Et si Dr Google n’était pas notre ami ?
En cas de pépin de santé, près d’un tiers des patients belges cherchent des informations sur internet, afin d’essayer de poser eux-mêmes un diagnostic. Problème : pour une majorité de médecins, ce réflexe est susceptible d’entraver la relation de confiance entre soignants et patients. Et, in fine, de nuire à la qualité des soins.
C’est l’histoire d’une tache rouge sur l’épaule, a priori peu inquiétante mais persistante. Par curiosité, vous tapez sur Google « petite tache rouge sur l’épaule », histoire de voir ce dont il pourrait s’agir. Instantanément, le moteur de recherche déroule une quantité impressionnante de résultats, dont la lecture s’avère particulièrement stressante (*) : on y parle de purpura, de psoriasis, de zona, d’angiome, de « chose pas anodine », d’anomalie des vaisseaux sanguins. On y conseille des traitements homéopathiques, des remèdes naturels, tandis qu’un utilisateur de forum dit avoir utilisé tel ou tel médicament. Lorsque vous vous décidez à consulter votre médecin, vous avez déjà toute une série d’hypothèses à lui soumettre pour expliquer l’origine de cette tache, ainsi qu’un petit aperçu de traitements possibles. D’où une certaine méfiance lorsque le praticien vous explique que la tache est tout à fait bénigne et qu’elle partira d’elle-même...
Ceci a pour vous un air de déjà-vu ? Cela n’aurait rien d’étonnant : selon une étude commandée par l’entreprise pharmaceutique Bayer, lors de laquelle 227 médecins généralistes et spécialistes ont été interrogés, près d’un tiers des patients belges « laissent à Google le soin de poser un diagnostic avant de consulter un médecin« . Or, estiment la majorité des médecins, les informations disponibles en ligne ne sont souvent pas fiables et les patients ne sont souvent pas équipés pour distinguer le vrai du faux. » La toile regorge d’informations liées à la santé qui sont incomplètes, trompeuses, fausses voire malveillantes, estime ainsi le Dr Thierry Van der Schueren, secrétaire général de la Société scientifique de médecine générale (SSMG). Les situations les plus graves et les plus exceptionnelles sont diffusées partout sur la toile et ne sont d’aucune aide aux patients. Par contre, elles suscitent régulièrement angoisses et inquiétudes auprès des plus anxieux et des plus vulnérables. » Au final, presque 6 patients sur dix (58%) se présenteraient en consultation mal informés. Pour les spécialistes et généralistes interrogés, cette mauvaise information ne serait pas sans conséquence sur la prise en charge médicale, puisqu’elle peut entraver la confiance dans la relation médecin-patient.
Pour pallier à ce problème, plutôt que de conseiller de ne pas chercher de l’information soi-même en ligne, la solution pourrait passer par le référencement des sources d’information fiable. « En effet, explique Bayer, il y a aussi une pléthore de sites web avec de bonnes références médicales, comme les sites des associations de patients, d’associations professionnelles médicales ou paramédicales comme la SSMG (www.mongeneraliste.be), de l’industrie pharmaceutique, des autorités de santé, etc., mais le patient n’y est pas toujours dirigé en premier lieu quand il fait une recherche Google. » En attendant, une campagne de sensibilisation vient d’être lancée dans les salles d’attente du pays. L’objectif ? « Rappeler aux patients que la prudence est de mise, qu’il faut garder une attitude critique envers les informations disponibles sur internet et surtout ne pas hésiter à en parler avec son médecin. «
(*)Tout est vrai, nous avons fait l’exercice...
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