Haro sur l’assurance autonomie
Toute personne habitant en Wallonie sera d’office affiliée au service assurance autonomie. Mais le financement de cette assurance inquiète. Il pourrait mettre à mal les principes de base de la Sécurité sociale, selon la Fédération des maisons médicales.
Chacun paye selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.... Un principe mis à mal ? Dans quelques mois, tous les citoyens wallons, dès leurs 26 ans, devront s’acquitter d’un montant de 36 € par année (18 € pour les bénéficiaires du statut BIM/OMNIO) pour une assurance autonomie (lire plus bas notre cadrée, « Assurance autonomie, de quoi s’agit-il ? » ). Cette assurance sera perçue par les organisations mutuellistes. Et ce, pour permettre à des personnes âgées ou handicapées de garder leur autonomie. Le principe ? De l’argent sera disponible pour payer des services comme les aides ménagères, les aides familiales ou les gardes à domicile.
Une rupture
Mais pour Najoua Batis, chargée de projet à la Fédération de maisons médicales et des collectifs de santé francophones, ce serait un pas supplémentaire vers la « défédéralisation » des soins de santé et de dé-tricotage de la Sécurité sociale, entre autres. Le risque serait d’avoir un système de soins de santé à plusieurs vitesses au sein même du pays. « Cette cotisation forfaitaire obligatoire pose question, précise Najoua Batis. Elle n’est pas basée sur les revenus de la personne qui cotise, un principe sur lequel se fonde la Sécurité sociale (niveau fédéral). L’assurance autonomie, parallèle à la Sécu, crée une rupture avec le système actuel où chacun paye selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Remarquons aussi que l’on dégage au passage le patronat de la solidarité nationale ou même régionale. A l’avenir, face à un potentiel manque de financement, faudra-t-il faire un choix entre une augmentation des cotisations forfaitaires et une diminution de l’offre de services ? »
La crainte de la Fédération des maisons médicales est aussi de créer davantage des différences de traitement entre les citoyens suivant leur lieu de résidence : Wallonie, Flandre ou Bruxelles. Les Communautés organisent effectivement la prise en charge des frais encourus par l’augmentation du nombre de personnes en perte d’autonomie.
Plus d’infos sur le sujet ? Pour lire le communiqué complet : https://www.maisonmedicale.org/Assurance-autonomie-a-qui-profite-le-crime.html
Assurance autonomie, de quoi s’agit-il ?
D’une assurance destinée aux personnes en état de dépendance. Elle sera constituée de deux branches.
La première prévoit des interventions à domicile, quel que soit l’âge du bénéficiaire. Elle interviendra quel que soit le motif de la perte d’autonomie : en raison d’un handicap ou d’un accident. L’allocation sera basée sur les principes actuels de l’APA (l’allocation aux personnes âgées).
La seconde concerne les 65+ aux revenus les plus faibles et en perte d’autonomie. Et ce, quel que soit le lieu de résidence (maison de repos ou domicile).
L’allocation sera forfaitaire et variera de 85 à 571 € par mois selon les cas. Mais selon les projections, l’assurance autonomie permettra à ceux qui en bénéficieront de recevoir en moyenne 300 € par mois. Aucun montant en espèces ne sera versé directement aux bénéficiaires. Concrètement, au domicile, cette assurance prendra la forme d’un quota d’heures de prestations en nature par des services d’aides agréés : aide-ménagère sociale, aide familiale, garde à domicile. En maisons de repos, le bénéfice viendra en réduction de la facture d’hébergement et en fonction des revenus du pensionnaire. Elle remplacera l’APA.
Quand cette assurance autonomie sera-t-elle d’application ? Pour les Wallons, leur assurance autonomie ne devrait être approuvée au plus tard que le 1er janvier 2020. Les cotisations seront perçues dans le courant de 2020 et les services débuteront en 2021. Du côté flamand, une telle assurance autonomie est déjà mise en place. Les bénéficiaires reçoivent du « cash » pour payer leurs services. Et à Bruxelles ? La Région planche sur son propre modèle d’assurance autonomie. Les Bruxellois peuvent néanmoins adhérer volontairement à la protection sociale flamande et bénéficier d’une allocation mensuelle.
Qui va bénéficier de cette assurance autonomie ? Les conditions d’accès ont été définies. Il faudra que la personne soit en état de dépendance (défini selon une échelle). Au moment de la prise en charge, il faudra également résider depuis au moins 3 ans de façon ininterrompue en Région wallonne.
Source : « Guide des maisons de repos et des résidences services », un hors-série du Plus Magazine.
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