Le monastère de Khor Virap et le mont Ararat en arrière plan.

Voyage en Arménie: découvrez un art de vivre unique

Eric Valenne Journaliste

Pays d’histoire et de culture, l’Arménie est célèbre pour ses richesses architecturales et religieuses mais également pour son art de vivre.

Découvrir l’Arménie est une double aventure géographique et historique. La première nous emmène tout au bout de l’Europe et déjà en Asie au cœur d’une région appelée Transcaucasie. Situé entre deux mers, la Noire et la Caspienne, le pays de l’Arche de Noé n’a aucun littoral mais bien une petite mer intérieure, le lac Sevan, l’un des plus grands lacs de haute montagne au monde. La seconde aventure nous plonge dans l’histoire et la ferveur religieuse de ce peuple qui lui permit de conserver son identité nationale, malgré les nombreuses occupations étrangères, allant des Seldjoukides et des Ottomans à l’empire soviétique dont l’Arménie était l’une des 15 républiques. Sans oublier le terrible génocide de 1915 et son million et demi de morts. De quoi engendrer une énorme diaspora qui totalise aujourd’hui plus de dix millions d’Arméniens dans le monde, tandis que le pays lui-même n’en compte que trois...

Une identité unique

Pour un peu comprendre le pays, rien de tel que d’emprunter le soir, au cœur de la capitale et depuis la rue Tamanyan, les escaliers qui mènent vers les hauteurs de la colonne du cinquantième anniversaire de l’Arménie soviétique. Si les 572 marches de la Cascade sont rébarbatives, les escalators intérieurs permettent d’accéder également au centre d’art contemporain aux 1.200 œuvres. De là-haut s’admire la meilleure vue panoramique sur la ville.

L’histoire et la ferveur religieuse ont permis au peuple de conserver son identité, malgré les nombreuses occupations étrangères.

A l’horizon, se dévoile parfois le magnifique mont Ararat, comme veillant sur la capitale et la nation. A 60 kilomètres d’ici, il est situé en Turquie et non loin de l’Iran. Il est un des symboles forts de l’Arménie. La Genèse a voulu que s’y échoue l’improbable Arche de Noé qui a fait rêver des générations d’historiens et d’aventuriers. Avec ses neiges éternelles qui blanchissent son sommet de 5.165 mètres, il se refuse souvent à l’admiration en se nimbant de nuages. Paradoxalement, cette montagne que l’on dit berceau de l’Arménie est inaccessible aux Arméniens eux-mêmes. Empêchés par toutes les tracasseries frontalières imposées par Ankara, les Arméniens se contentent de l’admirer de loin. De quoi rappeler que les deux pays se tournent encore le dos sur fond d’expulsion d’Anatolie et de génocide. Une tragédie séculaire jamais reconnue par la Turquie.

Erevan, la capitale

Plus ancienne que Rome, la ville d’Erevan qui vient de célébrer ses 2.806 ans compte un million d’habitants et se visite facilement à pied: tous ses attraits ne sont jamais loin. La place de la République aligne ses édifices couleur pêche et pastel qui datent pour certains de l’époque soviétique: Musée d’Histoire et Galerie Nationale, bâtiment du Gouvernement et tour de l’Horloge. En été, les jets d’eau font leur show. Non loin, voici l’opéra et ses concerts dédiés notamment au grand Khatchatourian, compositeur national à la célébrissime Danse du Sabre. Une balade le long des terrasses offrira tout ce que cette ville moderne et déjà (ou encore) européenne peut proposer: bars, restaurants, tavernes et spectacles…

Les autres lieux à visiter sont notamment l’institut des manuscrits anciens Matenadaran aux milliers de manuscrits et enluminures. Sans oublier le Tsitsernakaberd qui commémore le génocide arménien. Avec sa flamme éternelle, le site est régulièrement fleuri (surtout chaque 24 avril). Incontournables, quelques marchés dont le Vernissage, proposent un bel artisanat depuis la symbolique du fruit du grenadier aux icônes en passant par les plateaux, peintures, foulards et bois ciselés.

Une amusante petite voiture jaune dans le centre d’Erevan.

1/7

Une amusante petite voiture jaune dans le centre d’Erevan.

Panorama sur Erevan.

2/7

Panorama sur Erevan.

Le lavash, un pain typique.

3/7

Le lavash, un pain typique.

Le monsatère de Geghard.

4/7

Le monsatère de Geghard.

