20 insectes et animaux utiles au jardin
Un jardin en bonne santé se régule de lui-même, avec un équilibre entre les différentes espèces animales qui y vivent (ravageurs, prédateurs, pollinisateurs...). Voici une liste, descriptive mais non exhaustive, d’insectes, vers et autres animaux » utiles « , dont la présence est signe d’un jardin équilibré.
Avant de passer en revue les auxiliaires de jardin, une petite précision s’impose d’emblée : inutile de chercher à attirer ou à implanter spécifiquement ces espèces « utiles » dans votre jardin. Celles-ci arriveront naturellement dès l’instant où votre jardin s’avèrera accueillant pour un maximum de biodiversité et/ou s’avèrera ouvert sur la nature environnante. Pour faciliter leur implantation, vous pouvez néanmoins apporter quelques aménagements simples. « Mais prendre chaque auxiliaire de façon indépendante n’a pas beaucoup de sens, estime Vincent Louwette, guide nature chez Natagora. La règle de base, c’est de prévoir une approche globale. En d’autres termes, laisser la nature s’équilibrer seule, en prévoyant des espaces un peu plus sauvages, où elle pourra se développer d’elle-même. Une fois cela fait, il n’y a plus qu’à attendre et laisser faire : le jardin au naturel, c’est l’apologie de la paresse ! »
La coccinelle : on ne présente plus cet insecte star, assurément l’auxiliaire de jardin le plus connu. Une coccinelle adulte peut dévorer quotidiennement une centaine de pucerons, et sa larve s’avère encore plus vorace. Chez nous, les coccinelles d’origine européenne (dont la plus connue, la coccinelle à sept points) sont aujourd’hui concurrencées par les coccinelles asiatiques, espèce invasive artificiellement dispersée dans nos régions dans les années 80 et 90. Celles-ci sont désormais bien implantées et impossibles à éradiquer. Si elles s’avèrent encore plus gourmandes, elles sont malheureusement porteuses de parasites nuisibles aux insectes autochtones et n’hésitent pas à s’attaquer à leurs cousines européennes...
S’il est facile d’acheter des larves et des oeufs de coccinelle dans le commerce, mieux vaut essayer de les attirer naturellement : c’est alors gratuit ! De plus, les implanter artificiellement dans un jardin déséquilibré se traduira le plus souvent par une très forte mortalité et/ou ne fera que renforcer le déséquilibre.
La chrysope verte (Chrysoperla carnea) : « Parfois appelée demoiselle, il s’agit d’un insecte délicat aux ailes transparentes », détaille Jean-Luc Wanzoul, professeur à l’Institut horticole de Gembloux. A l’âge adulte, cet insecte aux allures de petite libellule se nourrit de miellat et de pollen, mais ses larves sont de véritables dévoreuses d’oeufs, de larves et d’adultes de cochenilles et de pucerons, ainsi que de chenilles. Leur action s’avère toutefois plus difficile à observer à l’oeil nu que celle des coccinelles, puisque les larves de chrysope ne partent à la chasse qu’une fois la nuit tombée.
Le syrphe : ne vous fiez pas à sa livrée de bandes jaune et brune, qui lui donne parfois des allures de guêpe ou d’abeille ! Le syrphe est une mouche inoffensive, facilement reconnaissable grâce à sa capacité à faire du vol stationnaire. Tout comme l’abeille, il s’agit d’un grand pollinisateur, mais ce n’est pas là son seul intérêt : avec celles de chrysope et de coccinelle, les larves de syrphe constituent le meilleur trio envisageable pour réguler les populations de pucerons.
