Guy Legrand
Faut-il se laisser tenter par le dollar ?
Alors que les prévisions sont revues à la baisse dans une Union européenne paralysée par le doute suite aux discussions (sans fin) sur le Brexit, l’économie américaine – et donc le dollar – poursuit sa brillante lancée.
Oui, bien sûr, Donald Trump est imprévisible, donc dangereux. Ses fameux tweets, plus de 3.000 depuis son investiture en janvier 2017, ont à maintes reprises suscité l’étonnement, la colère ou l’effroi. Ceci sied assez mal à son statut de président des Etats-Unis et alimente dès lors la méfiance. De plus, sa volonté de protéger les produits américains en dressant des barrières douanières finira par se retourner contre son pays, avertissent nombre d’économistes. Sa colère à l’encontre de Harley-Davidson est peut-être significative à cet égard. Pourquoi a-t-il incité ses concitoyens à boycotter les mythiques bécanes fabriquées par la firme de Milwaukee ? Parce que celle-ci a annoncé vouloir dorénavant produire sur place les motos destinées au marché européen. Et pourquoi cette délocalisation ? Pour éviter des droits de douane devenus prohibitifs : l’Union les a porté de 6 à 31 %... en réponse aux droits imposés par Donald Trump sur plusieurs produits européens. Avec le slogan « America first », l’arroseur finira-t-il arrosé ? Pas impossible.
Les obligations américaines rapportent 10 fois plus que les allemandes !
En attendant, l’économie américaine poursuit sur sa brillante lancée, avec un chômage au plancher et une croissance revue à la hausse après un premier semestre très vigoureux. Alors que les prévisions sont au contraire corrigées à la baisse (mais demeurent fort satisfaisantes) dans une Union européenne où les discussions sur le Brexit induisent le doute. Nombre de gros investisseurs internationaux s’en inquiètent ces derniers mois, observent les banquiers d’affaires. Ils augmentent leurs investissements aux Etats-Unis, au détriment de l’Europe. L’épargnant devrait-il suivre cet exemple et placer une partie de son bas de laine en dollar ?
Le billet vert présente en tout cas une qualité enviable : son rendement. Les obligations à 10 ans émises par Washington rapportent grosso modo 4 fois plus que celles de l’Etat belge et 10 fois plus que celles de l’Etat allemand ! Ce n’est pas pour rien que les fonds et sicav en obligations qui offrent encore un rendement appréciable, de 3 à 4 % par exemple, sont largement investies en dollar et non en euro. Voilà des produits qui méritent de retenir l’attention quand le carnet de dépôt ne rapporte rien... D’autant qu’un gestionnaire professionnel assure une bonne répartition des risques et pourra rapidement changer son fusil d’épaule en cas de menace. Une réserve quand même : il faut être prêt à accepter de grosses variations entre l’euro et le dollar. Après son accès de faiblesse de la mi-août, la devise européenne avait perdu un dixième de sa valeur face au dollar, en six mois à peine. On ne peut exclure un mouvement inverse d’ici l’été prochain, voire plus tôt. Pas de panique toutefois : on n’imagine pas une chute à la manière de la lira turque !
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