Petites promenades hivernales au coeur du pays gaumais

Même en hiver, la Gaume bénéficie d’un micro-climat et d’une météo souvent clémente. Un tout nouveau réseau de promenades permet de découvrir ses villages et ses panoramas ruraux.

Sur les hauteurs, la petite église de Jamoigne domine fièrement le paysage. En contrebas, dans un pré où s’accrochent quelques broussailles grillées par le froid, un cheval redresse lentement la tête à notre approche. Pas une autre âme, pas un seul bruit, si ce n’est le sifflement du vent piquant, un de ces vents qui fait rosir les joues et palpiter les oreilles. Pour celui qui n’aime pas la foule, l’hiver a tout d’une saison bénie : celle des promenades vivifiantes dans des paysages qui ont retrouvé toute leur quiétude. Au détour d’un sentier, d’une ruelle, s’offrent alors à ses yeux des panoramas presque parfaits, vides de présences inopportunes.

Or, de panoramas, la Gaume n’en manque pas ! Ici, tout au sud de la Belgique, la vue porte loin... En cause ? Les  » cuestas  » qui caractérisent la topographie de la région. Un relief très particulier et unique dans le pays, constitué d’un échelonnement de trois plateaux en pente douce, séparés par des versants abrupts. De quoi donner naissance à de nombreux points de vue surélevés, s’ouvrant sur une campagne où les cours d’eau s’écoulent en paresseux méandres.  » C’est principalement ce qui distingue la Gaume de l’Ardenne, explique Margot Kimplaire, de la maison du Tourisme Soleil de Gaume. Une autre grande différence, c’est la nature de la roche : en Ardenne, le sous-sol est composé de schiste tandis qu’ici, on trouve principalement des roches calcaires, aux teintes jaunes et orangées... « 

J’veux du soleil !

Des couleurs chaleureuses, qui vont de pair avec un microclimat plutôt clément : en moyenne, il fait ici quelques degrés de plus que dans le massif ardennais tout proche. En été, les jours de chaleur se multiplient et donnent à la Gaume un petit air de Toscane (des cigales ont même élu domicile ici !). Rien de tel en hiver : pour l’heure, le froid est plutôt piquant... Mais même en cette saison, la région reste l’une des plus ensoleillées de Belgique, surtout à l’extrême sud. Seul le littoral fait aussi bien.

Le territoire est donc apprécié des promeneurs qui, jusqu’il y a peu, pouvaient profiter de nombreuses promenades balisées dans les forêts de Gaume. La donne a changé depuis l’été dernier : l’apparition de la peste porcine africaine au sein de la population locale de sangliers a entraîné la création d’une zone de quarantaine, dont les sentiers forestiers sont interdits au public. Une interdiction qui devrait perdurer encore quelques temps... « La maladie n’est pas transmissible à l’homme, mais il faut éviter qu’elle ne se propage, détaille Margot Kimplaire. Or, il suffit qu’un promeneur marche dans un excrément de sanglier pour disséminer le virus un peu partout...  » Circulez, y a plus rien à voir ? Que du contraire !  » Il reste quelques zones forestières accessibles aux randonneurs, mais nous avons surtout adapté notre offre, en proposant une nouvelle série de promenades à travers les petits villages et les chemins bucoliques. « 

Petites histoires et maisons typiques

C’est que si la campagne gaumaise est peutêtre moins connue que ses forêts, elle possède un charme bien à elle. La pierre du pays y est pour beaucoup : dans les villages, pas de façades grises et ternes, mais des murs couleur de miel, parfois couverts de crépis beiges ou pastels. Avec, de temps à autre, de hautes plaques émaillées vantant la bière du pays – ici, une institution sur laquelle on ne transige pas ! – brassée dans l’abbaye d’Orval. Ajoutez-y, comme à Chassepierre, une gracieuse boucle de la Semois, une petite église entourée de son cimetière séculaire... On comprend vite que le lieu ait été classé parmi les  » Plus Beaux Villages de Wallonie  » ! C’est à la fois très joli et plein de mystère. D’ailleurs, sous l’église de Chassepierre se cache un  » Trou des fées « , cavité ouverte sur la rivière, creusée dans la roche friable en des temps immémoriaux. Il se dit que ses galeries passeraient sous l’ancien moulin avant de se confondre avec les caves de l’imposant presbytère...

Tous les villages et les villes de la région ne sont pas aussi charmants, mais nombreux sont ceux à mériter le coup d’oeil. A défaut de toujours s’y arrêter, les chemins vicinaux permettent régulièrement de les observer de loin, dans de jolis panoramas, par-delà les haies et les prairies. Et lorsque le froid commence à percer bonnets et manteaux, il suffit d’entrer dans une petite auberge pour se réchauffer grâce à la pitance locale : du fromage, de la cochonaille, des patates (si possible, de la Plate de Florenville, seule pomme de terre d’indication géographique protégée en Belgique)... parfois cuits ensemble pour bien tenir au corps. Le tout avec, faut-il le préciser,  » un bon Orval  » ! Eh oui, ici, l’Orval se commande au masculin. On vous aura prévenu...