Comment profiter de la hausse des taux?
Face à l’emballement de l’inflation, les banques centrales ont décidé de relever leurs taux d’intérêt. Ce qui ne se reflète pas réellement sur le rendement des produits d’épargne. Pour en profiter, vous devrez vous tourner vers les obligations.
Dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a porté son principal taux directeur de 0% jusqu’à l’été 2022 à 3,50%. Cette politique affecte directement les ménages et les entreprises en rendant les crédits plus coûteux. En théorie, une telle hausse devrait aussi rendre les produits d’épargne plus attractifs.
En pratique, le rendement des livrets demeure famélique. Le taux offert par les comptes d’épargne classiques plafonne à moins de 1%. Vous trouverez un peu mieux (jusqu’à 2%) en comparant les offres, par exemple sur Guide-Épargne.be. Mais vous devrez vous tourner vers des banques de second plan en Belgique ou vous contenter de formules limitatives comme les comptes d’épargne plafonnant les dépôts à 500€ par mois.
Et le constat n’est pas spécifique au livret. Les taux des comptes à terme peinent aussi à décoller. Seul le compte de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) offre actuellement un taux plus attractif (voir encadré).
Marges de banques
Comment expliquer que le rendement du compte d’épargne reste au plancher dans un environnement de hausse généralisée des taux? Après des années de taux bas, les établissements financiers veulent remplumer leur marge nette d’intérêt. Pour une banque, il s’agit de la différence entre les intérêts perçus sur les crédits octroyés et le coût des financements (comme les intérêts versés pour les dépôts d’épargne).
Le second élément incitant les banques à ne pas relever drastiquement les taux offerts est l’abondance d’épargne. Les dépôts des Belges demeuraient très élevés début 2023: plus 300 milliards d’euros sur les comptes d’épargne réglementés et 330 milliards d’euros sur les comptes à vue selon les statistiques de la Banque nationale de Belgique (BNB). Comparativement, la totalité des prêts hypothécaires représente un encours de 245 milliards euros. Avec une telle quantité de dépôts disponibles, les banques ne sont pas incitées à jouer le jeu de la concurrence (et des taux) pour attirer les épargnants.
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Les obligations comme alternative
Pour profiter de la hausse des taux, vous devrez vous tourner vers les obligations. Pour rappel, une obligation est un titre représentant un prêt émis par une entreprise, un État ou toute autre organisation. Concrètement, vous recevez des intérêts réguliers (chaque trimestre, chaque semestre...) et êtes remboursé à l’échéance du montant principal. Dans le meilleur des cas...
Il arrive en effet que l’entreprise ou l’État, comme la Grèce en 2012, ne puisse pas rembourser (totalement) l’obligation. Il est alors question de défaut de paiement. Une situation qui est extrêmement rare pour les émetteurs les mieux notés par les agences spécialisées. Pour les émetteurs de la catégorie spéculative, le taux de défaut est par contre d’environ 1 sur 30 chaque année.
Le deuxième risque est le type d’obligation. Il existe certains produits spécifiques comme les obligations contingentes convertibles (coco). Les cocos de Credit Suisse ont par exemple été entièrement dépréciées dans le cadre de la reprise de la banque helvétique par UBS. Les obligations les plus sûres sont dites seniors.
Enfin, le troisième risque est la devise. Une donnée qui n’est certainement pas à négliger. Il y a quelques années, les obligations en lires turques (TRY) étaient ainsi assez populaires en raison de taux élevés (>10%). Depuis, la monnaie (et donc l’obligation) a perdu les trois quarts de sa valeur.
Le compte de dépôt de la CDC
La Caisse des dépôts et consignations (CDC), une administration du SPF Finances, offre un taux intéressant pour votre épargne. Depuis avril dernier, il est cependant plafonné à 2,50% brut (1,75% net après retenue du précompte mobilier de 30%). Cependant, ce taux n’est pas fixe, il évolue chaque mois en fonction du coût des dettes de la Belgique (taux des OLO à 1 an) qui dépend lui-même très fortement de la politique de la BCE. Par ailleurs, vous devrez laisser votre épargne sur le compte de dépôt de la CDC pendant au moins un an – en cas de retrait anticipé, votre taux d’intérêt sera de 0%. Si cette formule vous intéresse, rendez-vous sur finances.belgium.be/fr/E-services/e-depo pour ouvrir votre compte de dépôt (lié à votre numéro de registre national).
Comment investir?
Pour investir en obligations comme alternative à l’épargne, vous avez donc tout intérêt à cibler des titres seniors en euros d’émetteurs bien notés (catégorie investissement). Vous pouvez par exemple attendre la prochaine émission de Bons d’État: les derniers en date proposaient des taux de 2,6% et 3%. Ou viser un rendement un peu plus élevé en achetant des obligations d’entreprises de qualité dont le rendement annuel moyen est de plus de 4%. Cela englobe des groupes bien établis comme AB InBev, Volkswagen, Nestlé ou Carrefour.
N’hésitez pas à demander à votre banquier une liste des obligations répondant à ces critères, il pourra vous communiquer l’offre accessible via votre banque. Veillez à ne pas vous engager pour des durées trop longues.
L’investissement via des fonds d’investissement présente un inconvénient majeur: les cours. Le portefeuille est investi sans échéance, ce qui a pour effet que la performance du fonds sur une période donnée dépend du taux des obligations et de l’évolution des cours. Or, sur les marchés obligataires, quand les taux montent, les cours baissent (et vice versa).
Ce qui n’a pas de réel impact si vous conservez l’obligation jusqu’à son échéance puisque le montant remboursé est le même, quelle que soit l’évolution des marchés. Vous pourriez même en profiter pour faire une bonne affaire fiscale. Le cours des obligations a baissé depuis début 2022 de sorte que leur rendement total (intérêts + différence entre le prix de remboursement et le cours) s’aligne sur le taux des nouvelles obligations. Une opportunité, car le précompte mobilier (de 30%) est prélevé sur les intérêts et pas sur la différence de cours. À qualité et rendement total égaux, une obligation avec un cours et un taux plus bas est donc plus intéressante.
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