Guillaume Canet : » J’adore la Belgique ! «
A l’occasion du Festival du Film de Gand, le Français Guillaume Canet était dans la ville pour présenter son quatrième long métrage » Blood Ties « , un polar tourné en anglais à New York. Plus Magazine a rencontré ce réalisateur-acteur tout à fait charmant...
Pourquoi avoir réalisé un remake des » Liens du sang » (film de Jacques Maillot qui se déroulait à Lyon), sorti en 2008, dans lequel vous teniez le rôle principal ? Vous n’étiez pas satisfait de la version française ?
Si, si, j’étais très satisfait de la version française, j’ai adoré tourner dans » Les liens du sang « , j’ai adoré le film ! Simplement, en lisant le scénario, je ne sais pas pourquoi mais je voyais cette histoire dans le New York des années 70. J’ai toujours été fasciné par le cinéma indépendant américain des années 70 et du coup j’ai grandi avec des films comme Panic in Needle Park et les premiers Martin Scorsese. Je me suis toujours dit que cette histoire aurait fait un super film aux Etats-Unis. Mais il s’agit plus d’une adaptation que d’un remake : on n’est plus dans la même culture, on n’est plus dans le même pays, il y a des personnages qu’on a supprimés, d’autres qu’on a ajoutés.
Comment un réalisateur français se fait-il une place aux Etats-Unis ?
C’est toujours un peu compliqué parce qu’on a l’impression de refaire un premier film. Il faut réussir à s’imposer. On fait face à des nouvelles règles, à une autre manière de travailler. Par exemple, on n’a pas le droit de parler directement aux figurants, il faut passer par le premier assistant qui se trouve devant soi pour transmettre le message. C’est une règle un peu absurde qui fait perdre du temps. Aussi, pour mes films, j’avais pris l’habitude de travailler avec la même équipe, avec qui j’entretenais une vraie complicité alors qu’aux Etats-Unis, les gens ont l’habitude de passer d’un tournage à un autre. Par ailleurs, New York est une ville compliquée pour les autorisations de tournage.
Le polar tourne autour de l’amour mais aussi de la rivalité entre deux frères aux choix de vie opposés, l’un est policier, l’autre truand. Ce thème vous tient-il à coeur car vous éprouvez le manque d’un frère?
C’est vrai que cette histoire m’a toujours fasciné parce que, même si j’ai deux grandes soeurs, j’ai toujours rêvé d’avoir un frère. J’ai toujours eu des rapports très forts avec mes amis et d’ailleurs ceux qui sont très proches, je les considère comme des frères. Ce qui me passionnait aussi c’est la relation familiale qui prouve que, quoi qu’il arrive, on n’arrive jamais réellement à tourner le dos à sa famille car il y aura toujours... ces liens du sang.
Vous reconnaissez-vous dans les traits de caractère de l’un ou l’autre personnage ?
On se reconnaît toujours un peu, oui. Je me retrouve dans le côté un peu obstiné, droit, de Frank (le policier, ndlr), dans la volonté d’être une bonne personne, avec tout ce que cela comporte de doutes et de prises de tête ! (rires)
Vous avez là un casting prestigieux... Les acteurs étaient de suite partants pour ce projet ?
Je suis passé par des stades très différents parce qu’il y a eu des refus de certains comédiens comme Mark Wahlberg. Il devait jouer le rôle du grand frère mais il s’est finalement rétracté. Cependant, c’était un mal pour un bien car j’ai eu des acteurs totalement disponibles pour qui jouer ces rôles représentait un vrai cadeau.
Vous n’avez pas voulu jouer vous-même dans ce film?
Non, non, non ! C’est trop de travail !
Notre compatriote Matthias Schoenaerts joue un rôle, petit mais important. Pourquoi l’avoir choisi?
Je me suis pris une grande tarte quand j’ai vu le film » Rundskop » dans lequel je le trouve vraiment fantastique ! Ensuite, je l’ai rencontré pendant le tournage du film » De rouille et d’os « . Je n’ai surtout pas vu la même personne que j’avais vue dans » Rundskop « , ce qui est toujours une qualité chez un acteur. Et quand j’ai vu le film, alors là j’étais complètement conquis et j’ai vraiment eu envie de travailler avec lui. Il est très sympathique, ouvert et bosseur.
Vous collaborez souvent avec votre compagne Marion Cotillard. Est-ce que ça ne pose jamais de problème ?
Je travaille avec elle avec un immense plaisir. Je pense que c’est une des plus grandes actrices qu’on ait aujourd’hui parce qu’elle est, au-delà de son talent d’interprétation, extrêmement généreuse sur un plateau. Et elle ne se pose jamais la question de savoir si elle a raison ou tort de faire confiance au metteur en scène. A partir du moment où elle accepte un film, elle l’accepte à 200 %.
A la maison, vous avez d’autres sujets de conversation que le travail ?
C’est plus compliqué pour elle...Quand on rentre le soir à la maison, on a envie de décompresser un peu. Mais quand le réalisateur rentre, il pense à tous ses problèmes et les raconte. Du coup, c’est difficile pour elle de se déconnecter un peu du film surtout qu’une actrice n’est pas censée entendre tous les problèmes internes au film.
Votre fils Marcel a des parents célèbres. Parvenez-vous tout de même à lui offrir une enfance » normale » ?
Nous nous efforçons de le faire... Nous n’avons jamais parlé de notre vie privée et nous n’avons jamais voulu mettre en avant cette notoriété. Il vit donc avec des parents qui ont la tête sur les épaules.
Songez-vous à arrêter d’être acteur pour vous consacrer entièrement à la réalisation ?
Non, non, car ce sont deux manières de s’exprimer totalement différentes. J’apprends beaucoup dans les deux cas. Le plaisir que j’ai à raconter une histoire en tant que metteur en scène est très intense mais il peut être aussi très frustrant parce qu’on n’a pas cette expression physique de sortir une émotion ou de jouer quelque chose. Et je me suis rendu compte que j’en ai réellement besoin.
A quand un film tourné en Belgique ?
Je ne sais pas encore... Mais pourquoi pas ? Pour l’instant, ce n’est pas prévu.
Vous connaissez notre pays ? Qu’en pensez-vous ?
J’adore la Belgique ! J’ai passé ici des moments formidables notamment lors du tournage de « Jeux d’enfants ». L’équipe était géniale ! Je suis revenu pendant l’été parce que Marion tournait dans le film des frères Dardenne. Les Belges sont très gentils et très simples, dans le bon sens du terme.
Pouvez-vous donner aux Belges trois bonnes raisons d’aller voir votre film ?
- C’est une sorte de tragédie grecque très forte et les histoires de famille, les liens du sang, touchent tout un chacun.
- Les fans des années 70 vont être servis, entre la musique, les images ...
- Le casting comporte une pléiade d’acteurs formidables.
Blood Ties, dès le 30 octobre dans les cinémas belges.
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