, sauf pour certains groupes à risque bien spécifiques. Nous ne l’interdisons donc de façon formelle que dans des cas extrêmes, affirme Bénedicte Heyndrickx, spécialiste en revalidation cardiologique (UZ Bruxelles). Tout est une question de bon sens. En cas d’antécédents cardiovasculaires, mieux vaut, par exemple, demander conseil à un médecin. Par ailleurs, si vous êtes hypotendu, sachez que la chaleur peut entraîner une dilatation des vaisseaux sanguins et donc faire chuter votre tension. La douche glacée aura, elle, l’effet inverse. En tout état de cause, mieux vaut éviter les contrastes trop extrêmes, comme passer directement du sauna à la douche ou au bain glacé. Sous la douche, par exemple, allez-y progressivement et commencez par asperger d’eau froide vos pieds et vos poignets plutôt que d’y exposer directement votre poitrine. Enfin, si le sauna n’a pas strictement parlant d’effets bénéfiques démontrés sur le plan cardiaque, la relaxation est toujours salutaire. La chaleur peut y contribuer... mais là encore, faites preuve de bon sens : à titre de comparaison, faire la crêpe sous un soleil de plomb n’est pas recommandé non plus ! «
L’avis du pneumologue
» Sur le moment, le sauna peut soulager les symptômes des patients qui souffrent d’asthme ou de BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive), car il peut accroître temporairement la fonction pulmonaire de 10 % , observe Tom De Keukeleire, pneumologue à la clinique Sainte-Elisabeth de Zottegem et à l’UZ Bruxelles. Cet effet est transitoire et disparaît après une heure ou deux. «
Ceux qui souffrent de maladies pulmonaires devraient-ils s’orienter plutôt vers le traditionnel sauna » humide » ou vers son équivalent » sec » à infrarouge ? » Cela n’a pas tellement d’importance. Les recherches scientifiques pertinentes quant aux effets thérapeutiques du sauna dans les maladies pulmonaires sont très limitées. En outre, celles qui existent émanent le plus souvent de pays où la population va au sauna pratiquement depuis le berceau et y est donc habituée.
Relevons néanmoins une petite étude intéressante qui, en comparant deux groupes d’enfants, a permis d’observer que ceux qui fréquentaient régulièrement le sauna présentaient significativement moins de rhumes après trois mois. «
Le sauna est-il parfois déconseillé ? » En cas de maladie pulmonaire, mieux vaut limiter les séances aux phases de stabilisation et les éviter durant les crises aiguës et les épisodes de fièvre. En outre, il n’est pas rare que les gens atteints d’une BPCO sévère présentent également des problèmes cardiaques. Mieux vaut alors s’abstenir (voir ci-dessus). En cas de doute, l’idéal est de demander conseil à son médecin. »
L’avis du dermatologue
» En provoquant la libération d’endorphines, le sauna crée une sensation d’intense bien-être. En outre, il permet de prendre le temps de s’occuper de soi et de sa peau, affirme Thomas Maselis, dermatologue. Contrairement à une idée répandue, le sauna ne permet pas de purifier l’épiderme. La douche ou le séchage au sortir de la cabine permettront bien d’éliminer quelques cellules mortes, mais c’est à peu près tout... Et le fait de transpirer abondamment risque même d’irriter les couches superficielles de la peau par un dépôt de sel.
