Giorgio de Chirico, précurseur du surréalisme, s’invite à Mons
Il fut une révélation pour les Belges Delvaux, Magritte et Graverol. Au travers d’une exposition à Mons, pénétrez dans l’univers étrange, voire déstabilisant, de l’artiste italien...
C’est la première exposition d’envergure consacrée à Giorgio de Chirico (1888-1978) en Belgique ! Dès 1910, ce véritable pionnier d’une des facettes de l’art moderne a été adulé pour son avant-gardisme avant de déplaire aux surréalistes français qui l’accuseront de trahison lors de son retour vers une peinture classique dans les années 30 et 40, où il peint natures mortes et autres portraits.
Seuls trois artistes belges – René Magritte, Paul Delvaux et Jane Graverol – marqués par ses premières oeuvres surtout, resteront fidèles à sa mémoire. » Plus que d’influence, on peut parler de filiation, tant ils lui ont emprunté, chacun avec leur propre personnalité, une approche poétique de la création, une atmosphère mystérieuse, une liberté de représentation et certains thèmes « , analyse Laura Neve, commissaire de l’exposition.
Ses fils conducteurs
» Faisant fi de la chronologie, de la dimension temporelle, de Chirico aborde inlassablement les mêmes thèmes, qu’il revisite, ironise parfois, mais est toujours animé par les mêmes questionnements existentiels. » Parmi les thèmes récurrents apparaissant sous les pinceaux de l’artiste : les places italiennes désertes hors du temps, une de ses plus célèbres séries ; la mythologie et l’art classique, avec la nostalgie de la Grèce où il passa son enfance ; les mannequins et automates, exprimant une déshumanisation de la société à l’ère de la modernité ; ou encore les intérieurs métaphysiques peuplés d’éléments sans rapport. » Par le rapprochement fortuit d’objets familiers, puisés notamment dans ses souvenirs d’enfance, ou par leur dépaysement, de Chirico crée des images profondément déstabilisantes, incitant à réinterpréter le monde visible... «
Des oeuvres en dialogue
Cette exposition thématique et non chronologique nous transporte dans le monde insolite de Giorgio de Chirico au fil d’une quarantaine d’oeuvres dont des toiles d’une rareté exceptionnelle réalisées pendant sa première période métaphysique (1910-1919), ainsi qu’un bel ensemble des années 20 lorsqu’il invente de nouveaux thèmes métaphysiques fondamentaux comme la série des meubles dans la vallée et des paysages dans les chambres.
Un travail présenté en regard d’une trentaine de tableaux de Magritte, Delvaux et Graverol afin de mieux comprendre l’impact majeur de l’Italien sur leur parcours. Sous son impulsion, ils se libèrent ainsi de la logique rationnelle au profit du rêve, de l’imaginaire... René Magritte, par exemple, outre l’association d’éléments hétérogènes, emprunte à de Chirico le thème du tableau dans le tableau, une démarche qui initiera sa réflexion sur le caractère trompeur de l’image.
Une exposition offrant donc un dialogue passionnant entre les trois figures majeures du surréalisme belge et leur énigmatique modèle !
» Giorgio de Chirico, aux origines du surréalisme belge. Magritte, Delvaux, Graverol « . Beaux-Arts Mons (BAM), 8 rue Neuve. Jusqu’au 2/6. Prix : 9€. Infos : 065 40 53 25 www.bam.mons.be
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici