Allocation universelle: un revenu de base pour tous, c’est possible?

Donner à tous, riches comme pauvres, 1.000€ par mois. Utopique ou réalisable? Et avec quelles conséquences?

On parle de plus en plus, dans le débat politique belge, d’un revenu universel ou d’une allocation universelle.

De quoi s’agit-il ?

De verser par exemple 1.000 € par mois (les propositions varient de 650 à 1.500€/mois) à vie à chacun de ses habitants, sans distinction, quels que soient leurs revenus et sans « contrepartie ». C’est le principe du revenu universel de base aussi appelé revenu inconditionnel ou revenu d’existence. Tout le monde le reçoit dès 18 ans, les pauvres comme les riches. Ce revenu, en Belgique du moins, serait soumis à la progressivité de l’impôt et remplacerait les allocations familiales, de chômage, le revenu d’intégration, les aides à l’emploi, les aides aux entreprises, la couverture des petits risques en matière de santé, mais pas les gros risques : accidents, handicap...

Pas une idée neuve

Cette allocation universelle n’est en réalité pas une idée neuve. Sa paternité revient à Thomas Paine, un intellectuel et révolutionnaire du XVIIIe siècle. Elle éclot seulement aujourd’hui portée par des politiciens de gauche, du centre comme de droite, même si les opinions sont assez partagées sur le sujet. Et si l’idée est séduisante pour lutter contre la pauvreté, elle peut paradoxalement se traduire par une baisse du pouvoir d’achat pour les plus démunis.

Autonomisation des individus

Certains y sont très favorables, comme le MR Georges-Louis Bouchez, car le revenu universel à 1.000 € permettrait une autonomisation des individus tout en réduisant la bureaucratie et en luttant contre la fraude sociale. Philippe Defeyt (économiste, écologiste) y est également favorable, mais en défendant l’idée d’un revenu de base plus modeste qui s’ajouterait à des allocations sociales existantes.

Résorber le chômage, simplifier la bureaucratie?

Certains opposants au revenu de base estiment par contre que ce système va inciter la population à se détourner du travail, notamment des emplois pénibles. Pourtant, le revenu de base entendrait encourager ceux qui touchent des allocations chômage supérieures à 1.000 € par mois à trouver rapidement un emploi. Les adeptes de la mesure pensent que cela pourrait même améliorer la compétitivité des entreprises, car des salaires seront tirés vers le bas (comme chacun a déjà 1.000 € en poche). Rappelons que le revenu universel ne dépend pas des autres revenus, il s’ajoute. Cela simplifierait aussi la bureaucratie. Il n’y aura effectivement plus besoin de vérifier qui travaille ou pas, qui a droit à des allocations, etc.

Le financement ?

Une étude finlandaise, en son temps, a estimé qu’une allocation universelle généralisée lui coûterait près de 47 milliards d’euros par an contre 50 milliards d’euros des dépenses sociales. Le revenu universel de base permettrait donc une économie, sans compter les retombées en matière de simplification administrative.

Fragiliser la sécurité sociale ?

Si certains voient dans l’instauration d’un revenu d’existence un concept novateur pouvant réduire la pauvreté et même constituer un remède face à la stigmatisation des allocataires sociaux, d’autres, par contre, y décèlent plusieurs écueils. Le sociologue Mateo Alaluf expliquait qu’instaurer une telle allocation reviendrait à fragiliser la sécurité sociale et à dédouaner les pouvoirs publics de leurs responsabilités en matière de politiques sociales. Le monde syndical n’y est guère plus favorable y voyant également une remise en cause du système de sécurité sociale et la fin de l’État providence.

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