La gastronomie locale.

5/7

La gastronomie locale.

Un chœur à Etsjmiadzin.

6/7

Un chœur à Etsjmiadzin.

La flamme éternelle qui commémore le génocide arménien de 1915.

7/7

La flamme éternelle qui commémore le génocide arménien de 1915.

Une amusante petite voiture jaune dans le centre d’Erevan.

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Une amusante petite voiture jaune dans le centre d’Erevan.

Panorama sur Erevan.

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Panorama sur Erevan.

Le lavash, un pain typique.

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Le lavash, un pain typique.

Le monsatère de Geghard.

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Le monsatère de Geghard.

La gastronomie locale.

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La gastronomie locale.

Un chœur à Etsjmiadzin.

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Un chœur à Etsjmiadzin.

La flamme éternelle qui commémore le génocide arménien de 1915.

7/7

La flamme éternelle qui commémore le génocide arménien de 1915.

Un pays de montagnes

Dès qu’on quitte Erevan, direction les montagnes. Et les monastères. Si ces derniers ne devraient pas limiter ce pays au seul tourisme religieux et culturel, ils font partie de la mémoire nationale et universelle (Unesco). A une cinquantaine de km au sud de la capitale se profile le monastère de Khor Virap. Avec le mont Ararat comme écrin, ce lieu emblématique témoigne de l’arrivée du Christianisme dans le premier pays à en faire sa religion d’état. C’était en l’an 301 grâce à Grégoire l’Illuminateur, jeté ici dans un puits profond par le monarque de l’époque. Mais qui y survécut miraculeusement treize années. Puis sauva le roi d’une mort certaine en le convertissant. Un monastère a été édifié sur les lieux dès le VIIe siècle.

A 20 km d’Erevan, la cathédrale Sainte-Etchmiadzine abrite le Saint-Siège qui dirige l’Église apostolique arménienne avec son patriarche, le Catholicos de tous les Arméniens. Il s’agit d’un site religieux qui doit se visiter mais… surtout s’écouter lors des concerts de chorales les dimanche et jours de fêtes.

En hiver, le monastère de Tatev ne se découvre qu’après une descente avec le téléphérique le plus long au monde, Les Ailes de Tatev.

Ensuite, la route permet de gagner les hauteurs encore couvertes des neiges hivernales tandis que les vallées sont déjà en fleurs. Quelques splendides monastères attendent les visiteurs comme celui de Geghard situé dans les collines rocheuses de l’arrière-pays. Fondé au XIIIe siècle, il présente une partie troglodyte. Les lieux sont fascinants. Posté sur un nid d’aigle, voici Tatev. Souvent isolé dans les neiges persistantes, l’endroit ne se découvre qu’après une... descente en téléphérique le plus long au monde Les Ailes de Tatev (5.752 m)…

Richesses culinaires

Détruit en 1679 par un séisme, le temple grec de Garni domine une vallée aux étranges murailles volcaniques en tuyaux d’orgue. Ce temple de style ionique qui a fière allure fut reconstruit pour être à nouveau sur pied en 1976. Sur la route vers Erevan, d’autres témoignages s’admirent au cœur d’antiques vignobles aux vins originaux. Question de rappeler l’histoire plurimillénaire de cette boisson dans la région qui en est le berceau. C’est que par ici, l’accueil et la table sont importants… Les petits verres de vodka ou de brandy local précèderont, accompagneront ou termineront les plats locaux, mélanges d’Asie et d’Occident. Voici les khorovats (grillades et salades), les dolmas (légumes farcis par toutes sortes de viandes), le Lahmajoun (pizza arménienne)… Sans oublier le lavash, ce pain traditionnel cuit au four, dont on peut souvent admirer la fabrication ancestrale.

Mais s’il y a bien une nourriture plus spirituelle qui séduira le visiteur… c’est le plaisir d’écouter résonner l’âme et l’esprit de ce petit pays: la musique envoûtante du doudouk, ce haut-bois ancestral bercé de nostalgie qui transporte au paradis au-delà du mont Ararat. ●

En pratique

Quand y aller: Au printemps (avril-juin) et en automne.
Quels documents: Un passeport suffit. Les Tour-opérateurs belges Imagine Travel, 7 plus et BTtours proposent la destination.
Infos: https://destination-armenie.fr Toutes les régions n’étant pas sûres, vérifiez sur diplomatie.belgium.be avant de partir.

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