C’est bon, c’est belge !
Légumes exotiques, moules, caviar et whisky single malt : on produit de tout chez nous ! Les spécialités » made in Belgium » se taillent un joli succès .
Au début de l’automne, les premières moules belges sont pêchées en mer du Nord, au large de la côte de Nieuport. La récolte est certes encore modeste (quelques milliers de kilos tout au plus) mais hautement symbolique. Cette année, pour la première fois, le quasi monopole des moules zélandaises est rompu. En outre, les moules belges contiennent 33 % de chair contre 22 à 25 % pour leurs cousines zélandaises.
» Leur qualité tient au fait qu’elles sont élevées en pleine mer, selon la méthode de la corde suspendue, explique Luc Mellaerts, spécialiste en pêche et mytiliculture. Ailleurs en Europe, les moules sont élevées dans des eaux protégées, comme l’Escaut de l’Est ou les baies de la côte irlandaise, où l’on importe des semences.
Chez nous, les semences sont amenées naturellement par les courants marins et s’accrochent aux cages à moules, attachées à des bouées. Les courants et la richesse de la mer du Nord en nutriments favorisent leur croissance pour en faire des mollusques bien charnus. L’élevage en pleine mer comporte néanmoins certains risques : même si les bouées sont bien attachées, une forte tempête peut arracher ou endommager les cages à moules. «
A la fin de l’année, la Stichting 87 exploitera des cages de moules sur 4 sites côtiers belges. Willy Versluys est également éleveur de moules belges. Au printemps dernier, il a implanté un parc à moules à quelques kilomètres au large de Nieuport. Il espère récolter ses premières moules au mois d’octobre, même si elles seront plutôt petites. Ses premières moules bien dodues seront commercialisées à partir de mai 2008.
A l’avenir, l’offre de moules belges augmentera rapidement. Aussi étrange que cela puisse paraître, cet accroissement est lié à l’aménagement des parcs éoliens. Pour compenser la perte de pêcheries, les pêcheurs peuvent désormais acquérir des concessions pour la culture de moules à proximité des bancs de sable. Rien que sur le Thorntonbank, au large de la côte de Knokke (où sera implanté le premier parc éolien), on peut déployer un millier de cages à moules. Leur mise en place devrait permettre de récolter 9 millions de kilos de ces mollusques.
Un régal de namekos
Dans les serres de nos horticulteurs, aujourd’hui gérées par ordinateur, les tomates et les laitues se font de plus en plus souvent voler la vedette par des légumes méditerranéens et exotiques. Au début du mois de mai, Flandria, le label de qualité pour les fruits et légumes belges, a lancé la nouvelle gamme Specialty Street. Elle comprend, entre autres, des piments, des poivrons doux, des tomates brunes (Kumato), des tomates Coeur de Boeuf, des fleurs de courgettes, des choux romanesco, des courgettes de Nice et des minis tomates-prunes. Très tendance aussi, les rosabi’s (pousses de betteraves coréennes , les vitelottes (pommes de terre à peau noire et chair violet foncé) et les namekos, (champignons japonais très savoureux).
» Lorsque ces légumes sont cultivés en Belgique, nous pouvons les acheter hyper frais et mûrs à point, tout en faisant de grosses économies en matière de transport, explique Eddy Peeters, cuisinier spécialisé dans la cuisine au wok et la cuisine cajun. J’utilise par exemple beaucoup de poivrons doux et les Belges sont plus doux que leurs cousins importés ! «
Du whisky single malt originaire de Liège
Pour les amateurs de whisky, le 2 novembre 2007 est à marquer d’une pierre blanche. C’est en effet à cette date qu’après trois années de maturation dans de nouveaux fûts de bois, le premier whisky single malt belge sera mis sur le marché. On doit cette initiative à Etienne Bouillon, propriétaire de la distillerie de Grâce-Hollogne, qui produit un genièvre (pékèt) très renommé. Le nouveau whisky (The Belgian Owl/Belgian Single Malt Whisky), dont le symbole est un hibou, est une sorte de test. » Je voulais savoir s’il était possible de produire un whisky pur malt 100 % belge, explique Etienne Bouillon. Je me suis tout d’abord mis en quête d’orge de qualité. Ensuite, dans le Hainaut, j’ai repéré une malterie capable de la transformer en malt. J’ai trouvé de l’eau pure dans la couche protégée d’une nappe phréatique à 40 mètres de profondeur dans le sol de Hesbaye. La fermentation et la distillation du malt se déroulent dans notre distillerie à Grâce-Hollogne, ainsi que le vieillissement dans des fûts de bois neufs, normalement destinés à la production de whisky américain. Les premières années, je continuerai à utiliser du malt non-tourbé afin de conserver la douceur des arômes pour différencier mon whisky des single malts écossais de Speyside. »
Les deux premiers fûts de whisky single malt belge (soit 800 bouteilles) ont déjà été vendus sur internet (33 ?/bouteille + frais d’envoi – www.theowldistillery.com). Il vous faudra attendre la maturation des prochains fûts avant que les bouteilles ne soient mises en vente dans le commerce, soit pas avant le 2 novembre... 2008.
Du Crémant wallon
Selon les experts, le réchauffement climatique serait bénéfique pour la diversité et la qualité des vins belges. Cet automne, le gouvernement wallon souhaite d’ailleurs introduire l’appellation Crémant de Wallonie. Le premier Crémant wallon sera la cuvée Rufus, un mousseux à base d’un cépage chardonnay originaire de Haulchin, au sud de Mons. La cuvée 2005 a remporté une médaille d’argent aux championnats mondiaux du chardonnay en Bourgogne.
Du caviar campinois
Pourquoi le caviar ne pourrait-il provenir que de Russie, d’Iran et des autres pays entourant la mer caspienne ? C’est la question que s’est posée la société Aqua Bio de Turnhout. Au début des années 90, elle s’est lancée dans l’élevage d’esturgeons et, il y a quatre ans, elle a lancé le premier Royal Belgian Caviar. L’année dernière, la production a atteint 500 kg.
» Cette année, nous espérons arriver à produire 650 à 700 kg et l’année prochaine, 1.000 kg , explique Willy Verdonck, responsable du projet. Nous ne pensons pas à exporter car nous pouvons sans problème écouler toute la production en Belgique. Comparé aux pays qui entourent la mer Caspienne, nous avons l’avantage d’avoir une production soumise à des contrôles et à des normes de sécurité alimentaire. «
Dans les étangs piscicoles campinois d’Aqua Bio nagent environ dix mille esturgeons sibériens adultes. Dans les réservoirs piscicoles, s’ébattent des dizaines de milliers de jeunes esturgeons en attente de leur transfert dans les étangs. Il faut au moins sept ans pour qu’un esturgeon arrive à maturité. L’investissement est donc important. Et bien sûr, cela se répercute sur le prix. Une petite boîte de 30g de caviar belge (en vente notamment chez Delhaize), coûte environ 55 ?.
Heureusement, il existe également de nouvelles spécialités moins onéreuses que le whisky et le caviar. Il suffit de 2 ? pour s’offrir un kilo de pommes Kanzi, originaires du Limbourg, de 15 ? pour acheter un carpaccio de cerf surgelé 100 % ardennais (un produit de la ferme Beauval à Lessen) et de 10,40 ? pour 30 capsules de ginseng de l’abbaye de Postel. Et nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises. D’autres nouveautés se profilent déjà à l’horizon.
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