Plus les morceaux de bois sont épais, plus leur dégradation sera lente. © Getty Images

Copeaux de bois, ardoises concassées, paille… : quel paillage choisir pour son jardin?

Le paillage est un allié précieux pour tout jardinier : il protège le sol, limite l’évaporation de l’eau et freine la pousse des mauvaises herbes. Mais face à la diversité des matériaux, lequel choisir ? Tour d’horizon des différentes options pour un jardin plus sain et économe en entretien.

Copeaux de bois, paille, coques de cacao, pierre volcanique, ardoises concassées… Le paillage se décline en de nombreuses matières, réparties en trois sous-catégories : organiques, minéraux et synthétiques. « Suivant les plantes ou les emplacements, il est essentiel de choisir le bon type de paillis, car chaque type de matériau a ses propres points positifs et négatifs, prévient Jean-Luc Wanzoul, professeur à l’Institut technique horticole de Gembloux.

Les paillages organiques :

Composés d’éléments végétaux, ils ont pour principale caractéristique de se dégrader en humus avec le temps. Ce faisant, ils enrichissent la terre, mais cela signifie aussi qu’ils doivent être plus ou moins régulièrement remplacés. Suivant le matériau, la durée de vie s’étend de quelques semaines à quelques années. À noter que certains paillages organiques peuvent abriter des parasites ou des maladies qui peuvent parfois se propager aux plantes. Enfin, notez que les paillis à longue durée de vie sont à privilégier pour les plantes pérennes (arbres, arbustes, massifs de vivaces):

  • Les résidus de tonte : il s’agit probablement du paillage le plus abordable en été; puisque vous l’obtenez gratuitement en tondant votre pelouse ! L’herbe coupée constitue un paillage particulièrement nutritif : sa richesse en azote stimule la synthèse des feuilles et s’avère très bénéfique aux légumes du potager. Quelques précautions tout de même : si vous prévoyez un paillage conséquent (une dizaine de centimètres d’épaisseur, pour bien couvrir le sol), pensez à laisser sécher l’herbe en fine couche quelques jours au préalable. Sans cela, il y a de fortes chances que votre herbe se mette à fermenter (bonjour l’odeur), dégage de la chaleur et finisse par étouffer les plantes. Vous pouvez, sinon, l’employer directement mais en fine couche et mélangée avec des feuilles mortes broyées. Attention, ce paillage peut attirer certains nuisibles, comme les limaces, surtout lorsque les températures sont fraîches.
  • Les feuilles mortes : si vous possédez des arbres chez vous, les feuilles mortes semblent être l’astuce toute trouvée pour bénéficier d’un paillage hivernal, là aussi gratuit. Mais attention : en se décomposant, ces feuilles pourraient paradoxalement temporairement appauvrir votre sol ! Suivant les essences, les feuilles sont plus ou moins riches en carbone et en azote, selon un ratio variable. Or, pour décomposer les matières carbonées, les micro-organismes ont nécessairement besoin d’azote : si les feuilles n’en contiennent pas assez, ils vont aller puiser dans le sol l’azote manquant (phénomène de « faim d’azote »), aux dépens des plantes. Les feuilles de hêtre ou de chêne sont ainsi trop riches en carbone, au contraire des feuilles d’arbres fruitiers, naturellement plus riches en azote. Ces dernières sont donc à privilégier.  Si vous tenez à valoriser vos feuilles de hêtre ou de chêne, songez à les mélanger avec des résidus plus azotés (résidus de tonte, épluchures…). Veillez seulement à ce que les feuilles ne soient pas trop épaisses ni collées entre elles, ce qui pourrait créer une barrière imperméable : broyer les feuilles pourrait ici être intéressant.
  • La paille : tout comme les feuilles mortes, la paille peut créer une « faim d’azote » au niveau du sol, surtout les premiers temps après son application. D’où l’importance de la mélanger avec certains éléments organiques azotés (déchets de tonte, épluchures…). En période humide et fraîche, elle peut attirer les limaces, tandis que les rongeurs adorent s’y créer un petit nid douillet. Alors, certes la paille est généralement peu chère, mais ce n’est clairement pas le paillage le plus efficace, ni le plus pratique à mettre en œuvre… Rigide et volumineuse, la paille prend vite de la place et peut même « étouffer » les plantes.
  • Les copeaux et les écorces de bois : résidus de l’industrie du bois, copeaux (on dit aussi « broyats ») et écorces de bois ont une durée de vie plus longue et un aspect esthétique certain (principalement les écorces). Plus les morceaux de bois sont épais, plus leur dégradation sera lente. Cette dégradation très progressive fait que les écorces et copeaux épais n’enrichissent finalement que très peu la terre. Suivant qu’ils soient issus de feuillus ou de résineux, ce qui peut influencer leur impact sur le sol.
    • Les écorces de pin libèrent des tanins qui peuvent acidifier légèrement le sol sur le long terme. Elles conviennent donc principalement aux plantes acidophiles (rhododendrons, hortensias, azalées). Pour les autres plantes, un amendement à base de chaux ou de lithothamne peut limiter cet effet.
    • Les copeaux de bois brut (issus du broyage des tailles d’arbres et arbustes) sont plus neutres et conviennent à la plupart des plantations. Cependant, comme ils sont riches en carbone, ils peuvent provoquer une faim d’azote s’ils sont incorporés au sol trop rapidement. Pour éviter cela, il est recommandé de les laisser vieillir quelques mois avant de les utiliser ou de les associer à des apports azotés comme du compost mûr.
  • Les cosses de cacao : appréciées pour leur aspect esthétique et leur odeur (une senteur de chocolat, parfois forte, peut persister quelques semaines après leur pose), les cosses de cacao sèches sont réputées avoir un effet répulsif contre les limaces et escargots. Attention : ce paillage contient de la théobromine, toxique pour les chiens et chats en cas d’ingestion, même à faible dose en ce qui concerne les chiens. Mieux vaut donc l’éviter si vous possédez des animaux de compagnie.
  • Les pailles de lin et de chanvre : plus résistantes que le foin ou la paille de blé, ces pailles s’avèrent suffisamment durables que pour ne nécessiter qu’une application par an. Elles offrent une bonne rétention d’humidité et une isolation thermique relative, protégeant les racines des plantes des écarts de température. Les pailles de lin et de chanvre constituent en revanche un paillage relativement cher, ayant une légère tendance au compactage, ce qui peut créer une couche trop dense, empêchant le sol d’être aéré.

Les paillages minéraux :

Contrairement aux paillis organiques, les paillis minéraux ne se décomposent pas et n’apportent pas de nutriments au sol. Ils sont néanmoins très durables, résistent aux intempéries et au vent, et permettent de conserver l’humidité du sol tout en limitant les variations de température. Ils ont pour particularité d’accumuler la chaleur en été et sont donc particulièrement recommandés pour les plantes plus méridionales (lavande, romarin…).

  • Les ardoises concassées : elles conservent bien l’humidité et ont un fort pouvoir couvrant. Elles sont particulièrement adaptées aux massifs de plantes vivaces et aux jardins contemporains grâce à leur couleur sombre et élégante. Cependant, elles peuvent légèrement acidifier le sol et sont relativement coûteuses. Les paquets sont aussi très lourds, ce qui peut compliquer leur mise en place.
  • La pouzzolane : roche volcanique poreuse riche en silice, elle retient bien l’humidité grâce à sa texture alvéolaire et favorise un bon drainage. Elle est idéale pour les plantes méditerranéennes et les rocailles, tout en étant résistante aux intempéries et au vent.
  • Les graviers et galets : utilisés pour des aménagements esthétiques, ils empêchent la pousse des mauvaises herbes et réchauffent le sol. Attention toutefois, en plein soleil, ils peuvent emmagasiner trop de chaleur et dessécher les plantes sensibles. Difficile à désherber une fois les adventices installées.
  • Les billes d’argile : tout comme la pouzzolane, les billes d’argile sont poreuses et peuvent donc emmagasiner et restituer de l’eau au sol, tout en étant drainantes. Leur prix élevé fait qu’elles sont plutôt à réserver aux jardinières et plantes en pot. Leur efficacité contre les mauvaises herbes est en outre relative.

Les paillages synthétiques :

Moins écologiques que les paillages naturels, les paillis synthétiques sont surtout utilisés pour limiter l’entretien et empêcher le développement des mauvaises herbes. Ils ne favorisent ni l’activité biologique du sol ni son enrichissement naturel. Il est possible de recouvrir ce paillage d’un autre matériau, plus esthétique.

  • Les toiles tissées en plastique limitent efficacement la pousse des adventices et permettent à l’eau de s’infiltrer, mais n’apportent rien au sol et sont souvent peu esthétiques. Sous l’effet des UV, elles vont petit à petit se dégrader, en quelques années, et contaminer le sol de microplastiques. Elles sont souvent utilisées dans les potagers surélevés ou sous des graviers pour stabiliser le sol. Les toiles de paillage non tissées sont imperméables et ne laissent pas passer l’eau ni l’air, empêchant la vie microbienne de se développer correctement. Elles doivent être utilisées avec un système d’irrigation et sont déconseillées en pleine terre, où elles peuvent appauvrir le sol sur le long terme.
  • Les paillages biodégradables en fibres naturelles (chanvre, coco, jute) sont une alternative plus écologique aux toiles plastiques, bien qu’ils restent eux aussi peu esthétiques. Leur durée de vie est assez limitée.

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