Reprendre des cours: les stratégies pour réussir
Que ce soit par intérêt personnel ou pour se réintroduire dans le monde du travail, qu’il s’agisse d’un cours d’espagnol ou d’un cursus universitaire, nous sommes nombreux à retrouver le chemin des cours, à 50 ans et plus.
Reprendre des études après des années de carrière a quelque chose d’angoissant. Plus que le fait de se retrouver dans un amphithéâtre, c’est surtout la quantité de matière qu’il faudra assimiler qui inquiète. Car il faut combiner études, vie de famille et, parfois, travail. Car on a l’impression qu’avec le temps, la mémoire s’altère, qu’il est plus difficile de retenir des informations. « Or, quel que soit l’âge, il y a toujours des capacités d’apprentissage qui sont préservées, cela a été prouvé par plusieurs études, rassure Philippe Peigneux, professeur en neuropsychologie clinique à l’ULB.Mais cela nécessite un peu plus de temps, un peu plus de structuration. »
En d’autres termes, sauf dans le cas de pathologies telles que la maladie d’Alzheimer, ce n’est pas tellement la partie « mémoire » de la fonction cérébrale qui poserait des difficultés, mais plutôt les capacités d’attention, de structuration, ou la vitesse de traitement de l’information. Reprendre des études n’a donc rien d’impossible, moyennant quelques stratégies d’apprentissage et d’organisation à mettre en oeuvre.
Choisir des études adaptées
C’est une bonne chose d’être ambitieux, mais... si vous êtes unilingue et que vous optez pour des cours de chinois, vous risquez fort de pédaler rapidement dans la choucroute. Choisissez des études en lien avec vos affinités et vos compétences. Ou, si vous voulez vraiment relever un grand défi, veillez à disposer de tous les outils pour y arriver, quitte à suivre des formations préparatoires !
Se renseigner sur les aides et possibilités de financement
S’il est possible de prendre un congé sabbatique pour suivre des études, mieux vaut ne pas « lâcher » complètement son boulot – ce qui pourrait être mal vu par l’employeur – et opter pour un congé-éducation payé dans le secteur privé ou un congé-formation dans le secteur public. Ce type de congé constitue un droit des travailleurs de suivre des formations reconnues et de s’absenter du travail quelques heures avec maintien de leur rémunération.L’employeur ne peut pas refuser mais doit marquer son accord sur la prise du congé.La plupart des écoles supérieures proposent, en outre, des services d’aide à l’étude, de remédiation, voire des crèches réservées aux enfants de leurs étudiants.
Impliquer la famille et son entourage
Reprendre des études – surtout si vous poursuivez votre carrière en parallèle – implique nécessairement de devoir travailler les soirs et les week-ends. Mieux vaut donc s’assurer du soutien de vos proches, en leur expliquant les raisons pour lesquelles vous estimez nécessaire de reprendre des études. « Même si c’est parfois dur pour eux, surtout les enfants, ils acceptent alors plus facilement que vos études empiètent sur votre vie familiale et sociale, explique Françoise Peeters, qui a repris des études d’assistante en dentisterie il y a quelques années. Le fait d’impliquer les proches permet aussi de recevoir des coups de main : lors de mes blocus, ma belle-mère s’occupait du repassage. »
Faire tester sa mémoire
Si vous avez des interrogations sérieuses quant à l’état et à l’efficacité de votre mémoire, il est tout à fait possible d’évaluer celle-ci auprès d’un neuropsychologue. « On ne teste pas que la mémoire, car cette fonction n’est pas indépendante des autres fonctions cérébrales, ajoute le chercheur de l’ULB. Or, il arrive que les soi-disant problèmes de mémoire ne soient pas liés à la mémoire proprement dite, mais à des problèmes attentionnels ou exécutifs : certains ont du mal à retenir l’information parce qu’ils deviennent plus distraits mais, fondamentalement, leur mémoire se porte très bien...«
Etaler son travail dans le temps
Avec l’âge, la perception du temps qui passe s’accélère, les heures semblent s’écouler plus vite. A contrario,le traitement de l’information a tendance à se ralentir : l’information est toujours assimi lée, mais cela se fait plus lentement. « Si trop d’infos arrivent trop vite, vous serez obligatoirement débordé par celles-ci. » Rien ne sert donc d’essayer d’avaler la matière à toute vitesse et en grande quantité, comme parviennent à le faire certains jeunes étudiants : mieux vaut privilégier un travail constant mais plus étalé dans le temps.
