Des vacances au fil de l’eau, à bord d’un houseboat
C’est dans les années 60 que des opérateurs britanniques ont mis sur pied une nouvelle forme de tourisme en proposant la location de houseboats. Depuis, le succès rencontré par la formule sur le canal du Midi s’est rapidement étendu à d’autres voies navigables...
Avec un réseau navigable de 8.500 km dont 5.065 sont utilisés tant pour le transport de marchandises que pour le tourisme fluvial, on a l’embarras du choix d’autant que les loueurs de bateaux joignent toujours un dossier très détaillé du parcours fluvial avec des informations précises sur toutes les écluses et lieux où il est possible d’amarrer pour la nuit.
Tout commence par une initiation aux rudiments de la navigation fluviale et par un écolage du yacht miniature. Le capitaine d’occasion n’a besoin d’aucun diplôme et une à deux heures suffisent pour se familiariser avec le gouvernail et le levier qui commande les marches avant et arrière. Voguer sur l’eau, c’est un peu réaliser un rêve d’enfant et ce n’est pas sans une certaine excitation et même une petite pointe d’inquiétude qu’on largue les amarres. La vitesse est réduite, un grand maximum de 6 km/heure. A ce train de sénateur, l’équipage s’adapte très vite à son nouveau jouet.
La plupart des écluses sont encore manuelles, les gestes d’hier sont toujours d’actualité et si le troc a disparu, l’ouverture et la fermeture des portes au passage de l’embarcation restent l’occasion d’un échange entre les touristes et l’éclusier, d’autant plus que celui-ci suit le bateau sur les 3 ou 4 écluses qui lui sont attribuées par les VNF (Voies Navigables de France).
A l’approche de la première écluse en libre-service, chacun se demande comment il va assumer la transition. Il faut accoster à un premier ponton juste avant le sas d’entrée afin de débarquer les équipiers chargés d’ouvrir et de fermer les vannes, se faufiler ensuite dans le sas ouvert. Une répartition des rôles s’établit entre les moussaillons, il y a celui qui manie la gaffe et puis le spécialiste de l’aussière qu’il faut jeter d’un geste sûr autour du bollard pour maintenir le bateau durant la manoeuvre. Les équipiers à terre s’activent à manipuler à l’huile de coude les grands volants qui ouvrent ou ferment les portes puis les petits pour les vantelles. Répéter la manoeuvre au fil des écluses, c’est épouser les gestes d’autrefois qui nous ancrent davantage dans ce nouveau milieu de vie.
ENTRER DANS LA CIVILISATION CANAL
Oubliées les autoroutes encombrées, les rumeurs de la ville, les effervescences du quotidien. Pour s’évader, il suffit de larguer les amarres et de se laisser filer doucement sur l’eau. On n’imagine pas l’univers bucolique qu’embrasse la rivière quand on choisit de s’offrir une croisière de quelques jours.
Le chenal ressemble à une longue route fluide qu’on ne quitte pas si ce n’est pour rejoindre éventuellement un autre canal. Ce qui n’exclut pas l’aventure, d’autant plus qu’il n’existe aucun Routard ni autre ouvrage équivalent pour guider les mariniers occasionnels d’une étape à l’autre. Autour du bateau, tout n’est que marqueterie de verts, entre champs cultivés et pâtures où paissent quelques vaches placides, hauts arbres alignés qui assurent une ombre bienfaisante et collines boisées où surgissent fermes ou châteaux isolés. De loin en loin, une petite route qui serpente, un village assoupi qui attire le regard. L’occasion d’amarrer le bateau à même la berge et de mettre pied à terre pour plonger dans le terroir, à la découverte de murs de pierre usés par les ans, de produits locaux savoureux et de gens accueillants mais toujours surpris par la passion de ces étrangers pour leur canal.
ODE À LA LENTEUR
La croisière est rythmée par la répétition de gestes inusités, sur un espace tout aussi inhabituel, dans un environnement tellement éloigné du quotidien de chacun. C’est que la terre vue de l’eau offre une nouvelle mise en scène et les repères familiers disparaissent. Entre les manoeuvres, on a le temps de laisser vagabonder le regard et l’esprit, surpris par le silence qui baigne le paysage à l’esthétique intemporelle.
Loin du tumulte des villes et de la promiscuité des plages, on remonte le temps à la découverte d’un patrimoine méconnu. Ecluses, ponts, barrages et autres ouvrages se succèdent pour évoquer le passé industriel ou social de la région. La magie opère, les heures s’étirent et une semaine plus tard, chacun a l’impression d’avoir parcouru un long périple bucolique qui, bien souvent, ne compte que quelque 180 km.
CHOISIR SA CROISIÈRE
Chaque tronçon possède ses attraits qui lui sont propres et une analyse des sites d’intérêt proposés dans la documentation du loueur mérite d’être faite. La bonne formule est sans doute d’allier la promenade bucolique et la visite d’une ville le temps d’une croisière.
Le coût d’une croisière en houseboat est toujours abordable quand il se divise par 4 ou par 6, d’autant plus que le voyage est plus confortable si l’équipage est plus important pour partager les manoeuvres. Par ailleurs choisir de faire son marché et de cuisiner soi-même les produits du cru évite de coûteux frais de restaurants. On peut amarrer partout le long du canal pour zéro euro, au pied de villages qu’on ne découvrirait jamais pour leur éloignement des routes. Il suffit de bien gérer le ravitaillement en eau et en électricité en choisissant des points gratuits ou peu onéreux signalés dans le livre de bord. Pour un supplément modique, des VTT peuvent être mis à votre disposition. Ils s’avèrent pratiques quand il faut partir à la recherche d’une boulangerie pour assurer le petit-déjeuner ou tout simplement pour rayonner autour du lieu d’amarrage.
PARTIR AVEC DES ENFANTS?
L’expérience vaut la peine d’être tentée car elle ouvre le regard des enfants sur un monde qu’ils n’imaginent pas et qu’ils apprivoisent rapidement. Trois conseils toutefois: être intransigeant sur le port du gilet de sauvetage sur le pont, dans les écluses et à l’abordage ; partir avec leurs vélos pour qu’ils puissent se dérouiller les jambes et atteindre plus aisément des sites plus éloignés comme une piscine par exemple et enfin prendre un permis de pêche et investir dans des cannes à pêche! Les enfants apprendront vite à relâcher leurs prises en fin de journée et pêcher est une manière de rencontrer d’autres pêcheurs débutants quand on est amarré.
Pratique
Les Canalous, une compagnie de plaisance fluviale familiale créée en 1982 à Digoin en Bourgogne. Hissés aujourd’hui au 1er rang des loueurs-constructeurs français, ils proposent aussi des destinations dans d’autres pays européens.
Le Boat, la compagnie de plaisance fluviale avec le plus vaste choix de croisières en France: une flotte de 900 bateaux et plus de 40 modèles répartis sur 22 bases! Le Boat propose 200 suggestions d’itinéraires en court séjour, semaine, long séjour et aller simple.
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