Vallée du Loir : belle curiosité à 500 km de Bruxelles !
Le Loir sans ‘e’ final, affluent de la Sarthe, est certes moins connu que la Loire, sa prestigieuse homonyme. Cela dit, la vallée du Loir est absolument charmante et regorge de curiosités touristiques à visiter sans se presser. A vélo par exemple...
Mine de rien, la vallée du Loir abrite de nombreuses merveilles. Châteaux, vignobles et villages pittoresques rythment son paysage bucolique... Voilà pourquoi nous avons décidé de nous y promener quatre jours à vélo. Passé Paris, nous prenons la direction d’Orléans pour bifurquer un peu plus loin à Blois, vers Vendôme. Nous avons rendez-vous à la ferme Gorgeat, chez les Boulai.
La route qui s’étire à l’infini est écrasée de chaleur et le dernier tronçon vers la ferme est plutôt raide. Voilà qui promet pour demain quand nous enfourcherons nos vélos ! Nous nous régalons d’abord dans la belle ferme bio de Michel et Nadège Boulai où nous avons retenu une chambre d’hôte. Tous les visiteurs partagent la table des maîtres des lieux. C’est là que nous faisons la connaissance de Beate et Eberhard, de sympathiques quinquagénaires allemands qui sillonnent la région à vélo depuis une semaine. Autour d’un bon verre de vin local et d’un savoureux repas conçu avec les produits de la ferme, une fraternisation franco-belgo-allemande s’établit bien vite.
Notre hôte Michel Boulai est un ardent défenseur de l’altermondialiste José Bové. Il s’est lancé dans l’agriculture biologique il y a une quinzaine d’années.
» A l’époque, j’étais la risée de tous, raconte-t-il, mais depuis lors, beaucoup de choses ont changé. J’en étais arrivé à la conclusion que produire toujours plus et bourrer notre terre de produits chimiques n’était pas la solution. Je travaille maintenant à plus petite échelle mais de façon plus saine et on me donne un bien meilleur prix pour mes produits. »
Le pays de Ronsard
Le lendemain, nos vélos nous attendent : ce sont de beaux VTT munis de sacoches dans lesquelles sont glissés quelques provisions et un imperméable. Nos bagages seront transférés dans le courant de la journée à l’endroit où nous passerons la nuit suivante.
Nos premiers kilomètres à vélo nous emmènent le long de maisons et de vieilles fermes en pierre blanche. En beaucoup d’endroits, on dirait que rien n’a changé depuis des dizaines d’années. Nous suivons la » route des vignobles « , le long de champs magnifiques : pas le moindre bruit, seuls quelques rares aboiements, le bruissement du vent et le léger crissement de nos pneus sur l’asphalte. Nous traversons le pays de Ronsard. Le poète français du XVIe siècle est né au château de la Possonnière tout proche. Il puisait notamment son inspiration dans la rivière qui a rythmé les paysages de son enfance.
Dans les rochers derrière les mai-sons, on a creusé il y a plusieurs siècles des caves pour y stocker le vin. Le paysage est superbement vallonné et nous roulons dans la campagne, ponctuée ici et là d’un petit bois. Dans le village de Nonais, il faut s’accrocher pour franchir la première montée un peu raide. On dirait que le Loir voyage en notre compagnie car sans cesse, notre route croise son cours. Nous le retrouvons dans le très ancien village Les Roches L’Evêque. Les rochers surplombent les maisons blanches et la magnifique église séculaire. Montoire est un village un peu plus grand qui abrite les ruines d’un château fort. La joyeuse animation qui règne sur la place du marché fait déjà penser au Midi.
Nous entrons dans un café dont la décoration intérieure n’a plus été modifiée depuis les années 50, mais qui a bien plus de caractère que nos cafés aseptisés. Un peu plus tard, nous prenons la route de Lavardin, un des plus beaux villages de France. Et en effet, l’entrée du village est très pittoresque. Les ruines d’un château construit sur un pic dominant la vallée du Loir surplombent les habitations. Le roi Charles VII y a séjourné en 1448 pendant la Guerre de Cent ans. Le château a été démantelé plus tard et les villageois se sont servi de ses pierres pour bâtir leurs maisons.
En fin d’après-midi, nous arrivons à la Ferme des Pignons, propriété de la famille Chevereau, à Saint Martin des Bois. Guy, le maître de maison est un oenologue averti. Il nous sert un coteaux du vendômois, une appellation d’origine contrôlée de la région. Un bel accompagnement pour les courgettes et les tomates au gratin. Un poème de Ronsard est encadré au mur. Guy n’a besoin que d’une toute petite allusion pour sortir un vieux livre écorné et nous réciter quelques classiques de l’illustre enfant du pays.
Les troglodytes modernes
Au programme du lendemain : Trôo, une des attractions de la région. Au Moyen Age, ce village était une forteresse importante, dotée de son château fort. Vers les XIe et XIIe siècles, on a creusé des grottes dans les hautes parois rocheuses. L’endroit est passé plusieurs fois des mains françaises aux mains anglaises et inversement, d’où l’étrangeté de son nom.
La balade du jour se fait sous un soleil brûlant, une peccadille à côté de la montée vers Trôo... L’église Saint Martin, bâtie sur un rocher, domine la ville d’une soixantaine de mètres. L’ascension est épique ! Heureusement que des sentiers moins escarpés nous permettent d’accéder au sommet.
Actuellement, les Parisiens trouvent branché d’habiter dans une grotte à Trôo. Dans les années 50, ce sont les pauvres qui habitaient dans les grottes, pour la plupart des ouvriers de l’usine toute proche. Il n’y avait pas le moindre confort, ni chauffage ni eau courante. Leurs enfants ont quitté les lieux dès qu’ils ont trouvé mieux ailleurs. Et les grottes sont restées inoccupées pendant de longues années. Depuis qu’on y a installé l’eau courante, les acheteurs se les arrachent.
Beaucoup de ces habitations troglodytes ont été transformées en logis pour les touristes. Nous entrons quelques instants chez un artiste qui a longtemps séjourné en Afrique. Son habitation se compose de 3 grottes reliées entre elles par des galeries. Le mariage des sculptures, des masques africains et des parois blanchies à la chaux est du plus bel effet. Et quand on regarde vers l’extérieur, on a une magnifique vue panoramique sur la vallée du Loir.
Un peu plus loin, dans la Cave, exposition troglodytique, on a reconstitué une grotte telle qu’elle était habitée au début du XXe siècle. On y explique aussi comment les rochers avec leurs grottes et leurs galeries ont souvent servi de cachettes dans le passé, et même encore pendant la Seconde Guerre mondiale.
Course d’ancêtres
Notre destination suivante est La-Chartre-sur-le-Loir. L’hôtel de France sur la place est si typiquement provincial qu’il vous fait penser aux vieux films avec Bourvil ou Fernandel. Aujourd’hui, il y a encore une attraction supplémentaire : des dizaines de bolides de course des années 50 et 60 sont garés devant l’établissement. L’hôtel est pris d’assaut par des Anglais qui participent à la course « Le Mans classic race ». Le soir au bar, les heureux pro-priétaires de ces voiture égrènent les souvenirs du temps passé.
A l’aube, nous réenfourchons nos vélos. A la sortie de La-Chartre-sur-le-Loir, nous replongeons immédiatement dans le vi-gnoble. Non loin de Ruille sur Loir, une colline escarpée se dresse sur notre droite, baignée par le soleil et recouverte par la vigne. C’est le coteau des Jasnières, où l’on produit un vin blanc confidentiel. Cette appellation très ancienne, produite sur 40 ha à peine, a été baptisée par Curnonsky, le prince des gastronomes, « le meilleur vin trois fois par siècle ». Vous connaîtrez le fond de sa pensée en visitant le musée du Vin de Lhomme, le village suivant sur notre route. Nous poursuivons notre balade sur la route des vignobles... A vive allure nous pénétrons sous les frondaisons de la Forêt de Bercé, l’une des plus grandes chênaies de France.
On parle encore du « cru bercé » pour nommer la bonne qualité du bois car beaucoup de viticulteurs de la région de Bordeaux l’utilisent pour leurs fûts. Avant de quitter la forêt, nous allons saluer deux chênes célèbres. Le chêne « Boppe » est le plus vieux mais il a été raccourci par la foudre en 1934. Le chêne « rouleau de la roussière » a, lui, été planté en 1650 et culmine à 43 m.
L’après-midi, nous musardons un peu avant d’arriver à Dissay-sous-Courcillonchez Christophe et Marie-France Calla, qui ont transformé un ancien prieuré en maison d’hôte. L’endroit est historique. Le couple nous montre avec fierté la charpente du prieuré qui date du XIIe siècle. La région attire aussi pas mal de citoyens de Sa Très Gracieuse Majesté.
Nous portons un toast en leur compagnie et celle de nos hôtes sur le gazon anglais devant le prieuré à la réussite de notre périple à vélo qui nous a offert le plaisir de renouer avec la douceur de vivre.
Infos pratiques:
Distance: La vallée du Loir est située à 500 km de Bruxelles.
Infos: Le syndicat d’initiative de la Vallée du Loir propose des formules de vacances actives, à vélo, à pied ou une combinaison. Les cyclistes ont le choix entre la route « De ferme en ferme », la route « La vie de château » et la route « Le charme de l’hôtellerie de campagne ». Plus d’infos sur le site internet www.vallee-du-loir.com. Pour obtenir la brochure, adressez-vous à: Vallée du Loir, bd René Levasseur 3, Passage du Commerce, 72000 Le Mans, tel. 0033 243 39 95 00 E-mail: info@vallee-du-loir.com
Infos en Belgique : Atout France, av. de la Toison d’or 21, 1050 Bruxelles, tel. 0902 88 025
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici