Guy Legrand
Placements, change, monnaie virtuelle: « Attention aux commissions ! »
Les endroits fréquentés par des voyageurs venant parfois de loin, notamment les gares et surtout les aéroports, abritent un type de commerce particulier : les bureaux de change. Certains sont de scandaleux attrape-nigauds.
Récemment de passage à l’aéroport de Copenhague, j’ai été frappé par le contraste saisissant entre deux offres. Dans la galerie commerçante, une agence de la Danske Bank proposait 7,35 couronnes danoises pour un euro. Dans le sens inverse, elle rachetait la couronne à 7,58 contre l’euro. Différence : 3 %. Normal pour ce qu’on appelle une commission de change, en tout cas lorsqu’il s’agit d’une transaction physique, en billets. Heureux le voyageur patient et lucide, qui a résisté à la tentation de se procurer des devises locales aussitôt débarqué. Dans le hall de récupération des bagages, une officine aux couleurs criardes affichait en effet 6,78 couronnes pour un euro à la vente et 7,82 à l’achat. Soit un écart dépassant 15 % ! Et ceci en affirmant sans complexe, en lettres lumineuses : no commission. Quel culot ! Y a-t-il vraiment des touristes nigauds et pressés au point de se laisser abuser par cette affirmation mensongère et de ne pas comprendre qu’une marge de 15 % constitue une méga-commission frisant l’escroquerie ? Sans doute, puisque l’officine en question existe. Et qu’on en trouve de nombreuses autres du genre, partout dans le monde.
Une commission de change de 15 % frise l’escroquerie !
Plus fort, mais sur un terrain très spécial : les monnaies virtuelles. Une personne rencontrée récemment m’a raconté avoir risqué une petite mise en début d’année, pour le jeu : elle a acheté du bitcoin pour 50 ?. Par bonheur, son cours a alors doublé en quelques semaines. » J’ai revendu, pensant avoir doublé ma mise et donc gagné 50 ?. Déception : après frais, il m’en est resté... quatre ! « . Cas particulier, c’est vrai, puisque cette pseudo-devise sent le soufre à plusieurs égards. Le principe reste toutefois le même : une commission trop élevée, que la faiblesse du montant ne peut expliquer qu’en partie dans ce cas-ci.
Dans le domaine des placements, de pareils excès ne sont heureusement pas de mise. Cela n’empêche toutefois pas des écarts importants. Ainsi, certaines banques comptent-elles encore 2 à 3 % de frais d’entrée quand vous achetez une sicav, alors que d’autres affichent 0 %. Ceci s’ajoute à la commission de gestion déjà prélevée à la source. Non seulement de pareils frais pèsent-ils lourd en regards des faibles rendements actuels, mais leur effet cumulatif dépasse largement ce qu’imaginent la plupart des épargnants. Plus pour longtemps : en vertu de la nouvelle réglementation Mifid 2, les intermédiaires financiers devront, en fin d’année, détailler non seulement les frais eux-mêmes, mais aussi leur impact sur la performance des placements. Voilà une lecture qui promet d’être fort instructive !
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