Évasion: se ressourcer dans le Valais

L’air de la montagne, des plantes médicinales, d’adorables vaches, des sources d’eau chaude... La canton suisse du Valais a tout pour fusionner avec la nature. Le confort en plus, car même à 2.000 mètres d’altitude, le wifi est garanti !

Notre périple commence à Val d’Hérens (Eringerdal), une vallée parsemée de hameaux pittoresques et de chalets anciens. Les granges en mélèze dispersées dans les pâtures alpines sont superbes. Ces mayens comme les appellent les Suisses servent à abriter les vaches, les moutons et les bergers qui passent tout l’été dans les alpages. C’est là également que mûrit le fameux fromage des Alpes qui se déguste le plus souvent sous forme de raclette dans le canton du Valais.

Des plantes comestibles

Au village de Nax, nous faisons la connaissance de Madhu et Bruno qui organisent des balades nature d’initiation aux plantes comestibles et médicinales.  » Nous avons la preuve que les plantes médicinales ont été introduites dans la région il y a plusieurs siècles. Comme les agriculteurs n’utilisent pour ainsi dire pas de pesticides, il est encore possible de vivre de la nature aujourd’hui.  » La sauge, le romarin, le thym abondent dans le canton sec et ensoleillé du Valais, ainsi que l’absinthe qui permet de distiller un alcool assez fort et bénéfique pour le système digestif. Bruno, lui, ne jure que par les orties.  » L’ortie est la seule plante qui possède huit des neuf acides aminés essentiels « , explique-t-il. Madhu roule soigneusement une feuille d’ortie pour me la faire goûter mais malgré cela, ma lèvre supérieure est en feu. Rien de bien grave si ce n’est que la gêne durera toute la journée... Rien de tel pour oublier ce petit bobo qu’un toast au pesto d’ortie préparé par Bruno. Nous passons la nuit dans un chalet alpin au-dessus de la limite forestière, à 2.100 mètres d’altitude. Les lumières de Nax brillent dans la nuit et la voûte céleste est constellée d’étoiles.

Un îlot agricole

Le lendemain matin, une petite promenade dans la montagne La Luette nous mène au site d’agriculture raisonnée d’Ossona. Juché sur une colline verdoyante, Ossona émerge telle une île dans une mer bordée de sommets. Abandonné pendant quarante ans, le hameau a été converti en site d’agriculture durable et d’agrotourisme avec l’aide des autorités. Pendant la balade, nous croisons des chèvres, des vaches, des cochons et des truites dans un étang. Les vignobles produisent un vin délicieux servi à l’Auberge d’Ossona. Il est possible d’atteindre cette oasis de tranquillité en voiture – un parking a été aménagé à michemin – mais nous préférons emprunter la passerelle d’Ossona, un pont suspendu de 130 mètres enjambant un précipice. Déconseillé aux personnes souffrant de vertige.

Des vaches de caractère

Nous les avons maintes fois aperçues lors de nos balades mais le fermier Marius nous invite à faire plus ample connaissance de la Vache d’Hérens. Cette petite vache trapue à la robe brun foncé est omniprésente dans le canton du Valais. Les bêtes ne forment jamais de grands troupeaux. Les fermiers n’élèvent pas ces vaches pour leur lait, elles en produisent peu, mais pour le folklore. Lorsqu’au début de l’été commence la transhumance, elles se battent pour mener le troupeau. Elles se poussent l’une l’autre avec la tête et les cornes jusqu’à ce qu’une des deux abandonne. Et ainsi de suite jusqu’à ce que la vache la plus forte l’emporte.

Au printemps et en été, quand les vaches restent au village dans la vallée, de véritables combats de reines sont organisés. Les vaches les plus robustes, les reines, s’affrontent dans l’arène. La vache qui l’emporte pourrait se vendre à prix d’or. Mais Marius ne tient pas à se séparer de ses vaches chéries. Il essaie d’attirer l’attention de Victoire, la reine du troupeau de l’été passé, depuis peu déclassée par une jeunette. Tandis que ses congénères, très curieuses, viennent renifler le vin et le fromage apportés par Marius, la capricieuse Victoire s’en va brouter plus loin.

Randonnée et bien-être

Après une nuit bienfaisante dans un luxueux mayen entièrement rénové, je découvre la vue sur la Dent Blanche, la montagne enneigée qui domine la vallée. La vallée s’illumine dans des tons orangés au lever du soleil. Nous quittons cette vallée féerique non sans un pincement au coeur. La route passe devant les fameuses pyramides d’Euseigne, un phénomène naturel de moraines érodées. Elle traverse ensuite le Rhône pour se diriger vers Loècheles-bains (Leukerbad) dans la partie germanophone du Valais. La route ne va pas plus loin. La station thermale qui culmine à 1.400 m d’altitude est sertie de sommets de plus de 3.000 m. Randonneurs et VTTistes aiment venir se détendre dans les thermes après l’effort. Quelque 3,9 millions de litres d’eau chaude de 65 sources dispersées dans et autour de la ville s’y déversent chaque jour. La température de l’eau de certaines sources atteint 51 °C.

Nous décidons de tester les thermes de Loèche-les-bains avant de nous lancer sur le sentier des sources. L’eau de source a le pouvoir, dit-on, de relâcher les muscles et de soigner le rhumatisme. Quoi qu’il en soit, quelle formidable sensation de se baigner en plein air dans un décor de rochers et de sommets enneigés. Requinqués, nous entamons la randonnée qui long les berges de la rivière Dala. Notre guide Werner nous conduit dans les ruelles étroites jusqu’à une grande pelouse. Il soulève un couvercle à même le sol et un jet de vapeur s’en échappe. C’est ici que les Romains venaient barboter dans l’eau chaude.

De nos jours, l’eau chaude est acheminée en ville par d’énormes tuyaux où la chaleur est récupérée pour dégivrer les rues.  » L’eau s’infiltre et pénètre dans la montagne jusqu’à 2.000 mètres en-dessous du niveau de la mer. Elle fait un voyage de quarante ans dans les voies d’écoulement souterraines et se réchauffe avant de remonter à la surface « , explique Werner. La rivière Dala vient elle aussi du plus profond de la terre en creusant un étroit canyon. Le sentier ponctué d’échelles et de passerelles conduit à une prairie alpine inondée de soleil où une buvette nous tend les bras.

Un sentier historique

La randonnée pédestre d’Inden à Varen, petit village entouré de vignobles, se fait sans le moindre problème musculaire... Les bienfaits de l’eau de source ? Nous suivons le sentier historique qu’empruntent depuis le Moyen-Âge les hommes et les animaux pour se rendre du Valais à Berne via Loèche-les-bains et le col de la Gemmi. Le tronçon entre Inden et Varen offre des points de vue spectaculaires sur la vallée du Rhône et la réserve naturelle de Pfyn-Finges, une des plus grandes pinèdes des Alpes. Le lendemain, nous abordons la partie difficile du sentier historique, plus en hauteur.

Les randonneurs qui arrivent à faire en moins d’une heure (les femmes bénéficient de cinq minutes supplémentaires) la randonnée assez raide de Loèche-les-bains au lac de Dauben se voient offrir un billet d’entrée aux thermes. Au vu du sentier qui sinue entre les rochers, nous décidons de prendre le téléphérique. Le lac de Dauben est un des rares grands lacs naturels du Valais, à la frontière avec le canton de Berne. La fête des moutons qui a lieu chaque année au mois de juillet attire de nombreux visiteurs des deux cantons. Quelque 800 ovins estivent au bord du lac magnifique. Seuls le chant des oiseaux et le silence agrémentent notre balade champêtre.