Le développement » soutenable « , le retour à l’optimisme
Réchauffement climatique, extinction massive d’espèces animales, pollutions pérennes... Sur le plan environnemental, on nous répète sans cesse que l’avenir de la planète et de l’humanité s’annonce plutôt sombre. Et si face à cette morosité ambiante, on faisait plutôt le pari de l’optimisme et de l’action ? Si l’on passait au » développement soutenable » ?
A l’occasion des 30 ans de Plus Magazine, vous avez répondu à un grand sondage. Le numéro de juin commence à décrypter les principaux résultats de cette enquête. Vos réponses ont notamment démontré votre (très) haut niveau de sensibilisation aux problématiques écologiques et de durabilité. Vous êtes d’ailleurs nombreux à vouloir mieux intégrer ces concepts dans votre vie quotidienne. Reste que, face à l’immensité des enjeux environnementaux, à l’actualité de plus en plus alarmiste, ce défi personnel peut parfois sembler dérisoire, voire complètement utopique. Au niveau individuel, il est facile de basculer dans le découragement, d’autant qu’il n’est pas toujours possible/désirable de revoir drastiquement son mode de vie et de fonctionnement...
Et si, plutôt que de déprimer dans son coin, on y allait plutôt pas à pas, de façon positive, en intégrant les plus de personnes possible ? C’est le pari optimiste du développement soutenable, qui vise à assurer les besoins et le bien-être des générations futures... tout en mettant aussi l’accent sur ceux de l’humanité actuelle. » On ne fera pas de grandes transformations sans les gens : oui, le monde doit changer, mais à un rythme acceptable et en tenant compte des besoins actuels, pour éviter que tout ne casse, que plus personne ne suive le mouvement, détaille Benoît Derenne, directeur de la Fondation pour les Générations Futures (voir encadré). Le développement soutenable, c’est une prise en compte du réel, comme étant un facteur très lourd, dans les choix que l’on doit faire pour le futur. Il ne s’oppose pas aux stratégies du développement durable, mais il traduit un réalisme nécessaire... C’est facile, en tant qu’intellectuel, de dire qu’il faudrait faire ceci ou cela ; mais il ne faut pas perdre de vue que nous vivons dans des sociétés, des économies, des états. Face aux défis environnementaux, le temps de l’entreprise, du citoyen et du politique doivent converger, pas s’opposer... «
Dans cette optique, chaque progrès, chaque évolution vers un » mieux » est bonne à prendre. Et de prendre l’exemple des récents travaux et engagements de la Cop21 ou de l’Europe (qui vont de la réduction des émissions de gaz à effet de serre à la suppression future de l’usage du plastique à usage unique). Les plus pessimistes affirment que ces engagements sont insuffisants, Benoît Derenne pense au contraire qu’il faut s’en réjouir. » Les gens ont l’impression qu’en Europe, on discute à l’infini et que ça débouche sur peu de choses, mais c’est un peu vite oublier qu’en Europe nous sommes précurseurs de beaucoup de transformations profondes. On peut bien sûr espérer toujours plus, mais de grands enjeux commencent à être pris en compte, à évoluer. La société doit inventer un système, un modèle qui n’a jamais existé auparavant, avec une foule de paramètres connectés les uns aux autres. C’est forcément compliqué, mais on avance, même si cela prend du temps ! «
Chacun à son niveau, mais pas tout seul
Sur le papier, l’idée du développement soutenable peut sembler bien belle et enthousiasmante, mais quid du simple citoyen ? Son rôle est ici primordial... pour autant qu’il se mobilise, retrouvant de ce fait une certaine maîtrise sur son avenir. » L’avenir est extraordinairement ouvert et plein d’opportunités. Les gens ont bien pris conscience des enjeux environnementaux, et c’est irréversible. A partir de là, et même si on se dirige vers des temps difficiles, il existe plus que des bouts de solutions. Tout le monde ne dispose pas de moyens colossaux, tout le monde n’est pas mécène, mais chacun peut contribuer, à son niveau et avec ses moyens, à transformer les conditions de vie sur la planète. Nous avons tous l’opportunité d’agir dans des domaines de plus en plus nombreux, en nous penchant par exemple sur nos modes de consommation, sur la vie associative, en devenant acteur d’une transformation qu’on a en partie décidée et pas simplement subie. Mais, pour ce faire, il est important de se rassembler, de réunir les forces et les moyens pour s’investir dans des projets. Et si l’on n’est pas un leader né, il est toujours possible de se greffer à des mouvements déjà existants. «
Plus facile à dire qu’à faire ? Les exemples où les citoyens ont récupéré un pouvoir de décision et ont pu mener à bien des projets dont ils étaient les instigateurs sont légion. Un cas parmi d’autres : à Anvers, un collectif de riverains s’est constitué pour proposer une alternative à l’élargissement du ring, en proposant de l’enterrer. Avec, dans leur projet alternatif qui a finalement été suivi dans ses grandes lignes par les autorités, la création d’espaces verts, une pollution concentrée dans les tunnels et plus facile à traiter... Mais, pour être efficace, l’action ne doit pas toujours être aussi spectaculaire. » Transformer les conditions de vie sur la planète où que l’on soit, simplement créer du bonheur dans sa rue, c’est déjà important. Réunir ses voisins lors d’un souper a déjà tout son sens. En créant du lien, vous participez déjà au changement. Il faut avoir à l’esprit que ce sont des petites choses qui font que le monde se tranformera. «
Le plus dur, finalement, serait de rentrer dans une dynamique positive, selon le directeur de la Fondation : une fois le premier pas franchi, les autres s’enchaînent automatiquement. De quoi regonfler le moral à bloc et donner l’envie de se retrousser les manches, à la recherche de solutions pour demain !
La Fondation pour les Générations Futures, c’est quoi ?
La Fondation pour les Générations Futures est une plateforme philanthropique qui a pour principale mission d’aider à transmettre des valeurs soutenables. » Pour ce faire, le monde étant de plus en plus complexe et interconnecté, nous optons pour une approche systémique des problématiques, à 360°, en prenant en compte les » 4P » : People (l’humain), Planet (l’environnement, l’écologie), Participation (la gouvernance participative), Prosperity (la viabilité économique). «
Ses champs d’action sont pluriels :
· Préparer les cerveaux de demain à penser à 360° en valorisant les travaux de recherche et de fin d’études qui intègrent cette démarche, principalement via le programme HERA ;
· Inspirer nos concitoyens -en particulier les jeunes générations- à agir à 360° dès aujourd’hui en stimulant, soutenant et valorisant les porteurs d’initiatives concrètes qui entreprennent au quotidien pour les générations futures ;
· Investir financièrement à 360° en toute cohérence, pour les générations futures.
Plus d’infos ? www.fgf.be
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici