Le Musée de l’Afrique rouvre ses portes
Après cinq ans de rénovation, le Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren propose une vision contemporaine du Congo avec un regard plus africain et plus critique sur le passé colonial.
Inaugurée en 1910 et dédiée, par le roi Léopold II, à la gloire de la » mission civilisatrice » de la Belgique au Congo, l’exposition permanente du musée n’avait plus changé depuis les années 50, soit avant l’indépendance du Congo (1960). » Pour poser un regard neuf sur une époque de gouvernance immorale, le grand défi consistait à rénover un bâtiment historique au cachet colonial omniprésent : l’anagramme de Léopold II apparaît quarantecinq fois dans le musée et ses citations un peu partout ! « , explique Guido Gryseels, directeur général du musée.
Une nouvelle scénographie
Le musée a invité des artistes contemporains africains à créer des installations contrastant avec le message colonial dans les pièces fort marquées par cette ère. » Par exemple, dans la salle des mémoires où se trouvent les noms des 1.600 Belges décédés dans l’Etat indépendant du Congo – donc tout au début de la colonisation, soit entre 1876 et 1907 – des noms des millions de victimes congolaises de cette même époque seront projetés sur le mur. Dans la grande rotonde, un autre artiste congolais a érigé une sculpture de quatre mètres de hauteur, dénommée Nouveau souffle ou le Congo bourgeonnant, pour dialoguer avec les statues d’autrefois illustrant l’apport belge de la » civilisation « , de la » sécurité » ou encore du » bien-être » au Congo « . Par ailleurs, des photos et des films montreront clairement les actes de violence infligés aux Congolais, tels que les mains coupées.
La voix des Africains résonnera davantage dans le nouveau musée. Au total, 180 h de vidéos animeront les salles dont une, toute nouvelle, a été entièrement conçue par les diasporas africaines de Belgique. En plus de la contextualisation et du narratif, la décolonisation du musée passe aussi par l’esprit culturel qui prend plus de temps » Nous essayons de développer davantage-nos recherches en partenariat avec des Africains car nos collections sont présentées et documentées par des Blancs alors que les Africains peuvent avoir un regard très différent... « , souligne Guido Gryseels.
De nouvelles collections
Si la nouvelle exposition permanente entend rester un lieu de mémoire, elle présente aussi la longue histoire de l’Afrique avant la colonisation, des thèmes modernes comme les langues et les musiques, la vie quotidienne, la biodiversité, les ressources, les paysages... La surface accessible au public a quasi doublé pour atteindre 11.000 m2. Parmi les objets phares de retour dans les salles d’exposition après restauration, citons l’éléphant, la girafe, les crocodiles ou encore la pirogue géante désormais amarrée dans la nouvelle galerie souterraine qui connecte le flambant neuf pavillon d’accueil en verre au musée.
» Quelque 60 % des collections présentées, dès le 9 décembre, sortent des réserves comme des zèbres et des okapis empaillés ou des masques en forme de buffle, animal symbolisant le pouvoir. » Et de préciser que le musée recèle pas moins de 130.000 objets ethnographiques et 10 millions de spécimens zoologiques. Notons encore que chaque zone de l’exposition permanente abritera un coin interactif. On pourra ainsi s’essayer, pourquoi pas, à quelques pas de rumba congolaise !
Musée royal de l’Afrique centrale, 13 Leuvensesteenweg, Tervuren. Réouverture le 9/12. Prix : 12€. www.africamuseum.be
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