Les Belges sont satisfaits de l’assurance maladie, mais déplorent la fraude sociale
L’assurance soins de santé en Belgique bénéficie d’un large soutien de la population, mais suscite nombre de préoccupations quant à sa pérennité. La fraude sociale demeure la préoccupation la plus répandue, ressort-il lundi d’une enquête commanditée par l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami), en marge de ses 50 ans.
L’enquête, menée de septembre à novembre 2013 auprès de plus de 2.000 Belges,
portait sur leur perception de la qualité du système des soins de santé et de l’assurance maladie-invalidité.
De manière générale, les répondants se disent attachés aux principes de solidarité et approuvent à 63% le système de proportionnalité des cotisations par rapport au revenu.
Solidarité : oui, mais pas sans responsabilité
Le mode d’organisation de l’assurance soins de santé et indemnité bénéficie d’un large soutien : le principe de proportionnalité des cotisations au revenu est accueilli très favorablement (63 %). Une large majorité souhaite disposer d’une couverture d’assurance étendue et solidaire. Seuls 7 % sont favorables à la mise en place d’une couverture de base destinée uniquement aux plus démunis.
Outre cet attachement profond au principe de solidarité, se posent également certaines questions spécifiques, à savoir :
- un nombre élevé de répondants souhaite que le style de vie soit pris en compte pour les remboursements. 37 % estiment, par exemple, qu’en cas d’accidents liés à la consommation de drogues, une responsabilité personnelle plus importante devrait être prise en compte
- la fraude sociale est un vaste sujet de préoccupation. Ainsi, par exemple, 43 % n’approuvent pas l’affirmation selon laquelle il y aurait peu d’abus en matière d’incapacité de travail
- près de 50 % estiment qu’offrir un traitement onéreux (50.000 EUR) à un malade en phase terminale – avec des perspectives de prolongation de vie somme toute limitées – est difficile à justifier.
Satisfaction : une image plus nuancée
Le taux de satisfaction de la population est élevé, ce qui n’est pas neuf. Toutefois, l’enquête a explicitement examiné les aspects caractérisés par un faible taux de satisfaction et pour lesquels des expériences négatives ont été rapportées. Ainsi, les éléments suivants ont été relevés : difficultés de compréhension quant à la facture hospitalière, informations insuffisantes sur le traitement, délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, honoraires des spécialistes, offre et prestations de services dans les maisons de repos.
Accessibilité : le combat n’est pas encore gagné
20 % de la population ont répondu avoir peur de basculer dans la pauvreté à la suite d’une maladie. Pour les personnes ayant des problèmes de santé, ce pourcentage atteint jusqu’à 30 %. 10 % de la population sont confrontés à un problème d’accessibilité financière. Parmi les personnes ayant le plus de problèmes de santé, 1 sur 5 postpose ses soins.
La maîtrise des coûts, une nécessité, mais comment procéder ?
Même si les facteurs contribuant à la hausse des dépenses sont bien connus, aucun consensus n’existe sur la manière de maîtriser les coûts. En outre, certaines mesures provoquent des réticences. 27 % des personnes interrogées seulement sont favorables à une plus grande spécialisation des hôpitaux. Par contre, la proposition de rembourser uniquement le traitement le moins cher quand des alternatives équivalentes existent est largement soutenue. La restriction de la liberté de choix est un sujet délicat. 50 % des personnes interrogées disent être prêtes à payer davantage pour continuer à avoir directement accès au spécialiste.
L’incapacité de travail : plus de personnes au travail
Plus de 60 % des personnes interrogées attribuent la hausse du nombre de personnes en incapacité de travail à l’accroissement des exigences professionnelles et du stress. Environ le même pourcentage pense que beaucoup de personnes touchant des indemnités de maladie pourraient en fait encore travailler.
75 % des personnes interrogées estiment que les employeurs et les entreprises devraient consentir plus d’efforts pour remettre les personnes au travail.
Un soutien important au système eHealth et une forte demande d’informations
99 % sont favorables au fait que leur médecin traitant puisse consulter des informations sur leur état de santé via un réseau. 42 % estiment qu’aucune autorisation spécifique n’est nécessaire contre 57 % qui pensent que si. 85 % des personnes souhaitent pouvoir consulter par voie électronique les données sur le coût. 74 % désirent aussi des informations en ligne sur le rapport qualité/prix des différents hôpitaux.
60 % déclarent vouloir être informés sur d’éventuels facteurs héréditaires.
De la matière pour un dialogue social
L’enquête révèle plusieurs points d’attention qui devraient faire l’objet d’un dialogue social. Les balises pour l’avenir définies par l’INAMI sur la base d’une enquête auprès de ses partenaires serviront aussi à alimenter ce dialogue. C’est la Fondation Roi Baudouin qui coordonnera ce dialogue. Concrètement, la Fondation Roi Baudouin organisera des soirées de dialogues dans 11 villes. Au total, 500 citoyens devraient y prendre la parole.
Via le site Internet de l’INAMI, chacun pourra aussi s’exprimer à propos des balises pour l’avenir.
Début 2015, l’apport des citoyens sera confronté à l’opinion des parties prenantes.
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