Naqsh e Jahan, la deuxième plus grande place du monde. © JO FRANSEN

Iran : les trésors cachés de la Perse

Le tourisme a le vent en poupe depuis la levée partielle des sanctions économiques à l’encontre de l’Iran. Et ce fabuleux pays a de nombreux atouts pour attirer les visiteurs. Nous l’avons parcouru pour vous, du nord au sud.

 » L’activité touristique reprend peu à peu, se réjouit le chauffeur de taxi pendant la longue course de l’aéroport au centre-ville. Les visiteurs sont plus nombreux qu’avant, mais le double de presque rien, ce n’est pas grand-chose.  » Quand on annonce son voyage en Iran à sa famille et à ses amis, tous expriment la même méfiance, les mêmes préjugés.  » En Iran? C’est pas dangereux là-bas ?  » C’est exactement ce que m’a demandé un Iranien quelques jours plus tard quand je lui ai dit que je venais de Bruxelles en Europe, tout près de Paris, Londres et Cologne.  » Bruxelles ! C’est une ville sûre ? « .

Le géant blanc

Plus haut que le Mont Blanc, le mont Sabalan est le troisième sommet d’Iran. Le géant blanc domine les hauts plateaux d’Ardabil. Ce volcan endormi alimente les sources d’eau chaude sur ses flancs, dont celles des thermes de Sareyn.

Sabalan, le géant blanc des hauts plateaux d'Ardabil.
Sabalan, le géant blanc des hauts plateaux d’Ardabil.© JO FRANSEN

En été, le lac du cratère attire les marcheurs et les visiteurs moins sportifs qui montent en jeep au camp de base à 3.500 m. À une heure d’Ardabil, nous enfilons les virages en épingle à cheveu creusés entre les murs de neige pour nous rendre au lac pittoresque de Neor, recouvert de glace d’une blancheur immaculée. La route qui vient d’être ouverte au public permet de découvrir un panorama époustouflant à 2.500 m d’altitude. Les chaînes de montagnes blanches étincellent tout autour de nous. Le paysage sera plus beau encore quand la neige aura fondu et qu’un tapis de fleurs recouvrira les hauts plateaux, nous assure Ali, notre guide et chauffeur.

Champions de la débrouillardise

La haute montage est inaccessible en hiver mais à Meshgin Shahr, nous empruntons une piste qui continue à grimper dans un paysage enneigé. Nous logeons à 2.500 m dans un bungalow en pierre construit sur le modèle des tentes nomades traditionnelles. Jusqu’à l’époque du Shah, la région était habitée par de nombreux nomades qui vivaient dans des tentes en feutre, au rythme des saisons. Le mont Sabalan rosit sous les derniers rayons du soleil couchant, le feu crépite dans l’âtre et le vent siffle dans la cheminée. L’impression d’être seuls au monde nous envahit.

 » Internet a changé notre perception du monde, raconte notre hôte. Avant, seuls les médias d’État détenaient la vérité. Aujourd’hui, plus question de nous faire croire n’importe quoi.  » La plupart des réseaux sociaux occidentaux (comme Twitter) sont officiellement interdits mais tout le monde utilise un VPN (Virtual Private Network, une application qui permet de surfer de façon anonyme). Même le président Hassan Rouhani est sur Twitter ! C’est une des nombreuses énigmes de l’Iran. Tout comme l’interdiction des antennes paraboliques que la grande majorité de la population ignore royalement. En matière de débrouillardise, les Perses n’ont rien à envier aux Belges.

Le faste de Téhéran et d’Ispahan

Dans les campagnes, les femmes sont pieuses et vêtues de noir de la tête aux pieds.

Le Bazar de Téhéran.
Le Bazar de Téhéran.© JO FRANSEN

Mais à Téhéran et dans les grandes villes, le voile se porte le plus en arrière possible. J’essaie de m’imaginer la vie dans l’intimité du palais royal du Golestan, une des plus anciennes bâtisses de Téhéran, classé patrimoine mondial de l’Unesco. Le fameux trône du Paon est conservé dans ce gigantesque complexe de palais et de jardins, ancienne demeure du Shah de Perse. Le Golestan, transformé en musée après la chute du Shah d’Iran en 1979, est la curiosité la plus visitée de la capitale.

