Brève histoire des Galeries Saint-Hubert
A Bruxelles, les Galeries royales Saint-Hubert font partie du paysage. Mais connaissez-vous l’histoire de leurs origines ?
A l’époque où est lancée la construction des Galeries Saint-Hubert, dans les années 1830, la Belgique vient de gagner son indépendance. Le pays a beau être jeune, il s’avère déjà incroyablement riche et développé : il s’agit même de la seconde économie mondiale après la Grande-Bretagne ! En cause ? Quantité de mines et d’industries lourdes, principalement situées au sud du pays, mais aussi un maillage ferroviaire précoce, le premier d’Europe continentale, qui se met en place dès 1835 avec la ligne Bruxelles-Malines.
A contrario, Bruxelles garde une physionomie de petite ville médiévale : les abords de la Grand’Place sont constitués de petites rues tortueuses et insalubres, indignes d’une capitale moderne. Il est donc décidé d’aménager un nouvel axe large et aéré, sur la zone marécageuse traversée par la rue Saint-Hubert, pour désenclaver l’hyper-centre. « L’idée est alors lancée de créer un « passage à la parisienne », une galerie couverte comme on en trouve à Paris, mais en plus grandiose« , raconte Laure d’Outremont, chargée de communication pour la Société des Galeries Saint-Hubert. A la différence des galeries françaises (dont le passage des Panoramas constitue l’un des derniers exemples), charmantes mais exiguës, le concept vise à créer de véritables rues abritées, larges et aérées.
Construites en quinze mois
Le projet est confié à un jeune architecte néerlandais, Jean-Pierre Cluysenaar, qui rend ses premières ébauches en 1838. A quelques retouches près, le projet correspond à l’état actuel des Galeries. Parmi les modifications ultérieures notables, sur les esquisses d’époque, on remarque que le sol devait initialement être en marbre, à la place de la pierre bleue sur laquelle marchent aujourd’hui les badauds. Reste que si le projet est rapidement défini et accepté, la construction, elle, met du temps à démarrer. Il faudra attendre 1845 pour que la Société des Galeries Saint-Hubert soit fondée. Une société privée qui, aujourd’hui encore, reste l’unique propriétaire des Galeries. En 1846, après nombre d’expropriations parfois tragiques, le premier coup de pioche est donné.
En à peine quinze mois, 750 ouvriers parviennent à boucler le chantier pharaonique. Lors de leur inauguration, il s’agit des galeries « les plus longues, les plus hautes, les mieux ornementées et les plus lumineuses du monde « . Rien que ça. Chef-d’oeuvre d’ingénierie, la splendide verrière constitue la première utilisation à grande échelle du métal dans l’architecture monumentale belge. Si, du sol, elle semble hermétique, en montant au niveau des toits, on constate que les vitres sont légèrement décalées les unes des autres, afin d’assurer une circulation d’air entre intérieur et extérieur. Sans cela, de la condensation se formerait au plafond. Ce qui, techniquement, pourrait entraîner quelques précipitations. Un comble, pour ce lieu qui recevra le surnom de « parapluie de Bruxelles » !
Véritable vitrine d’apparat pour la jeune Belgique, les galeries sont affublées de statues allégoriques louant les vertus du pays et de Bruxelles. Un art néo-classique qui s’est un peu perdu aujourd’hui : bien cultivé serait le passant lambda qui pourrait encore correctement interpréter l’allégorie de l’industrie ou celle du Brabant...
Depuis les années 1850, d’autres galeries couvertes ont été bâties et ont surpassé celles de Bruxelles. On pense notamment à la Galerie Victor-Emmanuel II de Milan, ouverte en 1878. Mais il n’empêche : pour les Bruxellois et, plus généralement, la plupart des Belges, les Galeries royales Saint-Hubert gardent un charme bien particulier, entre Madeleine de Proust (qui n’y a pas l’un ou l’autre souvenir d’enfance ?) et espace hors du temps.
Sources :
- Roselaer, A., Petite histoire du « parapluie de Bruxelles » dans Bruxelles, capitale des Arts, de Victor Hugo à René Magritte, éditions Avant-propos, 2011.
- Reportage, septembre 2018.
Envie de découvrir ce qui se cache derrière les façades des Galeries ? Appartements, théâtres, bureaux... Découvrez les coulisses de ce lieu mythique dans le Plus Magazine de novembre, déjà en kiosque.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici