C’est le moment de (re)découvrir Namur!
En quelques années, la capitale wallonne a entamé une mue impressionnante, entrant de plain-pied dans la modernité. Sans pour autant renier son patrimoine...
Il y a des villes, comme ça, qui font peut-être un peu trop profil bas. Si les Liégeois et les Anversois ne peuvent s’empêcher de vanter leur cité toutes les deux phrases, les Namurois ont le chauvinisme plus feutré. Pas très étonnant, dès lors, qu’au niveau du tourisme, leur ville ait longtemps cultivé une relative discrétion, se contentant de vivre sur ses atours historiques. Il faut dire que Namur, épargnée par l’industrialisation, a de beaux restes: dominé par l’une des plus grandes citadelles d’Europe, son centre ancien et piéton est empli de petites boutiques. En bord de Sambre, les vénérables maisons de style mosan, avec leurs austères briques foncées, contrastent avec les luxueuses demeures de la Belle Époque établies le long de la Meuse, souvenirs d’un temps où la bourgeoisie bruxelloise venait s’y mettre au vert. De quoi séduire le visiteur de passage, sans pour autant en faire une destination incontournable ou vers laquelle on revient régulièrement. Mais les choses sont tout doucement en train de changer...
De petite ville de province, Namur se mue petit à petit en ce qu’elle est officiellement depuis 1986: une capitale régionale. En quelques années, les chantiers et les grues se sont multipliés, changeant en partie la physionomie de la ville, lui offrant une solide touche de modernité et redonnant tout son lustre à ses pépites patrimoniales. À tout seigneur, tout honneur, la Citadelle est l’une des premières à avoir bénéficié de cette cure de jouvence. Si ses murailles sont toujours en cours de restauration – il faut dire qu’il y en a 50.000m2! -, ses souterrains ont bénéficié d’une belle remise en valeur avec une nouvelle scénographie son et lumière. Mais c’est surtout l’arrivée d’un nouveau téléphérique, inauguré en 2021, qui a changé la donne: accessible en quelques minutes, la Citadelle fait désormais partie intégrante du centre-ville. Il n’en fallait pas plus pour que se développe à ses côtés un étrange bâtiment contemporain aux formes bulleuses et alambiquées.
Et les musées alors?
Les musées ne sont pas si nombreux dans l’hyper-centre. Mais les amateurs d’art médiéval pourront tout de même découvrir l’une des sept merveilles de Belgique, le trésor d’orfèvrerie d’Oignies, au Trema, tandis que les admirateurs de Félicien Rops pourront découvrir le musée éponyme. Pépite méconnue: le Musée des Arts décoratifs, hôtel particulier du XVIIIe, avec son jardin à la française.
Où l’art rencontre la science
Construit dans l’ancien pavillon belge de l’Exposition universelle de Milan (2015), le Pavillon constitue une étrangeté hybride, unique en Belgique. « L’idée est de décloisonner les disciplines, explique sa directrice Charlotte Benedetti. Les oeuvres que nous y présentons sont un assemblage d’art moderne, d’innovations technologiques et de sciences. » Un mélange des genres détonnant, visant à intriguer, émerveiller, amuser et faire réfléchir le visiteur sur des problématiques contemporaines.
À titre d’exemple, Biotopia, une exposition visible jusqu’au 27 novembre, pose la question de notre rapport au vivant et de notre manière de cohabiter avec lui. On peut y découvrir des tableaux chimiques changeant de couleurs au gré de la luminosité et des températures, des racines d’arbres dans lesquelles coulisse un ballet incessant de lumières, ou des colonies de micro-organismes évoluant au sein d’étranges volutes de verre. Autant d’oeuvres abstraites d’un premier abord, mais interpellantes dès qu’on en possède les clés. À cela s’ajoute un espace ludique, où, cette fois-ci, il est possible jouer avec le soleil ou de modifier un biotope d’un simple battement de bras...
De retour au centre-ville – la station du téléphérique est littéralement à deux pas du Pavillon – il suffit de quelques minutes à pied pour gagner l’épicentre du renouveau de Namur, là où se rencontrent la Meuse et la Sambre, le passé et le futur. Entre le Parlement wallon et l’ancienne halle des bouchers (la Halle Al’chair), deux antiques bâtiments mosans d’une belle couleur sang-de-boeuf, la nouvelle Confluence s’impose au regard. Sur l’ancien site du Grognon, elle remplace une friche vieille de plus de 40 ans en plein centre. OEuvre d’architectes belges et danois, le nouvel espace, résolument contemporain, évolue tout en courbe en s’ouvrant sur la Meuse, facilitant l’accès au halage, très fréquenté aux beaux jours.
Conçu comme un espace de rencontre, il abrite une autre curiosité namuroise, le NID (soit « Namur Intelligente et Durable »). La ville se targue en effet d’être l’une des premières smart city wallonne, c’est à dire utilisant au mieux les technologies de l’information pour améliorer la qualité des services urbains. Ciblé sur Namur, le NID expose les défis présents et futurs des zones urbaines, grâce à des casques de réalité virtuelle et des tableaux interactifs. En regardant par-delà son immense verrière, les yeux ne peuvent manquer de s’arrêter sur un autre geste architectural moderne de la Confluence: l’espace culturel du Delta, et son étonnante façade cylindrique. Même si ce n’est pas indiqué, n’hésitez pas à en pousser la porte et à grimper ses escaliers: son agréable rooftop, ouvert à tous, incite à se poser au-dessus du brouhaha, tout en se ménageant une jolie vue sur la Citadelle.
À voir et à manger
Et le vieux Namur, dans tout ça? Il s’accommode plutôt bien de cette évolution. Si le piétonnier reste un immanquable, avec son entrelacs de ruelles, de magasins et de places où il fait bon prendre un verre, deux autres quartiers connaissent actuellement une belle renaissance, chacun dans leur style. Le quartier des Carmes, avec ses façades d’une belle unité Art déco, est ainsi devenu en quelques années le quartier des boutiques conceptuelles, durables, rétro-chics ou de seconde main. Du magasin aux murs couverts de fourrure orange so seventies, aux antiquaires atypiques, il y a là de quoi redonner quelques lettres de noblesse au shopping. La Rue des Brasseurs, elle, est devenue l’artère préférée des foodies. Si Namur ne manque pas de restaurants – elle est réputée comme étant la ville wallonne abritant le plus d’établissement horeca -, c’est là qu’on retrouve les cuisines et cocktails bars qui bousculent le plus les papilles.
Bien sûr, tout n’est pas encore parfait: l’extension du piétonnier ne débutera qu’en 2023 et il faudra montrer tout votre art du cadrage, au moment de prendre une photo, pour ne pas avoir trop de grues ou d’échafaudages dans l’image. Namur n’est peut-être pas encore exactement the place to be, mais on mettrait notre main à couper que ce n’est qu’une question de temps. Dès lors, pourquoi attendre?
Namur le nez en l’air
Quel que soit l’endroit où vous portent vos pas, n’oubliez pas de lever la tête: depuis quelques années, la ville s’est enrichie d’un parcours street art (20 fresques) et de curieux petits bonshommes au look de fonctionnaire déprimé, oeuvre de l’artiste Isaac Cordal, disséminés un peu partout. Ouvrez l’oeil: il y en a 47!
Plus d’infos: www.namurtourisme.be. Plein de conseils pratiques et de bonnes adresses sur plusmagazine.levif.be/namur
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