Des enceintes à votre écoute
En plus de diffuser de la musique, les enceintes de dernière génération répondent à vos questions et appliquent vos ordres.
A l’exception de quelques créations originales mettant des courbes à l’honneur, les enceintes acoustiques sont souvent vues comme un mal nécessaire : un coup de poing dans l’oeil sur le plan esthétique, particulièrement complexe à harmoniser avec des meubles de style, et aggravé par les câbles disgracieux qui le relient à la chaîne Hi-Fi. Oui, mais sans elles, pas de Beethoven, de Beatles ou de Stromae. Vivre sans musique ? Impossible pour beaucoup d’entre nous. Voilà ce qui explique le succès des enceintes Bluetooth et des systèmes multi-rooms. Désormais, on emporte sa musique avec soi, on en profite non seulement dans le salon, mais aussi dans la cuisine, la chambre ou le bureau. C’est cette omniprésence dont les fabricants cherchent aujourd’hui à tirer parti en rendant leurs enceintes » intelligentes « . Le téléphone mobile, la télévision ou la montre voient ainsi arriver un nouveau membre dans le club des appareils et objets » smart « .
Ne bougez plus, mais parlez
Pour être qualifiée d’intelligente, une enceinte doit d’abord être connectée à internet, avec ou sans câble. Elle doit ensuite remplir plusieurs fonctions en plus de diffuser votre musique préférée. Et enfin, elle doit être équipée de micros afin de pouvoir réagir à la voix et aux commandes de l’utilisateur.
L’idée est en effet de doter l’enceinte de capacités d’écoute, de réponse et d’interactions avec d’autres objets connectés domestiques. En gros, vous allez d’abord capter son attention en prononçant un mot-clé – variable selon le fabricant – et ensuite poser votre question ou donner un ordre. Vous allez, par exemple, demander quel temps il fera demain ou commander l’allumage de l’éclairage. Dans le premier cas, une voix synthétique – assez naturelle – vous répondra qu’il fera sec avec des températures allant de -2 ° à +5 °C. Plus besoin d’ouvrir son ordinateur, plus besoin de se déplacer jusqu’à l’interrupteur : il suffit de parler, depuis son divan, son lit ou même la baignoire. Bienvenue dans le XXIe siècle !
Si le concept surprend au premier abord, on s’y habitue assez vite. C’est qu’une fois installé, le système est pratique, rapide et efficace. Mais tout n’est pas simple pour autant.
Des standards à la pelle
Si la plupart des grands noms de l’électronique se sont lancés sur la voie des enceintes connectées, c’est parce qu’ils sont convaincus qu’elles vont occuper une place importante dans notre vie numérique.
L’enjeu est de taille et entraîne une forte concurrence entre les géants que sont Amazon, Apple, Google ou encore Microsoft. Et elle se traduit par des amorces différentes. Pour avertir l’enceinte Google Home que vous allez lui parler, vous devrez dire : OK Google. Si vous vous adressez à l’Echo d’Amazon, il faudra débuter votre intervention par le mot-clé Alexa. Avec le tout dernier produit d’Apple, l’enceinte HomePod, vous ferez appel à la technologie HomeKit et à l’assistant virtuel Siri. Comme vous le faites peut-être déjà aujourd’hui avec votre iPhone, votre iPad ou votre Mac. Chez Microsoft, vous réveillerez l’agent numérique intégré à Windows 10 en lançant Hey Cortana...
En vous incitant à choisir sa solution, chaque fabricant cherche à vous attirer vers son écosystème. Et à vous y enfermer. Cette volonté se traduit par le cloisonnement des approches, l’une par rapport à l’autre.
Une exception : voici quelques mois, Amazon et Microsoft ont annoncé l’interopérabilité d’Alexa et de Cortana. Avec cette compatibilité, les deux entreprises américaines espèrent se renforcer face à Apple et Google, mais aussi Samsung. Depuis plusieurs années, le géant coréen cherche à habituer les utilisateurs de ses smartphones aux atouts de son propre assistant personnel, baptisé S Voice. On pourrait prochainement le retrouver dans de nombreux autres produits : téléviseurs, réfrigérateurs, etc. À ce stade, chacun de ces géants tente de séduire ceux qui n’ont pas développé de solution particulière. Le but est de pouvoir afficher un maximum de partisans pour apparaître plus fort que le concurrent. En se disant que, tôt ou tard, certains seront éjectés de la course.
Afin d’éviter d’être piégés en choisissant le mauvais cheval, certains préfèrent en soutenir plusieurs. Ainsi, la nouvelle et remarquable enceinte du spécialiste Sonos, la One (229 euros), va offrir la compatibilité tant avec l’assistant virtuel d’Amazon que celui de Google.
En Belgique, un jour...
Pour la plupart, ces concepts ont été lancés aux Etats-Unis et dans d’autres grands pays voici plusieurs mois ou même plusieurs années. Mais ils tardent à arriver en Belgique. Outre la petite taille de notre marché, c’est son côté multilingue qui pose problème. L’intelligence artificielle d’une enceinte connectée doit lui permettre de comprendre la personne qui lui parle et de lui répondre dans sa langue. C’est un logiciel qui se charge de l’opération. Et sa mise au point doit être affûtée pour chaque langue. Chez nous, la situation est complexe : les fabricants ne savent pas qui va utiliser leurs produits. Us doivent donc les rendre compatibles français, néerlandais, allemand et même anglais. C’est probablement pour cette raison qu’ils ne montrent aucun empressement à lancer leurs systèmes dans notre pays.
Nous disposerons ainsi d’un peu de temps supplémentaire pour réfléchir au concept. C’est que, à l’image des recherches que nous effectuons via Google, toutes les questions que nous formulerons verbalement à votre enceinte connectée seront analysées, mémorisées et associées à votre compte d’utilisateur. De quoi permettre à Google d’affiner sa connaissance des goûts et intérêts de chacun... afin de pouvoir vendre des publicités encore plus ciblées. L’enceinte dite intelligente écoute (et répond à) la voix de son maître. Reste à savoir qui est réellement ce dernier.
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