
Primes à la rénovation rabotées: la Wallonie serre la vis

On savait l’avenir des primes à la rénovation incertain en Wallonie. Face « aux dérapages budgétaires constatés », le gouvernement régional a tranché ce jeudi. Plutôt qu’une suppression totale des aides, il a instauré depuis ce 14 février un régime de soutien temporaire, plus restrictif, destiné à « éteindre l’incendie ». En pleine procédure pour l’obtention des primes, ou en passe de vous lancer dans des travaux, voici ce qui change pour vous.
En Wallonie, un régime de primes temporaire plus restrictif est entré en vigueur ce 14 février 2024. Le gouvernement a en effet réduit drastiquement le montant des primes et les plafonds d’intervention pour la rénovation d’un logement. Cette réforme vise à éviter une suppression totale des aides tout en permettant de reprendre le contrôle des finances publiques. Quels sont les changements concrets? Qui sera impacté? Décryptage des nouvelles règles qui attendent les propriétaires et les candidats à la rénovation.
Des primes moins intéressantes
Concrètement, les autorités ont réduit de 60% en moyenne les montants de base des primes. Parallèlement, les plafonds d’intervention ont aussi été revus à la baisse, impactant particulièrement les ménages aux revenus intermédiaires et élevés:
- Pour les revenus jusqu’à 38.300€ : passage de 90% à 70% du montant total des investissements.
- Pour les revenus entre 38.300,01€ et 114.400€ : réduction du plafond de 90% à 50%.
- Au-delà de 114.400€ (hors enfants à charge): suppression totale des primes.
Autre changement majeur: la suppression du principe des « travaux liés », qui obligeait auparavant à combiner plusieurs types de rénovations pour obtenir certaines aides.
Simplification du dispositif
Ce régime temporaire vise aussi à simplifier les dispositifs en se concentrant sur les primes habitation. Actuellement, quatre régimes distincts regroupent plus de 120 primes, dont les montants ont bondi de 40% en 2023 par rapport à 2019. Parmi les changements notables:
- Fin des primes « petits travaux sans audit » ;
- Suppression de l’obligation d’audit pour les travaux de toiture et d’isolation thermique des combles dans le cadre des primes habitation ;
- Anticipation de la suppression des primes chauffage, initialement prévue au 31 décembre 2025.
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Et pour les dossiers en cours?
Si le gouvernement wallon réduit drastiquement les futures primes, il s’engage néanmoins à respecter les conditions en vigueur pour les dossiers introduits avant le 14 février. Ainsi, tous les citoyens ayant déposé une demande avant cette date bénéficieront des règles applicables au moment du dépôt, ont assuré les autorités.
Une disposition transitoire est également prévue pour ceux qui n’auraient pas encore introduit de dossier mais qui ont déjà entamé des travaux. Pour bénéficier de l’ancien régime, ils doivent remplir deux conditions:
- Avoir commandé et payé au moins 20% des investissements éligibles avant le 14 février.
- Introduire une demande de réservation du droit au maintien du régime actuel auprès de l’administration avant le 28 février inclus.
Concernant les demandes de prêt à taux zéro (Rénopack) déposées avant le 14 février, elles seront examinées par la Société Wallonne du Crédit Social (SWCS) et le Fonds du Logement de Wallonie (FLW) selon la réglementation en vigueur avant cette date. En revanche, à partir du 14 février, toute nouvelle demande relèvera du régime temporaire.
Pourquoi une telle décision?
Selon le ministre-président Adrien Dolimont et la ministre de l’Énergie et du Logement Cécile Neven, ce scénario constitue « la solution optimale », permettant de concilier viabilité budgétaire, soutien à la rénovation énergétique et préservation du secteur de la construction. « À politique inchangée, la Wallonie devrait faire face à une facture de 674 millions d’euros d’ici fin 2025 », a alerté la ministre Neven.
Le système actuel souffre de nombreux dysfonctionnements:
- absence de suivi efficace,
- délais de traitement excessifs
- et ressources financières insuffisantes.
Avec ce régime temporaire, une économie budgétaire de 56% sur une année pleine est attendue. « Grâce à cette réforme, le gouvernement diminuera la facture de la Wallonie de 290 millions d’euros d’ici le 1er octobre 2026 », a-t-elle précisé.
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