Le hérisson, quasi-menacé d’extinction: comment l’accueillir dans mon jardin?

Vous pourriez recevoir ces temps-ci la visite d’un gentil hérisson. En automne, il commence à se chercher un abri pour l’hiver. Comment l’accueillir et comment faire en sorte qu’il ait envie de s’installer chez vous?

En milieu rural, mais parfois urbain aussi, il est très possible que vous receviez un de ces jours la visite d’un hérisson qui cherche un logement pour l’hiver. C’est le moment, avant les grands froids. Si vous voulez qu’il reste, aidez-le à trouver chez vous un toit pour hiberner. Ce n’est pas trop compliqué.

Accueillir un hérisson est une bonne chose, mais pas question d’adopter, de transporter, d’acheter ou de vendre un hérisson ! C’est une espèce protégée et capturer un hérisson adulte, c’est risquer de laisser mourir quelques orphelin. Le mieux est d’attendre sa venue en rendant son jardin accueillant...

Une espèce protégée, qui se raréfie

Les hérissons peuvent vivre huit à dix ans. Mais beaucoup ne vont pas jusque-là. Leur première cause de mortalité: la voiture ! En effet, circulant beaucoup, ils traversent souvent la route, lentement, dans le noir... Leurs autres ennemis: la destruction des lisières de forêts, les pesticides, le cloisonnement des terrains et des jardins empêchant leur circulation. Une autre menace qui plane sur l’espèce est le déclin des insectes qui constituent une grande partie de son alimentation. Rien d’étonnant donc si les hérissons d’Europe se raréfient.

Dans la Liste rouge actualisée de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’Erinaceus europaeus est d’ailleurs passé de la catégorie « préoccupation mineure » à « quasi-menacé » d’extinction. Sa population a diminué dans plus de la moitié des pays où il est recensé, essentiellement au Royaume-Uni, Norvège, Suède, Danemark, Belgique, Pays-Bas, Allemagne et Autriche.

Une caisse et des feuilles...

Il doit se sentir en sécurité. Le fond du jardin, éloigné du monde, lui convient très bien. Pour se blottir, un petit tas de branches ou de feuilles mortes ou de foin, ou encore une pile de bûches, bien au sec, peuvent lui suffire.

Vous pouvez aussi lui construire un abri artificiel. Placez à l’envers, sous un buisson, une caisse en bois partiellement remplie d’herbe sèche ou de foin. Ménagez-y une entrée d’une dizaine de cm de côtés. Placez idéalement devant un tunnel de largeur équivalente de 30 cm de longueur, pour éviter que renards et blaireaux, ses seuls prédateurs, aient accès à son antre. L’ouverture doit être orientée au sudest. Couvrez de feuilles ou de foin en veillant à ce que cet appartement 5* soit bien aéré.

Ne pas déranger pendant l’hibernation

Le hérisson est un gros dormeur. Il dort le jour, près de 18 heures ! Ce n’est qu’à la tombée de la nuit qu’il part à la recherche de sa nourriture. C’est pour cela qu’on le croise rarement. Par contre, c’est un sportif : quand il se met à circuler, son terrain de chasse peut s’étaler sur plusieurs hectares.

En hiver, dès que la température passe sous la barre des 10 °C, il entre en hibernation, jusqu’en avril-mai. Pendant ce temps, interdit de le déranger, cela risquerait de le réveiller et de lui être fatal. Par contre, ne vous étonnez pas si vous apercevez parfois de petites traces de pas dans la neige. Il se réveille de temps à autre à moitié, pour faire un petit tour.

Un auxilaire précieux au jardin

Un hérisson au jardin est un auxiliaire appréciable. Limaces et escargots sont un plat de choix pour lui, au grand bonheur du jardinier au moment où les salades pointent le bout du nez. Cet omnivore consomme aussi des chenilles, des mille-pattes, de araignées, de jeunes rongeurs, des lézards, des grenouilles, des cadavres, des fruits, des champignons...

Le hérisson est principalement solitaire. Les individus n’entrent réellement en contact qu’au moment de l’accouplement, après l’hibernation. Et les petits ne restent pas longtemps avec leur maman : après 3 ou 4 semaines, ils se débrouillent seuls. Le père ne s’en occupe jamais...

4 choses indispensables à savoir pour son bien

• Ne le nourrissez pas: et ne lui donnez surtout pas du lait. Son organisme ne le supporte pas. Seulement de l’eau, en cas de grosses chaleurs.
• Le hérisson sait nager: mais il peut se noyer, faute de pouvoir remonter. Placez une planche rugueuse sur les bords d’un étang pour qu’il puisse ressortir facilement.
• L’utilisation de pesticides et de granulés chimiques anti-limaces peut l’empoisonner. A proscrire.
• Pensez à ménager des ouvertures dans les clôtures ou les murs de votre jardin (un espace de 10 cm est suffisant), afin que ce grand marcheur puisse entrer chez vous et crapahuter de jardin en jardin.