Des heures d’évasion: 6 livres à dévorer cet automne

Voici quelques livres relativement récents pour nous faire passer un bel automne.

Poupée de cire

L’auteur a mis quinze ans à écrire ce livre, qui le mérite bien. Car qui ne connaît le célèbre musée de cire de Madame Tussaud, à Londres? On pourrait croire dès lors que la vie de sa créatrice aurait laissé des traces dans les archives. Mais non, très peu, d’où la difficulté à reconstituer le puzzle. Car Madame Tussaud, au départ, n’est qu’une servante nommée Petite, née bébé malingre, en 1761 dans un petit village d’Alsace. La jeune fille ne sera jamais belle avec son grand nez et son menton saillant. « Elle sera difficile à marier », prédisaient les voisines. Confiée au Dr Curtius, elle apprendra les mystères du corps humain, vu par petits bouts.

Et voilà, l’aventure qui, au final, la conduira à Londres, en passant par un étonnant séjour au château de Versailles et une rencontre avec un royal ami serrurier, peut commencer, pimentée de moult péripéties.

Madame Tussaud s’éteint à 89 ans. A son mur, est accroché son portrait réalisé par Jacques-Louis David. Surtout ne manquez pas ce livre plein d’énergie et de malice que vous ne pourrez plus lâcher

Elles n’étaient pas Marilyn

Quelques heures après la mort de Marilyn Monroe, on aurait entendu hurler le producteur Harry Cohn: « Trouvez-moi une autre blonde ». Une quête qui avait commencé déjà bien auparavant car l’icône blonde s’avérait, comme on le sait, aussi fabuleuse à l’écran qu’ingérable à la ville. D’où le destin de dix actrices, qu’on retrouve dans cet ouvrage, et dont aucune n’a jamais réussi à se faire vraiment une carrière, en dépit de noms et de corps fabriqués aux normes de la blonde sexy. Souvent bien trop proches de l’idéal Marylin, mais tout en l’étant pas. En mourant, Marylin a tout emporté, y compris les espoirs de ces blondes back up dont seuls certains noms nous parlent encore, comme celui de Jayne Mansfield. Et puis, on épinglera aussi la plus jeune (1967-2007), cette blonde atomique et touchante qu’est Anna Nicole Smith et sur laquelle Netflix a diffusé un reportage qui met terriblement mal à l’aise.

Car tout ceci revient évidemment à revisiter une époque hollywoodienne particulièrement décadente que le phénomène mee too n’avait pas encore touché. La crasse derrière les espoirs et la gloire.

Le flic de Parme

Des flics d’âge moyen, humains, empathiques, qui souffrent d’une faille dans leur passé, passé venant à se mêler à l’enquête actuelle, dotés d’une petite amie faisant office de psy, la littérature policière en regorge. Ce qui rend le commissaire Soneri unique, ce n’est pas le récit ni ses assassins qu’on a envie de comprendre et de ne pas juger, mais l’ambiance de Parme et sa région, ses brumes qui cachent, qui s’enroulent autour des protagonistes, ses quartiers mourants, le Pô qui déborde, ses églises où murmurent de vieilles bigotes. Il y a aussi tout le dangereux passé politique de l’Italie qui reste vivace dans l’ombre. Les montagnes qui forment un monde à part. Valerio Varesi a été surnommé le Simenon italien, non sans raison. A lire en automne.

Une étrange et minuscule maison

Ceci est la suite du miniaturiste. En 1686, Nella quitte son village pour rejoindre à Amsterdam son futur mari, homme d’âge mûr et l’un des plus riches marchands de la Compagnie des Indes Orientales. En guise de cadeau de mariage, il offre à Nella une maison de poupée représentant leur propre intérieur, à charge pour elle de s’amuser à la meubler. Le mystérieux miniaturiste qui réalise ces merveilleux petits meubles fait tomber les masques... et les têtes.

Nella se retrouve donc, au début de ce deuxième tome, à élever seule l’enfant de sa belle-soeur et du secrétaire noir de son mari. Cette fois, on suit Thea, 18 ans, qu’on cherche bien entendu à marier (la valeur de la splendide maison le long du canal compensera-t-elle la couleur de sa peau) et réceptionne un jour une petite maison dorée. Mais quelle est sa signification dans cette Amsterdam si froide et si rigide?

Mon papa travaille pour la mafia

Les petites Sofia et Antonia vivent, comme de nombreuses familles italiennes, dans le quartier de Red Hook, à Brooklyn. Elles sont voisines et amies. Elles ont en commun un papa qui fait partie de la mafia. Toutes les deux se jurent de ne pas vivre comme leurs mères dans une inquiétude perpétuelle, et de ne jamais épouser de mafieux. D’autant plus que le père d’Antonia finira par être victime d’une action punitive, laissant une femme complètement vidée de toute énergie vitale.

En grandissant, et en dépit d’une amitié qui perdure, les deux jeunes femmes vont prendre des chemins différents. S’il n’est pas obligatoire de reproduire le schéma familial, il est tout aussi difficile d’y échapper. Les coulisses de la mafia, mais vues par des femmes. Aussi génial que la série des Soprano.

Ce que nous voulons vraiment

Jamais aucun thérapeute n’avait demandé à l’auteur quels étaient ses désirs profonds. Restée focalisée sur ses fardeaux plutôt que sur ses possibilités, devenue elle-même thérapeute, elle a dès lors posé à ses patients cette question qui nous recentre et sert de tremplin à notre développement. Le livre est bâti en 12 chapitres, soit les douze désirs essentiels qui ressortent de l’histoire de milliers de patients différents. A chaque fois, une histoire particulière illustre un désir universel. Parmi eux: aimer et être aimé, désirer, comprendre, prendre le pouvoir, créer, trouver sa place, tisser des liens... Le tout, évidemment nous parle. Se pencher sur ce que nous voulons peut éveiller et raviver notre curiosité et notre soif de vivre. Instructif et fascinant.