© RTL BELGIUM OLIVIER PIRARD

Rencontre avec Sabrina Jacobs: « Présenter la météo, une grande responsabilité! »

Elle fait la pluie et le beau temps sur la chaîne privée depuis près d’un quart de siècle. Coup de projecteur sur la pétillante Bruxelloise.

Dehors, des feuilles mortes virevoltent dans la grisaille. Ici, les fenêtres sifflent au rythme des bourrasques. C’est un jour de tempête que Sabrina Jacobs, 46 ans, nous reçoit dans sa deuxième maison, RTL House. Plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs la regardent au quotidien. Entre deux prises d’antenne, celle qui déteste le surnom de « Miss Météo » dévoile les coulisses de sa passion.

Comment est née votre aventure à la météo?

Au départ, c’était une belle opportunité sur Bel RTL à la suite d’un quiproquo. Un matin de 1998, j’étais à la rédaction vers 5 h pour faire des essais pour un autre poste, à la coordination. La présentatrice météo du jour n’est jamais arrivée... Comme je venais de terminer un stage à la rédaction, l’éditeur du matin me connaissait et m’a parachutée à l’antenne radio. J’ai commencé à écrire des bulletins météo pour la radio. Quelques mois plus tard, le directeur de la télévision m’a proposé un remplacement en télé. J’ai accepté puisque je suis toujours partante pour tout!

Etiez-vous déjà passionnée par la météorologie?

En fait, j’étais surtout passionnée par l’idée de communiquer et j’ai trouvé dans la météo un sujet si concernant qu’il m’a happée. Tout le monde s’intéresse aux prévisions du temps, à différents niveaux. Des études ont montré le côté météo sensible de toute une partie de l’activité économique. Très vite, je me suis rendue compte que la météo me permettait de créer un véritable lien avec l’auditeur et le téléspectateur. Le sujet m’a de plus en plus intéressée.

Un événement météo vous a marquée pendant votre enfance?

Etant pourtant Bruxelloise et habitant en ville, je me souviens d’hivers assez rigoureux où la petite pièce d’eau dans le jardin de mes parents était gelée et il y avait beaucoup de neige. On pouvait même emmener nos pantoufles à l’école pour ne pas tout salir avec nos grosses bottes. Sinon, les éléments qui se déchaînent et surtout les ouragans me fascinent depuis toujours! Le premier événement majeur qui m’a vraiment marquée, dans ma carrière, ce sont les grosses tempêtes de la fin des années 90. A l’époque, on s’est rendu compte qu’il y avait un vrai manquement puisque le système d’alerte n’existait pas. A la suite de ces tempêtes-là, tout le système de vigilance, avec ses différents niveaux, a été mis en place. Un outil très important! En juillet encore, on a vu à quel point les événements météo peuvent être dramatiques...

L’actualité météo est une attention de chaque instant. » Sabrina Jacobs

Quelles ont été les grandes évolutions en un quart de siècle?

Tout! D’abord, la perception du bulletin météo a très fort changé: pendant longtemps il était considéré comme un clin d’oeil entre la pub et l’horoscope. Au fil des ans, on s’est rendu compte que cette info était capitale et attendue du public. Grâce aux moyens techniques, on a crédibilisé ce rendez-vous pour proposer une véritable information. Aujourd’hui, le service météo fait partie intégrante de la rédaction. La météo a acquis ses lettres de noblesse! Le support graphique a aussi évolué au fil du temps, de plus en plus clair, précis et complet, on a gagné en fiabilité de la prévision, on a introduit un tas d’éléments qui n’existaient pas comme la probabilité de précipitations...

Et l’indice de confiance des prévisions...

Oui, cet indice est une info en soi. Tout dépend de la stabilité atmosphérique dans laquelle on se trouve. Si l’indice de confiance est de 4/5 à J+7, c’est énorme pour un pays comme le nôtre! La petite taille de la Belgique constitue une difficulté supplémentaire pour les prévisionnistes. Transposé à l’échelle d’une carte française, c’est comme si on présentait la météo précise d’un département! Cela dit, à 48 h, on n’est pas loin des 100% de fiabilité de la prévision.

Les bons vieux dictons « Avril, ne te découvre pas d’un fil » et « Mai, fais ce qu’il te plaît » sont-ils encore vérifiables?

(rires) Oui, oui. Je pense que les dictons populaires ne sont pas dénués de bon sens! J’ai pu régulièrement vérifier, à titre personnel, qu’avant les Saints de Glace, on n’est jamais à l’abri d’une nouvelle chute des températures. Donc, oui, fais ce qu’il te plaît mais à partir de la mi-mai!

Avez-vous constaté un changement climatique?

Oui, la récurrence de phénomènes violents est marquante. Il y en a eu de tout temps sauf qu’avant, on parlait de tempête du siècle. Qu’il s’agisse de tempêtes, d’inondations ou de canicules, le délai entre deux phénomènes s’amenuise. C’est super préoccupant! Aujourd’hui, il y a une prise de conscience mais elle a été très longue à s’installer.

Ressentez-vous une responsabilité en présentant la météo?

