Expo: Le textile précolombien, tout un art !
Aux yeux des Incas, le textile était plus précieux que l’or... Au fil de 200 objets aussi colorés qu’éclatants, découvrez la maîtrise de l’art du tissage des cultures précolombiennes. L’exposition » Inca dress code » s’ouvre ce 23 novembre à Bruxelles. Une première en Europe soulignent les organisateurs !
Quelles étaient les fibres et les colorants utilisés ? Comment les textiles étaient-ils fabriqués ? Quelles vêtements, chaussures, bijoux... portaient les civilisations des Andes ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles répond l’exposition installée au Musée d’Art & Histoire. « A part à travers la bande dessinée Le Temple du Soleil d’Hergé, le public n’a pas une image claire de la manière dont ces gens vivaient et étaient habillés », estime Serge Lemaitre, commissaire de l’exposition.
A l’époque précolombienne, le textile servait à se vêtir, mais il symbolisait aussi le pouvoir et était utilisé comme offrande ou bien d’échange. Au début du parcours de l’exposition – dont les salles sont peu éclairées, préservation des textiles oblige – on peut ainsi apercevoir, en céramique, un porteur d’offrandes venant offrir une tunique aux divinités. Dans une autre vitrine, une tunique militaire, portée par la garde personnelle de l’empereur inca et confectionnée par son atelier de tisseuses. « L’empereur était le seul à pouvoir utiliser la couleur noire et il ne portait qu’une seule fois chaque vêtement », précise Serge Lemaitre. Derrière, un champ de coton, des lamas et alpagas empaillés ainsi que des ballots de laine que l’on peut toucher. Commence ensuite le voyage au coeur des différentes civilisations des Andes...
Nous voici dans la partie consacrée à la mort où une tombe a été reconstituée pour montrer à quoi ressemblaient les ballots funéraires. Dans plusieurs cultures, les corps des défunts étaient emballés dans des couches (jusqu’à une douzaine !) de tissus. Quant au visage, il bénéficiait d’un traitement particulier sous la forme de têtes factices ou de masques dont on peut admirer plusieurs modèles. La visite se poursuit dans la salle des textiles de diverses époques où est notamment présenté un tissu à fond bleu, d’un manteau, comportant pas moins de 53 motifs brodés et vieux de plus de 2.000 ans. Et le commissaire de l’exposition de préciser qu’il y a toujours une erreur volontairement créée dans les textiles afin de ne pas se mettre au niveau du divin. A vous de la trouver ! Des fois, c’est compliqué ; parfois, c’est un peu plus évident. « Par exemple, sur ce textile représentant un grand échiquier d’oiseaux, vous remarquerez, à la quatrième rangée, qu’un des oiseaux ne regarde pas dans le même sens que les autres ! »
Sont aussi exposés des tuniques et ponchos de plumes ou encore des coiffes dont un chapeau en plumes de flamant rose et de perroquet bleu. Une petite vitrine s’intéresse aux chaussures de l’époque précolombienne : on y voit des sandales en cuir de lama, souliers les plus courants. La qualité de l’orfèvrerie n’est évidemment pas en reste puisqu’on peut observer des éléments de colliers, de bracelets ou encore des ornements d’oreille très travaillés. Ici et là dans l’exposition, des écrans proposent d’ailleurs un agrandissement de certains objets afin d’encore mieux se rendre compte de la finesse incroyable des bijoux, des textiles et de la sophistication des motifs. Comme ce fragment de textile d’une probable tunique inca extrêmement fine avec une frise de cinq camélidés. « On compte 160 fils au cm2, un record du monde ! »
Autre pièce phare de cette exposition, un fragment tissé de perles obtenu à partir d’un spondyle, coquillage rare et symbole de richesse. « Il y a seulement une dizaine d’exemplaires dans le monde de ce « textile perlé » », se réjouit Serge Lemaitre.
Le circuit de la visite comprend aussi quelques reproductions de murs d’édifices de l’Amérique précolombienne. En effet, le textile, ses méthodes de production et d’agencement des motifs, ont influencé d’autres disciplines artistiques comme l’architecture et la céramique comme on peut le constater dans cette exposition.
En fin de parcours, des vraies tisseuses sud-américaines à l’oeuvre vous montreront que l’art du textile est encore bien vivant !
« Inca Dress Code – Textiles et parures des Andes ». Musée Art & Histoire, 10 parc du Cinquantenaire, Bruxelles.Du 23/11 au 24/3. Prix : 15 €. Infos : 02 741 73 31 www.kmkg-mrah.be
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