Pour ce faire, mé-nagez-vous des plages horaires de travail hebdomadaires/quotidiennes et tenez-y vous fermement. Assurez-vous préalablement de pouvoir travailler dans un environnement calme et propice à l’étude, sans distractions possibles.
Structurer sa matière
Il est généralement impossible d’assimiler toute la matière d’un cours, à la virgule près. C’est encore plus vrai lorsqu’on est plus âgé et qu’on étudie plus lentement : le temps vient souvent à manquer. D’où l’importance accrue d’un cours bien structuré, mettant en exergue les points à retenir absolument. En d’autres mots : il faut nécessairement sélectionner les informations capitales et, de ce fait, réduire la matière à étudier. Sur ce point, les résumés articulés autour de la structure du cours sont très utiles.
Revenir régulièrement sur la matière
« Fixer l’information d’une manière durable, la garder longtemps en mémoire, devient parfois plus compliqué, analyse Philippe Peigneux, Nous avons fait des études sur l’encodage et l’oubli chez des personnes plus âgées et avons remarqué que celles-ci parvenaient à mémoriser une série de données et à nous en reparler 20 minutes après, mais qu’une semaine plus tard, certaines avaient presque tout oublié« . Pour consolider l’information dans sa mémoire, il est donc utile de revenir régulièrement sur la matière.
Il faut également tenter de relier par des liens logiques, par des « trucs » mnémotechniques, les informations non-retenues à celles qui ont été assimilées facilement.
Favoriser la multimodalité
Avec l’âge, l’acuité des sens a tendance à décroître, tout comme la quantité d’informations que nous pouvons en tirer. La lecture – qui fait appel à la vue – sera par exemple moins efficace. Il ne faut donc pas hésiter à augmenter les stimuli pour faciliter la fixation des informations. Pour ce faire, on peut associer aux écrits des représentations visuelles (schémas, diagrammes, images), lire son cours à voix haute, prendre des notes tout en étudiant...
On peut aussi se créer des représentations mentales, en associant par exemple les items à retenir aux pièces d’une maison imaginaire : dans tel tiroir de la cuisine, je range telle information; telle autre information sera rangée dans la salle de bain, etc.
Veiller à sa qualité de vie
La mémorisation et la fixation durable dans la mémoire est intimement liée à la qualité de notre sommeil. Or, avec l’âge, celui-ci est souvent de moins bonne qualité. Traiter les troubles du sommeil (apnées, insomnies, etc.) s’avère donc important. « De même, si vous faites un peu de sport et que votre coeur fonctionne bien, cela aidera à alimenter votre cerveau en oxygène, l’un des deux aliments majeurs du cerveau, avec le glucose, ajoute Philippe Peigneux. Jouer aux échecs, au sudoku, au scrabble, avoir des discussions de fond avec ses voisins constituent par ailleurs des gymnastiques mentales infiniment préférable au fait de rester devant la télé ! »
En période d’étude ou d’examen, faites confiance aux vieilles recettes : veillez à conserver une alimentation équilibrée – ni trop grasse, trop sucrée ou trop lourde, ce qui pousse à la somnolence -, ménagez-vous de vraies pauses, avec de vraies distractions. Pourquoi ne pas s’adonner à une activité sportive modérée(marche, natation...) ? S’adonner à un sport permet d’aérer l’esprit et de faire, l’espace d’un instant, le vide dans sa tête.
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