Sandrine Bonnaire : « Je préfère aller voir un psy qu’un chirurgien pour mes rides ! »
Alors qu’ImagéSanté bat son plein, la marraine de ce festival du cinéma documentaire s’est confiée sur son parcours, sur son rapport au temps qui passe... Rencontre avec la rayonnante actrice et réalisatrice Sandrine Bonnaire au CHU de Liège.
Dans votre dernier film (« La Dernière leçon ») vous interprétez la fille d’une dame de 92 ans qui a décidé d’en finir avec la vie. Vous jouez plutôt dans des films graves, rarement dans des comédies... Pourquoi ?
J’essaye de faire des beaux films. Un film dramatique peut-être tout aussi intéressant qu’une comédie, voire plus à mon sens. Le cinéma est fait pour amener de l’émotion que ce soit dans le rire, dans les pleurs, dans la rébellion... Il faut qu’il se passe quelque chose. Mais vouloir absolument rire à chaque fois, c’est une manière de se voiler la face. D’ailleurs, il y a très peu de films comiques qui me font rire en France.
Quel genre de comédies vous font rire, alors?
Les films américains des années 50 et le cinéma belge comme par exemple « Les convoyeurs attendent » (de Benoît Mariage, 1999). Ce n’est pas si drôle que ça mais j’adore ce film ! Ce n’est pas tant l’humour, mais l’audace que j’aime beaucoup dans le cinéma belge. Il y a de la dérision, j’adore ! Le dernier film de Jaco Van Dormael (« Le Tout nouveau testament », 2015) est formidable ! Dieu gère tout par ordinateur et à partir du moment où les gens apprennent qu’ils vont mourir à telle date, leur vie change...
Quel bilan tireriez-vous de votre parcours ?
Je ne m’en sors pas si mal car pour un acteur, et encore plus pour une actrice, ce qui est difficile c’est de durer dans le temps. Je pense que j’ai commencé dans les bonnes années parce qu’à l’époque, le cinéma était plus profond, intéressant. Nous n’étions pas sur des modes, sur des physiques, mais plutôt sur une personnalité. Je ne suis pas nostalgique ou passéiste, pourtant, je ne peux m’empêcher de penser qu’il y avait plus de grands metteurs en scène avant qu’aujourd’hui. Et je crois que c’est valable aussi pour les acteurs. Je suis heureuse de ne pas avoir démarré ma carrière, ni de l’avoir continuée, sur le fantasme. Je crois que c’est plus dur de vieillir quand on a joué la plupart du temps sur le rapport au désir purement objet. Je suis contente de ne pas être allée vers ce rôle de femme objet. J’ai eu les rôles que je voulais.
Vous approchez la cinquantaine... Un cap particulier ?
Je suis partagée...Je crois vraiment qu’on se bonifie avec le temps, comme le vin. Et, en même temps, il ne faut pas se leurrer, on se dit : « Oh, merde, j’ai encore choppé une ride ! » (rires) Mais le fait de se voir régulièrement constitue une bonne thérapie car les rides on les voit naître et donc on n’est pas surpris. Je me suis vue grandir parce que j’ai commencé très jeune, je me suis vue mûrir et aujourd’hui je me vois vieillir.
Vieillir ne vous effraye pas ?
Pour l’instant, ça va. Bon, si on se revoit dans vingt ans peut-être... (rires) En même temps, je dis toujours que je préfère aller voir un psy pour accepter mes rides que d’aller voir un chirurgien pour les effacer. Tenter d’effacer le temps qui passe c’est du déni et ça ne montre pas qu’on est plus jeune ! Je ne suis pas contre des petites choses qui maintiennent une certaine jeunesse mais de là à transformer son identité, car c’est de l’ordre de l’identité de se faire refaire le visage, ça, non !
Quels sont vos projets ?
Je vais réaliser un film portant sur la naissance sous x. Comment fait-on, vit-on quand on ne sait pas d’où on vient ? C’est un film sur la quête d’identité dans lequel jouera notamment la comédienne belge Isabelle de Hertogh. Il sera tourné essentiellement en Belgique. Là, je tourne en tant qu’actrice dans un film de Gaël Morel qui s’appelle « Le Retour du printemps ». Par ailleurs, je vais réaliser un documentaire sur Marianne Faithfull, une grande dame du rock.
12e édition du Festival ImagéSanté, jusqu’au 19 mars à Liège. Programme complet : www.imagesante.be
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