Les ruches de Patrick
Patrick Colignon éprouve un grand respect vis-à-vis des innombrables bienfaits que les abeilles apportent à l’Homme et à son biotope. Découverte de son jardin hors du commun...
Certains optent pour des poules. D’autres préfèrent les moutons. Patrick Colignon, un Crupétois de 55 ans, s’est pour sa part tourné vers l’apiculture. Pas vraiment animal de compagnie, l’abeille apporte toutefois beaucoup à cet homme paisible et soucieux de son environnement. C’est en covoiturant avec une apicultrice que l’idée a germé. Mais aussi loin qu’il s’en souvienne, il a toujours été attiré par ces insectes bienfaisants. » Chez mes parents, j’ai retrouvé des magazines dans lesquels, petit, je marquais les pages traitant des abeilles « , confie-t-il. Sa fille étant allergique à leur piqûre, il attendra toutefois son départ de la maison familiale pour se lancer dans l’apiculture.
Se faire conseiller pour commencer
» Il existe autant de techniques apicoles qu’il y a d’apiculteurs, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut se lancer tête baissée dans cette activité « , recommande Patrick. Elle n’est pas hors de portée, mais il faut savoir se faire conseiller dès le départ par un parrain/une marraine, voire en suivant des cours. Connaître le cycle de vie des abeilles est aussi un gage de réussite. Patrick nourrit ses connaissances dans de nombreux ouvrages et aussi au détour de rencontres et de conversations. Deux ou trois ruches suffisent pour commencer. Patrick en possède dix : cinq à l’arrière de sa maison, dans le jardin en contrebas de Crupet, et cinq autres sur un terrain communal d’Yvoir mis à sa disposition.
Redécouvrir la nature en toute saison
L’apiculture pratiquée par Patrick est plutôt traditionnelle et vise à élever des abeilles pour la production de miel, destiné à sa consommation personnelle et à la vente. Si ce travail demande une certaine résistance physique et une grande disponibilité, il lui apprend par ailleurs la concentration et l’attention. » L’apiculture m’oblige à me concentrer sur le cycle des saisons et des floraisons. Je me reconnecte à l’environnement et à la météo. Mais parfois, je prends simplement plaisir à voir les abeilles voler, à les voir favoriser la biodiversité. » Il a pris le parti d’intervenir le moins possible sur leur cycle. Vers la fin de l’automne, il les nourrit en sirop de sucre, en plus de leurs réserves de miel, pour leur permettre de survivre pendant cette période. Car le miel, avant d’être ce liquide sucré qui ravit nos papilles, constitue surtout leur stock d’énergie dont elles ont besoin en hiver. Il est également source de nourriture pour les jeunes larves.
Jamais au repos
Si les abeilles se font invisibles pendant la saison morte, elles n’en sont pas moins inactives à l’intérieur de la ruche. Sans fleurs à butiner, elles se regroupent en grappe et maintiennent une température idéale pour protéger la reine et l’ensemble des oeufs prêts à éclore et à passer l’hiver. Malgré une préparation minutieuse en vue de l’hivernage des abeilles, il arrive que Patrick perde certaines de ses colonies. C’est parfois décourageant, mais il reste confiant jusqu’à l’arrivée des beaux jours. Il ira jusqu’à réunir les colonies les plus vigoureuses qui seront d’attaque lors des premières floraisons. En général, il peut compter sur une récolte comprise entre 20 et 25 kilos de miel par an et par ruche. En 2015, la récolte fut toutefois exceptionnelle avec quelque 40 kilos de miel recueilli dans chacune de ses ruches.
L’abeille et ses vertus
» Le miel est un produit valorisable tant du point de vue commercial que pour la santé« , glisse encore Patrick. Outre le miel, les produits de la ruche sont nombreux et servent l’Homme d’une manière ou d’une autre : la cire est utilisée pour les bougies, mais également en cosmétique; fortifiant exceptionnel, le pollen stimule nos défenses immunitaires; la propolis, sorte de mastic provenant des bourgeons et servant à colmater les fuites d’air de la ruche, est un puissant antiseptique et antibiotique naturel. Quant au venin d’abeille, il soigne les douleurs rhumatismales. Malgré toutes ses connaissances et ses technologies toujours plus pointues, l’Homme est incapable de produire ce que l’abeille lui offre. Ce mystère plaît à Patrick, un homme curieux et attentif qui compare volontiers l’ensemble de la ruche à notre mode de vie. Codifiée, la colonie est un super organisme qui peut inspirer notre humanité. Nous aussi, nous sommes de super organismes avec nos relations imperceptibles. En observant le vaet-vient chorégraphié des abeilles à l’entrée de ses ruches, j’ai ressenti toute l’intensité et la justesse de cette remarque.
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