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Investir en 2025: s’extraire du court terme

Une parenthèse dorée se ferme. Le réinvestissement en obligations, bons de caisse ou comptes à terme arrivés à échéance se fera à des taux inférieurs. Alors, comment placer son épargne?

Le changement en 2025, c’est la repentification de la courbe des taux», avance Nicolas Deltour, responsable des stratégies d’investissement chez Belfius. Repentification? C’est le retour à la normale, quand les taux à long terme redeviennent supérieurs aux taux à court terme. «Nous venons de vivre une parenthèse dorée exceptionnelle pour qui veut investir, une parenthèse à court terme et défensive. Les taux directeurs (qui influencent les taux court terme) étaient violemment remontés en 2022-2023, au point de largement dépasser les taux long terme, pour amorcer une descente depuis l’été.» Ces mouvements de taux reposent sur deux facteurs: l’inflation et la croissance.

«Les taux directeurs sont une sorte de pédale de frein économique, ajoute Nicolas Deltour. Les banques centrales avaient augmenté leurs taux pour freiner la super inflation (jusqu’à 10%, souvenez-vous).

Aujourd’hui, cette inflation semble sous contrôle, et se rapproche plutôt des 2%. Plus nécessaire, donc, de freiner. Que du contraire: l’Europe a bien du mal à redémarrer. Il faut donc rapidement relâcher la pédale de frein, les taux courts baissent, et vont continuer à baisser.»

Quid des obligations?

C’est dans ce contexte que, depuis 2022, les obligations avaient retrouvé toute leur place dans un portefeuille d’investissement équilibré. Mais après l’intervalle d’exception des deux dernières années, l’effet turbo est derrière nous. Il s’agit donc de leur rendre leur «juste» place, sans surpondération. À part pour la «réserve au cas où», il est important pour l’investisseur de s’extraire du court terme, qui va rémunérer de moins en moins, et diversifier les maturités, sur plusieurs années. Selon l’expert, les obligations d’entreprises de qualité (ratings les plus élevés, dits «investment grade») sont intéressantes.

Pour optimiser leur fiscalité, certains investisseurs se tournent vers les placements en assurance vie.

Car elles rémunèrent plus que les obligations d’États, et font moins parler d’elles au sein des agences de notations. Leurs perspectives peuvent être plus stables. On observe ainsi le grand retour des fonds obligataires à maturité fixe, avec un certain succès commercial, car l’investisseur aime la diversification, mais il aime aussi récupérer sa mise à une échéance. Enfin, le retour des taux d’intérêt signifie aussi le retour du précompte mobilier. Et pour optimiser leur fiscalité, certains investisseurs se tournent alors vers les placements en assurance vie (branche 21, branche 23).

L’après bon d’État

Si 2024 a été l’année des bons d’État, la donne a changé. Philippe Gijsels, chef stratégiste chez BNP Paribas Fortis écrit que «tous les taux d’intérêt vont diminuer dans les années qui viennent, ce qui signifie que lorsqu’une obligation, un bon de caisse ou un compte à terme à un an arrive à échéance, le réinvestissement devra sans doute se faire à un taux inférieur.» Conséquences? «Les liquidités manquent de toute façon totalement d’attrait. C’est pourquoi il existe aujourd’hui un argument de poids qui justifie d’explorer la courbe un peu plus loin et d’opter pour des titres à taux fixe à 2, 3 ou même 5 ans.» Ou plus.

L’assurance épargne

On est du même avis chez Test Achats Invest où se pose cette question: comme les taux baissent, où placer son épargne. Pour les comptes d’épargne, il est encore possible de trouver des rendements en taux de base autour de 2% chez des acteurs alternatifs, alors que les grandes banques offrent environ 1%. Cependant, avec la tendance baissière des taux à court terme, il peut être judicieux, si possible, de bloquer une partie de votre épargne sur plusieurs années dans un produit à taux fixe, afin de garantir ce taux jusqu’à l’échéance. Du côté des bons de caisse et des comptes à terme (3 à 5 ans), les meilleurs rendements actuels s’élèvent à environ 2% net.

À long terme, sur 8 ans, l’investisseur se tournera vers une assurance épargne pour un placement sans risque. Mais il ne faut pas avoir besoin de son argent sur la durée, les intérêts seront taxés à 30% si vous le retirez avant 8 ans. Les assurances épargne de la branche 21 sont intéressantes dans cette optique, bien que les taux garantis ont été revus à la baisse. Enfin, il est conseillé de ne pas vous concentrer uniquement sur le taux garanti: examinez également les frais. Actuellement, le meilleur taux garanti hors frais est de l’ordre de 2,75 % par an sur une durée de 8 ans.

Et la Bourse?

Deux secteurs pourraient tirer leur épingle du jeu, profitant de l’effet accélérateur de l’intelligence artificielle en R&D. Il s’agit la santé et de la technologie, tant software que hardware. Car la plupart des entreprises commencent à s’équiper, tant en programmes qu’en matériel. Ce qui crée des besoins en composants et en infrastructures. La santé voit ses programmes de recherche connaître une accélération fulgurante. «Ce secteur a ce pouvoir de décorrélation très utile dans un portefeuille, analyse Nicolas Deltour. C’est-à-dire qu’il vit sa propre vie, moins dépendante du pétrole, du cycle économique, etc. Il a donc tendance à lisser l’évolution du portefeuille de placements.»

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