Retour en Corée du Sud, pays du matin clair et frais
De la Corée du Sud où je suis née, je sais bien peu de choses. Et comme je suis visagiste, je rêvais de connaître le plus grand producteur mondial de produits cosmétiques. Durant deux semaines de voyage, j’ai découvert que la Corée du Sud est aussi une merveilleuse destination de vacances.
Si Séoul, la capitale de la Corée du Sud, est une métropole futuriste, quelques joyaux ont résisté aux assauts de la modernité. Le palais de Gyeongbokgung attire des foules de Coréens qui, pour l’occasion, aiment revêtir le costume national. On a l’impression d’être replongé au XIVe siècle sauf que, par grosses chaleurs, les visiteurs se baladent avec un petit ventilateur à la main ! Les Coréens sont fous de gadgets high-tech en tout genre... à condition qu’ils soient fabriqués chez eux. Ainsi, c’est l’un des rares pays où on ne trouve quasiment pas d’iPhones.
Mais les jeunes commencent à sortir de ce cocon patriotique pour se tourner vers l’Occident. Ils se réunissent dans les cafés français pour déguster un croissant tout en discutant de leur prochaine chirurgie esthétique. Leur idéal de beauté est occidental et les Coréens sont d’ailleurs les plus grands consommateurs de cosmétiques et de chirurgie esthétique au monde. Il y a des salons de beauté partout et il est très facile de prendre rendez-vous dans l’une des cliniques spécialisées du très chic quartier de Gangnam, rendu célèbre par le chanteur PSY.
Ceci étant, les Coréens ont d’autres centres d’intérêt que leur apparence physique. Ils sont aussi férus d’art et Séoul possède de très beaux musées, dont le National Museum of Modern and Contemporary Art. Oeuvre de l’architecte Zaha Hadid, il se dresse au coeur du gigantesque complexe Dong-daemun Desing Plaza & Park, dans le quartier d’Insadong. Autre domaine où les Coréens se montrent très créatifs : la cuisine. Pour s’en convaincre, il suffit de visiter le marché nocturne de Myeongdong. Vu le nombre d’échoppes, attention à l’overdose de calories ! Pour vous en délester, rien de tel que de se déhancher sur la piste d’une des nombreuses discothèques branchées du quartier d’Itaewon.
UN TEINT DE LAIT
Station balnéaire la plus populaire de Corée du Sud mais également site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, l’île de Jejudo est chaque année submergée de touristes – jusqu’à 15 millions ! – dont de nombreux Japonais et Chinois. Lors du vol d’une heure et demie au départ de Séoul par la route aérienne la plus fréquentée du monde, on survole le Seongsan Ilchulbong, un volcan inactif en forme d’immense bol de soupe. Marcheurs émérites, les Coréens grimpent avec enthousiasme les 182 mètres du chemin escarpé qui mène au cratère, dont la pente fait 36 degrés ! Les moins courageux admireront le volcan depuis une plage d’un blanc immaculé aux côtés de Coréens entièrement couverts – manches longues, leggings et chapeaux – pour protéger des ardeurs du soleil leur teint de lait, tant convoité en Asie.
L’île abrite également un nombre insensé de musées, dont certains fort intéressants. L’un rend hommage aux agrumes, l’autre à la foudre et aux éclairs alors qu’un troisième retrace l’histoire de... la pornographie. Curieuse de découvrir le musée Hello Kitty, j’en suis ressortie au bout de dix minutes, vaincue par une overdose de rose bonbon. En revanche, les Coréens adorent et poussent des cris d’enthousiasme devant les adorables chatons, très à la mode dans le pays. Je suis nettement plus impressionnée par les grands-mères d’Haenyo qui, jusqu’à un âge avancé, plongent dans l’océan pour y récolter des fruits de mer. Certaines de ces sirènes ont largement dépassé les 80 ans mais continuent de plonger jusqu’à trois minutes en apnée. Après avoir vu cela, on ne s’étonnera pas qu’à Jeju ce sont les femmes qui portent le pantalon !