A fond! Vraiment. Et j’en suis consciente. On ne se rend pas compte à quel point ce qu’on dit est entendu et conditionne notamment le quotidien d’une famille. Cela n’en n’a pas l’air mais c’est très sérieux! (rires) Etre rigoureux, lancer les alertes, etc. L’actualité météo est une attention de chaque instant. Juste avant de passer à l’antenne, il arrive de devoir recalculer les cartes. Il y a une réactivité que j’adore et qui fait le sel de ce métier.

Vous reproche-t-on parfois le mauvais temps?

Quand j’étais gamine, je pensais que la dame ou le monsieur qui présentait la météo décidait du temps! Non, si on me le reproche, c’est plus en boutade, jamais malveillant. Les gens sont toujours très gentils. Cela fait vingt-trois ans que je mange avec eux. Je fais partie de leurs meubles et j’ai même l’impression d’un peu faire partie de leur famille. J’entretiens un lien ultra privilégié avec le public grâce à la météo.

Vous ne les voyez pas pourtant...

C’est ce qu’ils croient mais je les vois en pyjama chez eux! Aujourd’hui, la technologie est dingue, ma bonne dame! (rires) Je plaisante... Il y a vingt-cinq ans, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais osé imaginer un tel parcours, une telle fidélité avec le téléspectateur, une vraie histoire d’amour. Je le constate, au quotidien, dans les témoignages d’affection. Je mène une vie normale: je vais déposer mes enfants à l’école, je fais mes courses... Plein de gens m’interpellent. On papote, on échange trois mots à la caisse, on fait des selfies... Et très souvent on me demande les prévisions météorologiques!

N’est-ce pas oppressant?

Ah si on n’est pas prêt à cela, il faut faire un autre métier. Je suis très ferme là-dessus. Sans les téléspectateurs, on ne serait pas là.

Pas de lassitude après tant d’années de présentation?

Aucune, sinon je n’y serais plus et je n’ai jamais deux journées pareilles. Je suis responsable du service météo donc je travaille aussi sur tous les développements, les nouveaux looks . Sur RTL, le présentateur météo est maître absolu de son programme sur le fond et la forme. Il a à sa disposition un logiciel permettant de créer les cartes que le téléspectateur voit à la télé. Quel luxe de pouvoir gérer l’émission de A à Z! Présenter la météo en télévision est un exercice complexe: on est seul, en direct, sans prompteur, sans sujet à lancer, on doit coordonner ce qu’on dit avec ce qu’on montre, gérer son déplacement dans un key (fond de couleur remplacé par un décor virtuel, ndlr).

J’entretiens un lien ultra privilégié avec le public. » Sabrina Jacobs

Que pensez-vous du surnom « Miss Météo »?

ça m’insupporte! Pas tant le terme que le fait qu’on ne dira jamais un « Mister Météo » ou une « Miss Journal ». Je ne vois pas pourquoi... Je n’ai rien contre les Miss, je serai d’accord le jour où on dira un « Mister Météo » et un « Mister Journal ».

Quel est votre secret pour être toujours pétillante?

J’adore le champagne, le seul alcool que je ne peux jamais refuser! (rires) Non, j’ai des coups de mou comme tout le monde mais je mesure la chance que j’ai d’exercer ce métier. J’estime que le téléspectateur n’a pas à sentir les difficultés que je rencontre dans mon quotidien. Quand je passe le pas de la porte du studio, je laisse tout le reste dehors.

Comment voyez-vous l’avenir de la météo à la télévision?

Je suis convaincue que le bulletin météo aura toujours un bel avenir car l’attente sera toujours là. On dit beaucoup que les jeunes se désintéressent de la télévision linéaire et ne consomment plus que les écrans sur des mobiles. C’est vrai aujourd’hui car leur situation familiale, personnelle, est telle qu’ils peuvent s’installer et se poser en regardant un programme sur une plate-forme mobile. Mais cette génération va grandir, s’installer... Elle devra subvenir aux besoins d’une famille, préparer un dîner, ranger la maison... Et donc l’objet télé, aussi rassembleur au niveau de cette famille, reprendra tout son sens. On ne peut pas préparer un repas en étant scotché à son portable ou sa tablette. En revanche, on peut le faire en consommant de la télévision debout, comme on dit, et en laissant tourner la télé dans le salon, dans la pièce à vivre. Cette génération-là, un peu en désamour avec l’objet télévisuel, y reviendra donc un jour.

Vous présentez aussi les émissions « La Maison de mes rêves » et « Histoires de familles ». Trouvez-vous du temps pour vos proches?

Je suis très organisée. Dans une journée, il n’y a jamais une heure de perdue! Les vacances sont le seul moment où j’arrive à décrocher. Ma famille fait partie intégrante de mon équilibre. Mes deux enfants grandissent, j’essaie de leur donner plus de liberté tout en restant très présente pour eux, attentive à ce qu’il font, comment et avec qui. Sans mon cocon autour de moi, je dépéris...

Sabrina Jacobs

  • 15/6/1970: Naissance à Ixelles
  • 1997 : Diplômée en Communication à l’IHECS
  • Depuis 1998: Présente la météo sur RTL-TVi
  • 2006: Epouse Laurent, ingénieur civil
  • 2007: Naissance de son fils Emilien
  • 2009: Naissance de sa fille Lison
  • Depuis 2018: Présente « La Maison de mes rêves »
  • Depuis 2021: Présente « Histoires de familles »

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