Un artisan à Ispahan.
Un artisan à Ispahan.© JO FRANSEN

Ispahan, l’ancienne capitale qui a connu son apogée sous le shah Abbas Ier le Grand au XVIIe siècle, se situe à quelque 340 km au sud de Téhéran. Bien que l’art islamique ne représente pas d’êtres vivants, humains ou animaux, les peintures murales du Palais des 40 Colonnes Chehel Sotoun illustrent de nombreuses scènes galantes sous le règne du shah Abbas.

La place centrale Naqsh e Jahan, la deuxième plus grande place du monde, date de la dynastie des Séfévides. Tout autour courent les galeries symétriques du bazar, surmontées d’un monument majestueux aux quatre points cardinaux. La terrasse sur le toit du palais royal Ali Qapu, décorée de fines arabesques, de peintures aux murs et au plafond, offre la même vue qu’au temps du Shah. La place est dominée par les coupoles ovoïdes et les minarets des mosquées, le tout dans des teintes turquoise délicates. Tout autour s’étend le bazar, véritable labyrinthe où les chaudronniers et les orfèvres s’inspirent des élégantes décorations des mosquées séculaires.

La mosquée de Lotfollah.
La mosquée de Lotfollah.© JO FRANSEN

De l’autre côté de la rivière, dans le quartier chrétien arménien de Jolfa, la nouvelle ville se développe dans un joyeux brouhaha. Les peintures murales de la cathédrale de Vank sont de toute beauté. Ce quartier vit essentiellement la nuit. Passé minuit, des couples déambulent sur la place Nasqh e Jahan et au bord de la rivière. Comment ne pas tomber amoureux dans un décor aussi féerique que celui d’Ispahan ?

La nuit dans le désert

Le circuit classique de Téhéran à Shiraz qui passe par Ispahan réserve encore de nombreuses surprises.

Shiraz, célèbre pour ses écrivains, ses vin et ses fleurs.
Shiraz, célèbre pour ses écrivains, ses vin et ses fleurs.© JO FRANSEN

C’est le cas de la ville de Kashan qui abrite un des plus beaux établissements de bains, de nombreuses maisons historiques et de somptueux palais. Dans l’arrière-pays se cachent de gigantesques villes troglodytes, des déserts de sel à l’infini et des temples zoroastriens énigmatiques. Yazd, une des villes les plus chaudes d’Iran, est célèbre pour ses tours de vent, véritables systèmes de conditionnement d’air avant la lettre, qui captent le moindre souffle de vent pour le faire circuler dans la maison.

L'Anar Guesthouse dans l'oasis.
L’Anar Guesthouse dans l’oasis.© JO FRANSEN

A Anar guesthouse, dans la petite oasis d’Aqda, à une heure de route au nord de Yazd, deux jeunes hommes ont transformé une ruine en petit hôtel. A la tombée de la nuit, nous montons sur une des terrasses de toit pour apprécier la fraîcheur du soir. La ville illuminée semble sortir tout droit des Contes des Mille et Une Nuits. Premiers hôtes européens de la guesthouse qui a ouvert ses portes il y a quelques jours à peine, nous profitons pleinement de ce petit paradis sur terre. Nous y séjournons trois nuits, même si la ville d’Aqda n’est pas mentionnée dans la plupart des guides de voyage.

La journée, nous partons découvrir Meybod qui abrite le plus vieux château de boue du pays, un caravansérail restauré et une énorme glacière où les ingénieux habitants du désert avaient trouvé le moyen, il y a plusieurs siècles, de conserver la glace de l’hiver toute l’année. Le dernier soir, nous fraternisons avec des touristes locaux d’Ispahan, nous buvons du thé en dégustant de délicieux petits gâteaux, nous partageons nos souvenirs et écoutons de la poésie perse. Après les douze coups de minuit, nous sautons dans un pick-up avec nos nouveaux amis et roulons dans le désert en chantant et en frappant dans les mains, pour admirer la voûte céleste brillamment étoilée.

Infos pratiques

Y aller : nous avons fait le voyage en avion Charleroi-Téhéran en passant par Istanbul avec la compagnie aérienne lowcost turque Pegasus Airlines, www.flypgs.com

Tour-opérateur : l’organisation du voyage a été confiée au tour-opérateur Iran Silk Road, spécialiste de l’Iran, qui a également programmé les excursions et le séjour à Aqda et Sabalan, www.iransilkroad.nl

Quand y aller : l’Iran se visite toute l’année. Le climat et les paysages sont tellement variés qu’il y a toujours un moment propice pour visiter l’une ou l’autre région, quelle que soit la saison.

Infos : http://office-tourisme-iran.com/

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