GRATTE-CIEL ET STREET FOOD
Après quelques jours de farniente au soleil, je me joins à un groupe international pour une visite de quelques hotspots coréens. Première étape, les plantations de thé de Boseong où, par rangées serrées, les théiers partent à l’assaut des collines. Ensuite, en compagnie d’un Iranien, d’un Pakistanais et d’un Israélien, je déambule au milieu des cactus mexicains et des roses anglaises du Suncheon Bay Garden.
Après ces amuse-gueules, j’attends avec impatience les restaurants de poissons de la ville portuaire de Yeosu. Dans un pays où tout le monde mange toute la journée, je m’offre sans complexe une double portion de sashimi frais, la spécialité locale. Nous passons la nuit sur Jeonju, au coeur du village de Hanok dont les jolies maisons traditionnelles sont entretenues avec soin. Les grands blocs de glace déposés à même le sol dans les rues de ce Bokrijk coréen offrent un rafraîchissement bienvenu. C’est, au propre comme au figuré, l’endroit le plus cool à visiter.
Pour les amateurs de plage et de gratte-ciel, Busan est un passage obligé. L’immeuble à appartements le plus haut du monde fait la fierté de Haeundae Beach. Culminant à 300 m, la Tour Zénith est illuminée de façon spectaculaire dès la tombée du jour. Et après le feu d’artifice quotidien, la vie nocturne s’anime, aussi bruyante et haute en couleurs qu’à Miami Beach. Dans le centre-ville, l’incroyable enchevêtrement d’échoppes de street food, d’étals en tout genre et de boutiques attire une foule de curieux et de fêtards jusqu’aux petites heures.
Le Shinsegae Departement Store est probablement l’un des plus grands centres commerciaux au monde. On y trouve tous les vêtements imaginables, du T-shirt le plus banal aux créations les plus sophistiquées. Les Coréens font du shopping 24 heures sur 24 ! Le marché aux poissons de Jagalchi regorge d’espèces exotiques. Non loin de là, Gamcheon est un joyeux village d’artistes qui vaut le détour. Construites à flanc de colline, les petites maisons aux couleurs pastel font la joie de tous les instagrammeurs. Les jambes fatiguées par mes pérégrinations, je me rends dans un salon de massage. Surprise, la masseuse a le gabarit d’une lanceuse de disque russe ! Ses genoux manquent de me briser les omoplates. Pas très relaxant mais très efficace : je suis prête à affronter l’armée coréenne à mains nues. Je fanfaronne un peu moins le lendemain en arrivant à la frontière avec la Corée du Nord...
LES NOUILLES DES PRÉSIDENTS
La zone coréenne démilitarisée est sous le contrôle de l’armée américaine. Avant d’y pénétrer, je dois jurer que je ne traverserai pas la frontière. Dans un baraquement, une ligne gravée au sol indique l’emplacement précis du 38e parallèle qui marque la frontière entre les deux Corées. A droite d’une table, le nord communiste. A gauche, le sud libre. On est autorisé à déambuler dans le baraquement sous l’oeil attentif des soldats américains qui portent des lunettes de soleil noires pour empêcher toute provocation par contact visuel avec les soldats de la République Populaire Démocratique de Corée. C’est ici que Donald Trump et Kim Jong Un se sont récemment rencontrés.
Après soixante-six ans de guerre froide et autant d’années de timides négociations, les Coréens n’accordent que très peu de crédit aux paroles de ces deux présidents dont ils se méfient. Ils n’ont retenu de cette rencontre historique que le menu du repas, qui a d’ailleurs fait la une dans la presse locale. Avec pour conséquence inattendue que les Sud-Coréens se sont remis aux nouilles froides nord-coréennes. Une véritable révolution quand on sait combien la Corée du Sud est un pays conservateur, fortement attaché ses traditions.
Pratique
Y ALLER : nous avons réservé nos billets d’avion auprès de l’agence Joker. www.joker.be/reiskantoren
INFOS : pour nos visites, nous avons suivi le programme Discover Korea du tour opérateur K-Shuttle. Guide anglophone. Départs toute l’année.
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