Le perce-oreille : voici un insecte victime d’une mauvaise réputation en grande partie injustifiée ! Il est en effet souvent considéré comme un ravageur, puisqu’on le retrouve parfois en grappe au sein de végétaux abîmés ou de fruits bien murs. En réalité, il s’y cache de la lumière et même s’il peut consommer à l’occasion des végétaux proches de la décomposition, il se nourrit avant tout de pucerons, de psylles (minuscules insectes piquant et suçant la sève des végétaux) et autres petites chenilles. « Dans le temps, on créait des nichoirs à perce-oreilles, explique Vincent Louwette, en disposant dans le jardin des pots de fleur retournés, emplis de paille ou de foin. Une fois ceux-ci bien remplis de perce-oreilles, on les disposait alors à proximité des plantes attaquées par les chenilles ou les insectes... »
La guêpe : hé oui, vous avez bien lu ! « Les guêpes communes sont mal aimées, car elles peuvent piquer, elles tournent autour de notre nourriture quand nous profitons de la terrasse au soleil, mais ce sont avant tout de grandes prédatrices, souligne Jean-Luc Wanzoul. Pour nourrir leurs larves, elles consomment beaucoup d’insectes nuisibles : chenilles, coléoptères, mouches blanches... » D’autres espèces de guêpe, inoffensives, s’avèrent tout aussi intéressantes. L’aphidius pond ainsi ses oeufs directement dans les pucerons, permettant aux larves de se nourrir à l’intérieur de l’animal... vivant. Au passage, cette petite guêpe a d’ailleurs inspiré le film Alien ! Le pemphrédon, lui, paralyse les pucerons avant de les transporter dans une réserve, afin de nourrir ses larves.
Les nématodes : il s’agit de vers microscopiques naturellement présents dans le sol. Certaines espèces sont très nocives pour les plantes du jardin, mais d’autres constituent d’intéressants parasites utiles pour réguler les populations de limaces, escargots, hannetons et autres otiorhynques, cousins des charançons et dont la larve mange la racine des plantes. Il est possible d’acheter en jardinerie des poudres emplies de nématodes à pulvériser dans le jardin, via un système adapté au tuyau d’arrosage : cette technologie, quoiqu’assez chère, permet de venir facilement à bout d’une infestation. Elle ne règlera toutefois pas le problème à long terme, puisque celui-ci réside avant tout dans un déséquilibre du biotope votre jardin...
D’autres insectes sont aussi utiles : tous les pollinisateurs (citons les plus courants : abeilles, bourdons, papillons... et moustiques permettent aux fruits de se développer), mais aussi le carabe (coléoptère se nourrissant des vers abîmant noisettes, pommes, poires, prunes...), le staphylin (amateur de gastéropodes ou encore de mouches du chou), la sauterelle verte (grande consommatrice de larves de doryphores et autres ravageurs) ou l’ichneumon, qui parasite les chenilles selon le même processus que les pemphrédons.
Les oiseaux : seuls quelques oiseaux, tels que le gobe mouche, sont capables d’attraper les insectes en vol. La plupart, tels que la mésange bleue, la huppe fasciée, la grive, le merle noir, la mésangecharbonnière ou le rouge-gorge, préfèrent « picorer » insectes, larves et chenilles sur les branches, les murs ou au sol. Si certains peuvent causer des dégâts aux fruits ou aux bourgeons, en règle générale, ces petits désagréments sont largement compensés par la quantité de ravageurs qu’ils consomment.
Les batraciens : il existe une quinzaine d’espèces de batraciens en Belgique. Souvent occultés, ils constituent pourtant de très intéressants alliés au jardin. « Attention, un plan d’eau ne suffit pas pour les attirer, met en garde Vincent Louwette. Il faut aussi, à proximité directe, un petit espace sauvage, comme un petit bosquet... » Si un plan d’eau stagnante peut se traduire par une prolifération de moustiques, les grenouilles offrent l’avantage de consommer ceux-ci sous toutes ses formes (larves, adultes...). Les crapauds, eux, sont grands mangeurs de limaces et de vers.
Les mammifères : avoir un hérisson qui fait des incursions au jardin est toujours une bonne chose, tant il mange de mollusques, de vers blancs et d’insectes de grande taille. Attention : si vous possédez une tondeuse robot, faites en sorte qu’elle ne fonctionne pas durant la nuit, période durant laquelle le hérisson part en chasse. L’animal ne fuira pas face une tondeuse qui approche, mais se mettra en boule, au risque d’être déchiqueté par les lames ! Autre mammifère bien utile, mais moins connu : la musaraigne. Ne la confondez pas avec la souris : elle possède un museau bien plus allongé et n’a rien d’un l’animal nuisible. Au contraire : elle mange quotidiennement le double de son poids en vers, insectes, araignées, gastéropodes... Enfin, n’oublions pas les chauves-souris qui, contrairement à une légende tenace, ne se prendront jamais dans vos cheveux, même en volant en rase-motte !
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