La transpiration provoque une perte de liquide d’un demi-litre à un litre et donc une légère perte de poids, mais cet effet n’est évidemment que transitoire. Par contre, la dilatation des vaisseaux sanguins qui irriguent la peau impose au c£ur un effort supplémentaire pour faire circuler le sang... et, aussi modeste soit-il, celui-ci permet tout de même de brûler quelques calories, soit l’équivalent d’un carré de chocolat. Il n’existe par contre aucune preuve scientifique que la transpiration élimine des toxines ou exerce un quelconque effet bénéfique sur une peau saine. Au contraire : celle-ci aurait plutôt tendance à s’assécher. «
Le sauna a-t-il un impact favorable sur certaines maladies de la peau ? » De nombreuses personnes souffrant de psoriasis observent un effet positif, mais une sur dix présente au contraire une dégradation de son état. Le sauna aggrave également la couperose et est déconseillé en cas de lésions eczémateuses et d’urticaire. Aucun effet n’a jusqu’ici pu être démontré sur l’acné. Enfin, sans être franchement recommandé en cas de varices ou d’hémorroïdes, le sauna ne risque guère de faire du tort, si du moins il ne s’agit pas d’une forme grave et que vous restez couché plutôt que debout. Par contre, il est à éviter absolument en cas d’infection. «
L’avis du rhumatologue
Filip De Keyser, rhumatologue à l’université de Gand expliquent que les rhumatismes se répartissent en deux grands groupes : les rhumatismes d’usure et les rhumatismes inflammatoires. Les premiers relèvent d’un problème d’arthrose qui se manifeste à l’échelon local et ne présente donc aucune contre-indication au sauna.
Dans le second cas, il s’agit de pathologies inflammatoires qui affectent l’organisme tout entier. De façon générale, il faut partir du principe qu’il n’est pas recommandé d’aller au sauna durant une flambée d’arthrite, la chaleur étant toujours déconseillée en cas d’inflammation. En-dehors des phases aiguës, les avis sont plus partagés... Faute de littérature pertinente à ce sujet, nous en sommes réduits à nous baser sur notre expérience individuelle et sur des études de petite envergure. Une activité physique qui ne surcharge pas les articulations (comme la natation ou le cyclisme) sera toujours plus bénéfique qu’un bain de chaleur qui n’a pas d’effet à long terme. Par contre, il ne faut pas sous-estimer l’impact de l’effet relaxant : la chaleur détend les muscles, ce qui facilite les mouvements des articulations. Lorsqu’on me demande si des séances en cabine à infrarouge pourraient avoir une quelconque utilité, je suggère généralement d’en faire quelques-unes, pour voir si cela le soulage. «
Le sauna classique, et son degré d’hygrométrie élevé, est-il recommandable en cas de maladie rhumatismale ? » Il n’est pas scientifiquement établi que l’humidité soit néfaste. Certains patients affirment que leurs symptômes s’améliorent lorsqu’ils partent en vacances au soleil... mais cet effet est peut-être moins lié à l’humidité qu’à la baisse du stress et des tensions musculaires. «
Quelles sont les autres contre-indications ?
Il existe évidemment encore d’autres situations où l’exposition à la chaleur est contre-indiquée. Les diabétiques, par exemple, devraient toujours demander conseil à leur médecin, car les températures élevées sont susceptibles de provoquer d’importantes fluctuations de la glycémie... tandis que chez les femmes qui ont subi un curage axillaire pour un cancer du sein, l’exposition à la chaleur (y compris d’ailleurs celle du soleil ou du chauffage !) s’accompagne d’un risque d’apparition d’un lymph£dème ou syndrome du » gros bras « .
En ce qui concerne les fluctuations de tension qu’évoquait le cardiologue (voir plus haut), il est évidemment opportun d’être prudent si vous êtes amené à prendre des médicaments qui l’élèvent ou la diminuent. Enfin, évitez de combiner sauna et patches de nicotine, et soyez particulièrement attentif à la perte de liquide si vous prenez du lithium ou un produit déshydratant ou diurétique.
Chaleur sèche ou humide ?Dans un sauna classique, l’air est chauffé à une température allant de 50 à 100°C, avec une hygrométrie de 15 à 30 %. Dans un sauna à infrarouge, c’est la peau qui est réchauffée par un rayonnement infrarouge. La température à l’intérieur de la cabine grimpe jusqu’à 40-60°C. Dans un hammam, c’est de la vapeur brûlante qui fait monter la température à environ 40 à 50°C. |
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici