La voiture électrique, une opportunité de plus en plus abordable
L’Europe s’est prononcée sur l’interdiction de vendre des voitures et des camionnettes neuves à moteur thermique à compter de 2035. Une opportunité pour les investisseurs et la mobilité électrique?
Dans l’ensemble de l’Union européenne, près d’une voiture neuve sur 10 vendue en 2021 était entièrement électrique selon les chiffres de l’ACEA (European automobile manufacturers association). Et la tendance est à la hausse puisque la part des voitures électriques (VE) était de 14,2% au quatrième trimestre, cinq fois plus qu’au cours des trois derniers mois de 2019. En Norvège, où le pays investit dans l’électrification du parc automobile depuis de nombreuses années, la part des VE a même atteint 65% en 2021. Les gros acheteurs de voitures s’intéressent aussi de plus en plus à l’électrique à l’image de la société de location de voitures Hertz qui a commandé 100.000 Tesla. Au niveau mondial, les spécialistes de BloombergNEF évaluent que les achats de VE ont bondi de 90% à 244 milliards $ l’année dernière.
Les constructeurs oublient le diesel
Ces deux dernières années, le développement des VE a dépassé toutes les attentes, tout particulièrement en Europe et en Asie, et les observateurs prévoient que cette tendance va se poursuivre. La première raison est le contexte réglementaire. L’année dernière, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a ainsi durci les objectifs de réduction de consommation afin d’accélérer l’électrification. En Europe, une étude de l’ONG environnementale Transport & Environment estimait ainsi que les constructeurs devraient vendre au moins 9% de VE et 6% d’hybrides rechargeables en 2025 pour respecter la réglementation prévue.
En Bourse, les constructeurs automobiles font partie des actions affichant les ratios de valorisation les plus faibles.
Des objectifs qui ont déjà été dépassés l’année dernière, signe que d’autres éléments entrent en jeu. Il existe évidemment d’autres incitants publics comme les zones de basses émissions ou des avantages fiscaux. Mais on peut aussi épingler la stratégie des constructeurs automobiles. Ces derniers ont arrêté le développement de moteurs diesels qui disparaîtront des catalogues en 2026. Au niveau de l’essence, de plus en plus de constructeurs, dont Volkswagen, Stellantis (Peugeot, Opel, Fiat, Chrysler...) ou General Motors, se contentent d’améliorer leurs moteurs existants, mais n’en développent plus de nouveaux.
Baisse des prix
L’une des principales explications de la récente percée du VE est toutefois la baisse des prix. Avec des modèles comme la Tesla Model 3 ou la Volks- wagen ID. 3, l’électrique se développe dans le moyen de gamme, grâce à la réduction du coût des batteries. Selon les spécialistes de BloombergNEF, le coût réel des batteries a chuté de 89% depuis 2010, passant de plus de 1 200 $ à 132$ par kWh. Pour une voiture moyenne avec une batterie de 60 kWh, le coût est donc passé de 72 000 $ à 7 920 $. Et la tendance reste orientée à la baisse avec un coût qui devrait passer sous 100 $ par kWh en 2024.
Les économies d’échelle permettent aussi de réduire les coûts, tout comme le développement de modèles uniquement électriques avec une architecture simplifiée. Herbert Diess, CEO de Volkswagen, avait ainsi souligné que l’ID. 3 était 40% moins chère à produire qu’une Golf électrique, bien que ces deux modèles soient comparables. Progressivement, l’écart de prix entre VE et moteurs thermiques devrait ainsi s’amenuiser et ensuite, s’inverser. Selon les analystes de BloombergNEF, la parité devrait être atteinte pour le prix hors taxe en Europe en:
- 2025 pour les utilitaires légers ;
- 2026 pour les voitures des segments C et D et les SUV ;
- 2027 pour le segment B (citadines) et les grosses camionnettes.
Tesla le plus rentable
Combiné aux coûts d’utilisation moindres du VE (carburant moins cher, entretien réduit, taxes), les perspectives sont donc au beau fixe, ce qui fera de nombreux gagnants et perdants dans le secteur. Du côté des constructeurs, rappelons l’importance des économies d’échelle, de l’intégration verticale (production des batteries), de la robotisation et de la conception de VE. Tout cela permet à Tesla d’être le constructeur automobile le plus rentable du monde, avec une marge opérationnelle de 12,1% en 2021.
Une voie qu’ont choisi de suivre Volkswagen ou Ford notamment. Les deux groupes développent des modèles purement électriques, construisent dans des usines de production de batteries et investissent dans le numérique. Toutefois, les prévisions à long terme demeurent ardues. Ce qui explique la prudence des investisseurs. En Bourse, les constructeurs automobiles font partie des actions affichant les ratios de valorisation les plus faibles. Le potentiel de redressement est donc élevé, tout comme les risques: concurrence de nouveaux acteurs (comme Tesla, Rivian, BYD...), impact de l’électrification sur les marges, coût de la transformation des outils de production, etc.
Les Belges qui cartonnent
Les investisseurs ont plutôt tendance à favoriser les fournisseurs comme le Belge Umicore. Leader mondial des catalyseurs automobiles, il s’est développé dès la fin du XXe siècle dans les batteries au lithium. Il figure ainsi parmi les principaux fournisseurs de matériaux pour cathodes (borne positive) et recycleurs de batteries pour VE. Après un quasi triplement de son bénéfice entre 2017 et 2021, le groupe prévoit un ralentissement en 2022-2023, ayant mal évalué l’évolution de la demande. Mais il investit pour profiter de la croissance du VE ensuite.
Toujours en Belgique et sur Euronext Bruxelles, Melexis est un spécialiste des puces pour l’industrie automobile. Le groupe profite pleinement de l’électrification et la numérisation. Selon GAM Research, la valeur des semi-conducteurs par voiture devrait progresser de 10% par an pour atteindre 630 $ en moyenne au milieu de la décennie. Aux Pays-Bas, Fastned est le spécialiste européen des stations de recharge. L’année dernière, son nombre de clients actifs a plus que doublé à 112.000 et son chiffre d’affaires a bondi de 154%. La société cotée sur Euronext Amsterdam veut atteindre 1.000 stations de recharge en Europe contre 188 fin 2021 .
Investir via un fonds
Plutôt qu’essayer de trouver les entreprises les plus à même de profiter de l’électrification, vous pouvez opter pour un fonds. L’ETF ou fonds indiciel iShares Electric Vehicles and Driving Technology (code ISIN: IE00BGL86Z12 ; Bourse de Francfort ; frais annuels de 0,40%) investit au niveau mondial dans le VE avec 88 positions notamment dans Tesla, le spécialiste des puces Nvidia, Ford ou le groupe chinois BYD.
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