Qui a peur de la cortisone?
Lorsque le médecin nous prescrit un traitement à base de cortisone, nous sommes souvent effrayés. Pourtant, ses effets secondaires ne sont pas inéluctables. La cortisone se révèle même parfois très utile !
La cortisone est souvent le traitement (ultime) des inflammations tenaces, des problèmes de peau et des graves affections rhumatismales. Pourtant, malgré son efficacité, elle effraie les patients. C’est que la cortisone a plutôt mauvaise réputation en matière d’effets secondaires !
La cortisone peut en effet provoquer de la rétention d’eau ou de l’ostéoporose, susciter des sensations d’euphorie ou de dépression, voire léser certains tissus corporels. Elle augmente aussi le taux de sucre dans le sang, avec le risque, à long terme, de voir se développer un diabète chez les patients prédisposés. Enfin, la cortisone met le système immunitaire à rude épreuve. Résultat, l’organisme devient plus sensible aux infections. Ce dernier effet secondaire explique que les patients traités à la cortisone de manière chronique sont considérés comme étant à risque en cas d’épidémie de grippe, par exemple.
Lorsqu’on doit suivre un traitement d’une à trois semaines, on ne souffre en général pas d’effets secondaires. » Les inconvénients d’un traitement prolongé à la cortisone sont tout sauf bénins, admet le Pr Guy Haegeman (du Laboratoire d’expression génique eucaryote et de transduction signalétique Legest à l’Université de Gand). Cela s’explique par la double action du médicament. La cortisone est une variante du cortisol, une hormone que nous sécrétons et dont la production ainsi que le transport sont sous contrôle. Notre organisme la libère pour faire face aux situations de stress. Elle contribue à supprimer les foyers inflammatoires et permet de libérer nos réserves d’énergie au bon moment, pour que nous n’en manquions pas en cas de besoin. D’où l’augmentation du taux de sucre dans le sang qui accompagne ce phénomène. La cortisone a les mêmes effets sur l’organisme que le cortisol mais son action est bien plus puissante. »
Alternative requise
Des laboratoires du monde entier se penchent sur l’action précise de la cortisone comme anti-inflammatoire mais, dans le secret du laboratoire du Pr Haegeman, le Dr Ilse Beck a d’ores et déjà réussi à soulever un coin du voile. Elle a, en effet, découvert que la cortisone pouvait physiquement chasser la protéine MSK1 du noyau cellulaire vers le plasma cellulaire, ouvrant ainsi une piste extrêmement intéressante dans la recherche d’une alternative à cette molécule. On espère, en effet, découvrir un médicament qui présente une des deux caractéristiques de la cortisone (l’aspect anti-inflammatoire) mais pas la seconde (le volet énergétique).
» Nous ne nous attendons pas à la panacée, reconnaît le Pr Haegeman. Le fonctionnement de l’hormone du stress est bien trop vaste et trop compliqué pour cela. Mais une des pistes de recherche consiste à séparer les deux principaux effets de la cortisone en créant ou en isolant une molécule cortisone- like. Dans notre laboratoire, nous avons découvert une subs-tance qui fonctionne jusqu’à présent de manière très satisfaisante dans les tests menés sur des animaux. Elle provient du désert de Kalahari, en Namibie. Je l’ai découverte par hasard, lors d’un voyage en Afrique. L’industrie pharmaceutique n’y accorde que peu d’intérêt. L’autre piste, creusée par ma collaboratrice le Dr Karolien De Bosscher, est la thérapie combinée. Il s’agit d’administrer de plus petites doses de cortisone – d’où de moindres effets secondaires – en association avec une autre molécule permettant d’obtenir une action anti-inflammatoire aussi puissante, voire plus. Notre équipe a découvert que l’usage coordonné de dérivés de la cortisone et d’un certain type d’anti-cholestérols limitait sensiblement les effets néfastes de la prise de cortisone. »
Usage local de préférence
» Une autre solution consiste à lutter contre les foyers inflammatoires à l’aide d’une classe de médicaments dits » AINS » (non-stéroïdiens), qui n’ont hélas qu’un succès relatif. » En attendant qu’on trouve une alternative valable, la cortisone demeure incontournable dans bien des cas. » Elle est utilisée contre la plupart des affections inflammatoires, qu’elles soient aiguës (ex. les irritations cutanées) ou chroniques (dans le cas de l’asthme ou des rhumatismes). Mais comme son usage à long terme occasionne des effets secondaires indésirables, on essaie autant que possible de l’administrer localement. Son action se limite alors à l’endroit de l’inflammation, évitant ainsi que la substance ne circule dans tout l’organisme, comme c’est le cas pour les prises orales. »
Aucune inquiétude, donc, avec les pommades à base de cortisone qu’on prescrit en cas d’affections cutanées. On ne peut cependant pas les utiliser trop longtemps, car la cortisone affine la peau. Une crème à la cortisone résout assez vite le problème, ce qui permet d’arrêter le traitement avant l’apparition du moindre effet secondaire.
Le dosage des inhalateurs à la cortisone prescrits contre certains problèmes respiratoires et en cas d’asthme est si faible que les effets secondaires sont minimes. Les injections à base de cortisone pour lutter contre une inflammation des tendons, par exemple, sont moins inoffensives. Chez les sujets très sensibles, on a déjà constaté des atteintes de la graisse sous-cutanée. Celles-ci se signalent par de vilaines taches, qui finissent cependant par disparaître. En dépit de ses éventuels effets secondaires, la cortisone soigne efficacement les problèmes inflammatoires.
Prudence !
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