6 questions à André Remy de Sois Belge et tais-toi !
Pour son 20e anniversaire, la revue politico-satirique revisite ses meilleurs sketchs, parodies, imitations, personnages... Une sorte de spectacle » Best tof » plein d’autodérision, coécrit par André Remy (81 ans) avec son fils Baudouin.
Quel est votre plus beau souvenir de ces 20 ans de Sois Belge et tais-toi ?
Je n’aime pas choisir, je n’ai que des bons moments ! Je ne suis pas comédien, je suis un prof qui a été journaliste sportif mais l’enfant que j’étais a eu besoin de cela. On fait de l’humour, on rit, pour chasser des idées insoutenables. Quand on abandonne ça, c’est douloureux. Donc, je n’ai jamais voulu abandonner, ça a été ma vie. J’ai perdu ma maman très jeune et un petit garçon ne guérit jamais de la mort de sa maman. Jamais... Donc j’ai dû rire non pas pour exorciser, quand je ris, je n’oublie pas mais c’est un médicament positif.
Pensez-vous à la retraite ?
Je suis en retraite mais je vais essayer de ne pas y aller complètement parce que je crois que c’est très mauvais d’arrêter quand on a eu une activité comme j’ai eue toute ma vie ! Cependant, il va falloir que je ralentisse le rythme car travailler parfois 10 à 12h par jour, ce n’est plus de mon âge. Ecrire les chansons, un vrai labeur ! Je dois déjà en avoir fait 700 ou 800, plus qu’on en utilise ! Pour que ce ne soit pas plat, que les gens comprennent tout de suite l’intention, c’est un boulot, hein !
Vous avez quelques numéros. Pas trop compliqué de retenir tous vos textes ?
Dans la plupart des cas, je n’ai pas de textes trop longs et, dans les chansons, je me fais aider par un prompteur. Dans une conversation à toute vitesse, ça va trop vite, le prompteur !
Qu’est-ce qui vous fait le plus rire dans la vie ?
Aaah, l’humour très spirituel, « la fête de l’esprit » ! Tant qu’il y a de l’esprit, que c’est finement dit, que ça a de la gueule, qu’on signifie aux gens qu’on fait ça pour s’amuser... Ce n’est pas comme quand on vient de lâcher une grosse vanne épouvantable pour choquer. Ce qui est drôle n’est jamais vulgaire. On peut se moquer mais il ne faut pas être méchant.
Quel est l’événement politique le plus surréaliste qui vous a marqué ?
Ah mais c’est tous les jours ! Ces types sont en train de se défendre dans Publifin et tout ça, ils sont étonnés qu’on les pourchasse ! Quand Sois Belge a commencé, il y a vingt ans, c’était l’affaire Agusta (il chante : Qu’est-ce qui vole, qui fait du bruit et qui coûte cher ? un hélicoptère...). On en est où maintenant ? Il y a vingt-cinq ans, on réformait l’enseignement. Aujourd’hui, on est reparti dans une nouvelle réforme. Mais c’est un pet de chat ! J’aime beaucoup les profs pour leur courage car ils font un métier difficile mais il y en a plein qui devraient être autre part que là. J’ai été mis à la porte de trois collèges pour avoir testé la crédibilité de mes professeurs dès l’âge de 14 ans. J’estimais qu’ils prenaient des postures : celle du personnage gentil avec toi, celle du méchant qui fait peur, qui est sévère... C’est du cirque ! Je ne les prenais pas au sérieux, ils ne m’impressionnaient pas. Avant d’enseigner, un prof doit avoir une personnalité, être enthousiaste comme quand on écoute Luchini parler de la littérature, être franc, pas jouer la comédie devant les élèves pour les impressionner.
De tous les personnages que vous avez interprétés dans Sois Belge, lequel avez-vous préféré ?
Le pape Jean-Paul II (il l’imite en bredouillant) parce qu’il avait un langage, on ne comprenait plus rien. C’est gai à faire et les gens ne savent plus s’arrêter de rire!
Dates et lieux de la tournée de « Sois Belge et tais-toi. Le grand Vingtième » : www.soisbelge.be. Au moment où nous écrivons ces lignes, André Remy n’est pas sur scène pour cause de maladie.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici